Le lundi 19 mars cinq demandeurs d'asile ont été expulsés vers l'Italie dans le cadre de la procédure Dublin. Les membres amiénois de RESF sont inquiets face selon eux au durcissement des méthodes d'expulsion.
Cinq demandeurs d'asile qui étaient accueillis dans un centre à Amiens, deux ont entre 38 et 40 ans et les trois autres plus jeunes ont été expulsés vers l'Italie le lundi 19 mars dans le cadre de la procédure Dublin. Car l'Italie est le premier état européen où ces cinq demandeurs d'asile sont entrés et où ils ont été contrôlés pour la première fois. Selon ce règlement dit "Dublin", leur demande d'asile doit être étudiée en Italie.
RESF s'inquiète des méthodes employées pour cette expulsion
« Les cinq demandeurs d'asile originaires de Guinée, du Soudan et du Cameroun sont arrivés à Amiens en août 2017. Ils ont été évacués par Emmaüs alors qu'ils se trouvaient dans le campement de fortune installé Porte de la Chapelle. Ils ont fait une demande d'asile et tous les jours, ils étaient convoqués à l'Hôtel de police, car ils étaient assignés à résidence. Ils sont arrivés en Europe via l'Italie et leurs empreintes ont été prises dans ce pays. Pour la plus part ils sont francophones, c'est pour cela qu'ils sont venus en France.» Indique Didier Cotrelle membre de RESF. « Les reconduites en Italie, il y en avait déjà, mais c'était toujours une ou deux personnes, un départ massif comme celui-ci, c'est une première » ajoute le membre de RESF.
Dans un communiqué de presse, la préfecture de la Somme indique « qu'ils ont été invités à retourner en Italie volontairement pour voir leur dossier examiné en droit ». Mais selon Didier Cotrelle aucun d'entre eux ne voulait repartir en Italie. En contact avec deux d'entre eux, le représentant de RESF raconte leur départ d'Amiens. « Ils ont été emmenés dans un bus à 7 heures du matin en direction de l'aéroport de Lille-Lesquin. Dans l'avion, il n'y avait aucun voyageur, c'était un avion affrété spécialement pour eux. Ils étaient accompagnés par sept policiers. L'un d'entre eux m'a dit qu'ils ont été violentés. Cela montre un changement des méthodes de reconduite qui est particulièrement inquiétant », ajoute le membre de RESF.
«Ils reviendront en France»
Selon RESF, les cinq personnes sont arrivées à l'aéroport de Bologne, des policiers ont pris leurs empreintes «et on leur a dit maintenant vous pouvez partir» indique Didier Cotrelle. «On ne leur a proposé ni hébergement, ni assistance, deux d'entre eux ont pris le train pour revenir en France, ils ont passé la nuit dans la gare de Milan.» rapporte Didier Cotrelle
Parmi les expulsés, un Guinéen avait été autorisé à déposé une demande d'asile en France par le tribunal administratif qui avait annulé sa reconduite en Italie pour raison de santé. Il avait contracté une maladie pulmonaire et il était suivi à l'hôpital sud. « Mais un deuxième jugement lui a été défavorable, il a été assigné à nouveau à résidence.» Le drame souligne Didier Cotrelle, «c'est que tant que ces personnes étaient à Amiens, ils bénéficiaient d'une aide et d'un toit, mais maintenant, s'ils reviennent en France ils n'auront plus rien et ils seront à la rue.»
La préfecture indique dans son communiqué de presse que dans le cadre de la procédure Dublin, « le transfert de vingt demandeurs d'asile présents dans la somme a déjà été réalisé au cours de l'année 2017.»
le communiqué de presse de la préfecture concernant l'expulsion des cinq demandeurs d'asile vers l'Italie.
communiqué de presse préfecture