Depuis le début de la canicule, des associations et des citoyens amiénois se mobilisent pour venir en aide aux personnes sans-abris. Ces distributions d’eau leur sont vitales pour faire face aux fortes chaleurs dans les rues de la capitale picarde.
Alors que le thermomètre frôle les 40 degrés, des dizaines de sans domicile fixe suffoquent dans les rues d’Amiens. Pour leur venir en aide, la Croix-Rouge organise depuis le 16 juillet et jusqu’à la fin de l’été des maraudes en plein après-midi.
Pendant plus de deux heures, une équipe de deux secouristes bénévoles, au minimum, va à la rencontre des sans-abris. "On leur donne de l’eau et on prodigue des soins pour des petits bobos, parfois accentués avec la chaleur", explique Paul Garbe, le secrétaire départemental de la Croix-Rouge dans la Somme. Pour l’occasion, deux palettes de bouteilles d’eau ont déjà été achetées par l’association, ainsi qu’un véhicule spécialement dédié à ces maraudes.
"La misère, c’est du 1er janvier au 31 décembre"
Serge Ducasse, son ami Kader et ses enfants ont eux aussi décidé de se mobiliser, à leur manière : "Samedi dernier, on a écumé le centre-ville, le quartier de la gare et aussi celui des 4 chênes", raconte-t-il. Au total : 218 bouteilles d’eau, qu’ils avaient eux-mêmes achetés, ont été distribuées aux personnes à la rue. "Avec un euro pour une bouteille, on peut vraiment leur faire plaisir."
Cette distribution improvisée est une initiative personnelle de ce chef d’équipe du service de l'Eau et de l'Assainissement de la métropole d’Amiens. Il regrette que l’on ne prête pas suffisamment attention aux personnes sans-abris pendant cette période de l’année : "L’été, on ne parle pas d’eux, mais la misère c’est du 1er janvier au 31 décembre."
Pas de point d’eau potable
Un constat partagé par Fabrice Catoire, président des Maraudes Citoyennes Picardes : "Les gens pensent à eux l’hiver, quand il fait froid, mais ils n’ont pas le réflexe de donner l'été". Pourtant, selon lui, les fortes chaleurs sont parfois plus dures à supporter pour les sans domicile fixe. "Le froid, ils savent s’en protéger. Quand il fait très chaud, nombreux sont obligés de faire la manche, mais ils n’ont pas toujours d’endroit où se mettre au frais".
Fabrice Catoire dénonce également l’absence de point d’eau potable officiel dans la capitale picarde : "Cela fait deux ans qu’on bataille avec la municipalité qui, jusqu’à présent, a refusé d’installer des points d’eau potable dans la ville."
"Le plus gros risque est la déshydratation"
Or, les besoins en boissons rafraîchissantes sont vitaux pour ces personnes particulièrement vulnérables. "Le corps ne résiste pas trois jours sans eau", assure Amina Selmi, bénévole de l’association. "Le plus gros risque est la déshydratation, mais ils peuvent aussi attraper une insolation et perdre l’appétit provoquant des malaises."
De l’eau, mais aussi des t-shirts, des casquettes voire des brumisateurs et de la crème solaire sont recherchés par l’association Maraudes Citoyennes Picardes qui organise des distributions chaque mercredi soir, dans la ville d’Amiens. Leur astuce pour inciter les personnes sans-abris à s’hydrater : "Il faut privilégier une eau parfumée ou agrémentée d’un sirop pour leur donner davantage envie de la boire", confie Fabrice Catoire.