Dès le 1ᵉʳ janvier, les tickets-restaurant ne devraient plus être utilisables en supermarchés, exceptés pour les plats préparés. Alors que les restaurateurs se réjouissent, les consommateurs s'inquiètent.
En ce jour de Saint-Sylvestre, l'heure est à la préparation des festivités. Les clients s'activent en supermarché pour acheter les derniers ingrédients dont ils ont besoin pour la soirée. Certains payent encore une partie de leurs courses en titres-restaurant. Pourtant, à partir du 1ᵉʳ janvier, ce n'est plus possible. Une dérogation à la loi a élargi en 2022 l'utilisation des titres-restaurant à tous les produits alimentaires en grande surface.
Avec la censure du budget à l'Assemblée, la mesure n'a pas été renouvelée en 2025. Une aubaine pour Paul Bodelle, un restaurateur qui espère attirer une clientèle supplémentaire : "Ça permettrait d'avoir plus de monde de sortie les soirs de semaine. Ce serait tout bénéfique pour nous. Tout ce qui permettrait aux gens d'aller plus souvent au restaurant est bon à prendre".
Les consommateurs inquiets
De leurs côtés, les clients s'inquiètent de voir cette possibilité disparaître. "Quand on a un nombre de tickets-restaurant assez élevé, si on ne peut plus les utiliser pour faire nos courses également, ça va poser un problème pour tout le monde. Autour de moi, les collègues sont très déçus de ce qui va se passer. Quand on voit l'augmentation des prix avec l'inflation, pour les gens, c'est devenu utile de pouvoir les utiliser pour les courses aussi du coup. J'espère que tout ça va changer parce que sinon ça ne va plus servir à rien", déplore une mère de famille.
C'est pour les plus petits revenus que c'est le plus inquiétant. Ce jeune travailleur craint que son pouvoir d'achat ne soit trop impacté : "La vie coûte de plus en plus cher et on a de plus en plus de mal à financer notre alimentation. Les tickets-restaurant, c'est une aide qui nous permet de financer des courses à hauteur de 25 € par jour et ce n'est rien. Le sachant, je vais faire un peu plus attention, mais je trouve ça dommage parce que l'utilisation principale de ma carte ticket-restaurant, c'était des courses".
Les supermarchés frileux
Seuls les produits transformés peuvent encore être achetés avec des titres-restaurant. Pourtant, dans la région amiénoise, au moins 3 supermarchés maintiennent les règles de paiements en vigueur en 2024, comme l'explique Vincent Valibouse, directeur de supermarché : "À partir de jeudi, on continuera à accepter les tickets-restaurant pour tout ce qui est alimentaire".
Je ne voyais pas trop l'intérêt.
Vincent Valibouse, directeur de supermarché à Longueau
Il mise sur une nouvelle disposition légale, dès la reprise de la session parlementaire le 15 janvier dernier : "On pense qu'il y a quand même plus de 90 % de chance pour que la loi soit prolongée, donc on ne voit pas l'intérêt de faire machine arrière. Je pense que les services de l'État seront relativement indulgents du fait que le délai de 15 jours est dû au changement de gouvernement. S'il avait fallu faire le changement, on aurait dû faire des mises à jour sur les caisses pour faire machine arrière sur tous les produits qui étaient éligibles".
Le directeur de magasin préfère attendre d'en savoir plus avant d'enclencher des démarches chronophages : "Il aurait fallu que le personnel réexplique aux clients pourquoi on acceptait plus les tickets-restaurant pour tout ce qui est alimentaire. S'il faut tout leur réexpliquer pendant quinze jours pour, en fait, les autoriser de nouveau à partir du 15 janvier, je ne voyais pas trop l'intérêt".
Cette décision n'engage pas les autres enseignes, qui doivent se positionner au cas par cas. Seule certitude, le plafond quotidien de 25 € passe bien à 19 € en grande surface en 2025.
Avec Anthony Halpern / FTV