Football : il y a 20 ans, le parcours incroyable de l'Amiens SC jusqu'en finale de la Coupe de France

En 2001, l'Amiens SC, qui évolue alors en National, parvient à se hisser jusqu'en finale de la Coupe de France. Face à Strasbourg, club de première division, l'équipe amiénoise finit par s'incliner, après un combat acharné qui l'a menée jusqu'aux tirs au but. 

2001. Cette année-là, Gilles de Robien est réélu pour un troisième mandat à la mairie d'Amiens, de grosses inondations ravagent la vallée de la Somme, et la Picarde Elodie Gossuin est miss France.

De son côté, l'Amiens SC fête ses 100 ans d'existence et se bat pour remonter en ligue 2, division que le club a quitté la saison précédente. La pression est grande et l'entraîneur Denis Troch arrive directement du Paris Saint-Germain pour redresser la barre. 

2001, une année de défis

"L'équipe était en pleine reconstruction à l'époque, on venait de descendre en National, Denis Troch arrive et quand l'entraienment reprend fin juin, début juillet 2000, il reste une quinzaine de joueurs seulement, c'est le vide, tout le monde est parti..., se souvient Lionel Herbet, ancien journaliste du Courrier Picard qui a suivi de près cette saison. Comment imaginer que cette équipe va s'illustrer par la suite ?"

C'est sans compter sur la volonté de fer et la persévérance de Denis Troch, qui voit là un beau défi sportif à relever. "Cette année-là, je n'ai pas du tout du tout décompressé, j'étais à bloc du début à la fin, raconte-t-il. On avait des matchs quasiment tous les trois jours, et autour de moi je sentais les gens heureux, mais moi je n'arrivais pas à me détendre. Il fallait tenir, tenir, tenir, c'était le leitmotiv. Tenir et aller au bout de trois compétitions." Trois compétitions à mener de front sans fatiguer : le championnat de National, la coupe de la Ligue, et la Coupe de France. 

Il y avait une volonté dans ce groupe de se sublimer, de réaliser des exploits.

Ancien journaliste au Courrier Picard.

Le championnat se passe bien. Les résultats de la Coupe de la Ligue sont honorables : le club s'est hissé jusqu'en quart de finale, plus haut qu'il ne l'avait jamais été. Mais c'est souvent en Coupe de France que les "petits clubs" ont une chance de s'illustrer. Cette année-là, l'ASC deviendra en effet le petit poucet de la compétition. Non sans difficulté : contre Beauvais, les Amiénois attendent la 90ème minute pour marquer. Contre Lambres-lez-Douai, pourtant en division inférieure, ils ne s'imposeront qu'à la 76ème. Face à Rennes, club de ligue 1, le résultat sera plus impressionnant : victoire 3 buts à 1. 

Lionel Herbet décrit un groupe solide et soudé, autour du "chef de bande" Denis Troch. "Il n'y avait pas de vedette dans l'équipe, c'était des joueurs qui s'arrachaient pour leur entraineur et pour le club, il y avait une volonté dans ce groupe de se sublimer, de réaliser des exploits."

Le petit poucet déterminé de la Coupe de France

C'est vrai, les Amiénois ne lâchent rien. Contre Le Mans en huitième de finale et contre Troyes en demi-finale, ils arracheront les victoires aux tirs au but. Et les voilà arrivés en finale de la Coupe de France, pour la première fois de l'histoire du club. Un parcours exceptionnel que beaucoup attribuent aux qualités de l'entraîneur. "Denis la malice, il était plus mentaliste qu'entraîneur !, plaisante Rachid Touazi, adjoint au chef du service des sports du Courrier PicardIl était un peu avant-gardiste au niveau de l'approche mentale et psychologique de l'équipe. (...) Ils ont fait dix matches, et sur les dix matchs, ils n'ont pris que deux buts !"

Ajoutez à cela un esprit de corps entre les joueurs et les supporters, et voilà la recette de la réussite. Arnaud Louvel, supporter du club, avait 25 ans à l'époque. Il se souvient de la proximité. "Avant, on venait aux entrainements, on discutait facilement avec les joueurs, on restait un peu avec eux... Maintenant c'est toujours à huis-clos, on peut plus avoir la même proximité..." Rachid Touazi confirme : "c'est un football qui n'existe plus, un football de proximité. Il y avait de la chaleur humaine.

20 000 Amiénois au stade de France

Le 26 mai 2001, c'est toute la Picardie qui est derrière le club. Les supporters se pressent dans les bars de la place du Don ou au stade de la Licorne, où le match est restransmis. Ils sont des milliers à rêver de voir leur équipe soulever la Coupe de France. "Le jour de la finale, il y a eu 186 000 demandes pour aller au stade de France, rappelle Rachid Touazi. Un virage tout en blanc, 20 000 personnes !" Arnaud Louvel y était et en garde un souvenir impérissable. "C'était un peu notre finale de coupe du monde à nous, à notre échelle. 20 000 supporters amiénois au stade de France qui se lèvent comme un seul homme pour accueillir les joueurs, c'était magnifique. "

Sur la pelouse du stade mythique, les Amiénois doivent affronter Strasbourg, qui évolue en Ligue 1. La pression est immense. Pris de crampes à la cuisse, l'attaquant Jean-François Rivière déclare forfait quelques minutes avant le début du match. L'équipe essaie quand même, mais cette fois-ci, il n'y aura pas d'exploit. 

Strasbourg arrache la victoire et sonne la fin de l'épopée amiénoise

"Ce match était pourri, il faut être clair, c'était pas une grande finale", admet Rachid Touazi. Le gardien Julien Lachuer est efficace mais l'attaque amiénoise ne l'est pas autant, et le score reste nul jusqu'à la fin du temps additionnel. C'est aux tirs au but que tout va se jouer. Un tour, deux tours, trois tours, les deux équipes sont toujours à égalité. Jean-Paul Abalo s'avance pour le quatrième. Face à lui, c'est l'international paraguayen José Luis Chilavert qui garde le but. Abalo manque son tir et Chilavert l'arrête. Puis Chilavert sort de son rôle de gardien pour tirer à son tour, et marque. C'est fini pour Amiens : Strasbourg remporte la Coupe de France 2001. 

"J'ai une image qui me reste, c'est l'arbitre qui vient consoler Lachuer quelques minutes après le match... c'est rare. un arbitre qui vient consoler un joueur, on a jamais vu ça", se souvient Lionel Herbet. Mais finalement, de ce match, personne ne retiendra la défaite. Le parcours était assez beau pour rester dans les esprits. 

"Une des plus belles saisons de ma vie"

"Pour les Amiénois, cette saison, c'était une ouverture pour le "pourquoi pas nous ?", estime Denis Troch aujourd'hui. Le fait d'être remonté en Ligue 2, d'être allés au finale, ça a amené les Amiénois à croire en eux, à coire en leur équipe et leur potentiel." L'entraîneur qui était habitué des clubs de Ligue 1 a su transformer l'équipe amiénoise. "L'objectif à atteindre était difficile mais tellement beau que j'ai osé, et je ne regretterais jamais car c'était une des plus belles saisons de ma vie."

Les supporters qui ont connu cette époque garde en eux les émotions inoubliables de cette soirée. "Être au stade de France c'est déjà un moment unique, pour voir son club, tous en blanc, tous à chanter "allez Amiens"... c'est des frissons, c'est magnifique", confie Arnaud Louvel. Des frissons si intenses qu'il les compare à ceux de 2017, quand le club est monté en Ligue 1, pour la première fois de son histoire. 
 

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