Les Français, vont-ils passer les fêtes sans foie gras ? C'est la crainte des éleveurs de volailles cette année. Conséquence de la grippe aviaire qui a décimé une importante partie des canards sur le territoire.
"D’habitude sur ma devanture, il y a du rôti, des canards, du pâté, des cuisses confites… Tout plein de bonnes choses". À Paillart dans l’Oise, Delphine Mahieux est éleveuse de volailles et productrice de foie gras.
À cette période de l’année, elle gave en temps normal près de 800 canards. Mais cette fois, son fournisseur habituel n’a pas pu la fournir, conséquence de l'épidémie de grippe aviaire qui touche les éleveurs français.
Cette année, je n’ai pas du tout eu de canards. J’ai essayé de trouver d’autres couveurs, mais ils ont eux-mêmes leurs propres clients, donc c’est difficile de s’incruster.
Delphine Mahieux, éleveuse de volailles et productrice de foie gras.
Dès le mois de mars, Delphine Mahieux savait qu'elle n'aurait pas de foie gras en vitrine pour les fêtes.
"Je refuse régulièrement des commandes tous les jours. C’est ma grosse perte de cette année, un petit peu difficile, car ça représente la moitié de mon chiffre d’affaires, déplore-t-elle, il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps parce qu’on sent déjà bien le manque de trésorerie".
Une pénurie de canards
À Flesselles dans la Somme, les producteurs présents lors du traditionnel marché au foie gras sont eux aussi impactés par les cas de grippe aviaire, de plus en plus nombreux dans la région.
Sur place, ils écoulent leurs derniers stocks. "Il n’y en aura pas pour tout le monde, admet Xavier Lamy, éleveur de canards et producteur de foie gras, je pense qu’on n’ira pas jusqu’au 31 décembre au niveau des ventes, on n’est pas sûr d’avoir des canards".
Pour le début de l’année prochaine, je n’ai pas de plan B, je vais devoir fermer, il n’y a plus de canards sur le marché.
Xavier Lamy, producteur de canards.
En 3 mois, plus de 700 000 volailles ont été abattues. Soit 90 % de la population de canards reproducteurs décimés. Alors, pour faire face, les producteurs s’adaptent. "La première chose qu’on a faite, c’est d’arrêter la vente de foie gras cru, pour pouvoir avoir suffisamment de foie, de marchandise pour faire nos verrines, nos semi-conserves et nos foies gras au torchon", explique Joël Wissart, lui aussi producteur.
Une solution qui lui permet encore de garnir ses étales. Xavier Lamy a dû, lui, augmenter ses prix de 10 %.
Pour les principaux syndicats de professionnels, un retour à la normale n'est pas prévu avant juin 2023.