De nombreux patients se pressent dans les cabinets médicaux et les pharmacies pour des symptômes grippaux ; le pic épidémique est là. Médecins et pharmaciens rappellent qu'il est important de respecter les gestes barrières et que l'on peut toujours se faire vacciner.
Fièvre, courbatures... L'épidémie de grippe est bel et bien arrivée. Chez SOS Médecins, à l'espace santé Maurice Ravel, situé à Amiens Nord, de nombreuses personnes attendent leur tour, en ce premier samedi de janvier 2025. Beaucoup d'entre elles viennent consulter pour des symptômes grippaux.
"On est effectivement accaparés par la grippe"
André Sauvignon, médecin généraliste, estime "qu'on est au pic, voire la fin du pic". Mais cela ne signifie pas la fin de l'épidémie. "On est à la moitié de l'épidémie. Sur le réseau Sentinelles, ça semble être plus ou moins le cas. Il y a des disparités en France, la carte n'est pas rouge partout".
Selon lui, celle-ci devrait encore durer trois semaines : "on a vu monter cette épidémie avec des tests qui commençaient à virer doucement, c'était il y a trois semaines. La dernière semaine, il y avait une importante recrudescence des patients grippés". La plupart d'entre eux affirment être courbaturés et, pour André Sauvignon, "rien que ça, c'est un diagnostic clinique".
Même constat pour Jean-Paul Landrieu, pharmacien à Amiens : "en ce moment, on a beaucoup d'activité, il y a quand même beaucoup de malades, pas mal de cas de grippes avérés avec des tests positifs".
SOS Médecins se déplace beaucoup pour des personnes âgées grippées, notamment en maisons de retraite. "Parfois, le test ne vire pas, mais ça ne veut pas dire que ce n'est pas une grippe ou un Covid, il y a parfois un manque de sensibilité des tests", détaille le médecin généraliste.
Les tests antigéniques ont tout de même un intérêt "pour faire la part des choses" entre un syndrome grippal (quand une personne ne tousse pas et se trouve courbaturée) et "une infection urinaire", par exemple : "c'est intéressant d'avoir un panel de tests antigéniques, y compris des tests urinaires".
Les gens, s’ils sont grippés et n’ont pas de pathologie particulière, doivent prendre du paracétamol. Pas d’aspirine, pas d’ibuprofène. Et ils doivent consulter leur médecin traitant, SOS médecins ou tout médecin, si ça ne va pas.
André Sauvignon, médecin généraliste
"Un mélange de facteurs"
Plusieurs facteurs expliquent la hausse du nombre de cas grippaux. D'abord, "qui dit vacances, dit regroupements familiaux, dit absence de médecins traitants". André Sauvignon nuance tout de même et parle de "biais d'observation" : leurs locaux connaissent plus d'affluence parce que beaucoup de médecins traitants sont en vacances.
Néanmoins, "globalement [les médecins traitants] seraient débordés aussi, et [ceux qui ne sont pas en congés] le sont". Il n'en reste pas moins que le centre de santé "a beaucoup plus de demandes que d'habitude, c'est indéniable". De son côté, Jean-Paul Landrieu se dit "débordé" notamment à cause des vacances et "des collègues en vacances".
Aux dernières nouvelles, au niveau national, on a 9 cas de Covid pour 100 000 habitants, alors qu’on est à 400 ou 600 cas de grippe pour 100 000 habitants.
André Sauvignon, médecin généraliste
André Sauvignon souligne aussi un relâchement et un retour à l'état normal depuis la levée des restrictions sanitaires liées au Covid-19. "Dans nos sociétés, en Europe, on n'est pas comme dans d'autres sociétés, où ils mettent les masques, comme on voit en Asie du Sud-Est, avec la Corée ou le Japon, dès qu'ils toussent".
Il appelle donc à la prudence et note que si la grippe peut être moins sévère chez un jeune sans comorbidité, elle reste tout de même une maladie à risque chez les séniors. "Donc si vous êtes grippés, mettez un masque chez vous, si vous y habitez. Si vous n'y habitez pas, n'allez pas rendre visite aux grands-parents", conseille-t-il.
Il n'est pas trop tard pour se faire vacciner
Un autre message important pour le médecin : que les gens prennent conscience qu'il faut mettre un masque en se rendant chez SOS Médecins quand on tousse, et même quand on ne tousse pas, car "le mettre, c'est aussi pour se protéger". Étant en pleine épidémie, les patients "viennent pour une entorse de cheville, puis ils vont se retrouver avec une grippe. Donc c'est important de prendre ce réflexe-là, pour maintenant et pour le futur".
Parce que s'il y a bien un "effet bénéfique de la pandémie de Covid", c'est la prise de conscience que des mesures simples peuvent aboutir à moins de grippe et moins d'infections (comme la bronchiolite, VRS) qui se transmettent par aérosol. C'est pourquoi il faut continuer à les pratiquer.
Si l'épidémie dure ou qu'il y a un autre pic d'épidémie, il faut se faire vacciner.
Jean-Paul Landrieu, pharmacien
D'ailleurs, il n'est "théoriquement" pas trop tard pour se faire vacciner, d'autant plus que l'épidémie s'étend encore sur les trois prochaines semaines, voire le prochain mois. "On peut se faire vacciner, mais il ne faut pas être malade au moment où on le fait, et il ne faut pas être en contact non plus" avec des personnes malades.
Et si certaines personnes se réveillent "un peu tard" pour avoir leur dose de vaccin contre la grippe, Jean-Paul Landrieu se veut rassurant : ils seront vaccinés malgré tout. En effet, "mieux vaut tard que pas du tout", même si le vaccin ne sera efficace que dans une quinzaine de jours.
À partir de lundi, il faudra prendre rendez-vous avant de se rendre à l'espace Maurice Ravel pour une consultation médicale.
Avec Narjis El Asraoui-Mara / FTV