Le 27 novembre 2005, il y a quinze ans tout juste, l'équipe de chirurgie maxillo-faciale du professeur Devauchelle du CHU d'Amiens réalisait une première mondiale en accomplissant une greffe partielle de visage.
À l'époque, son visage avait fait le tour des médias. Isabelle Dinoire est la première femme à recevoir une transplantation partielle du visage. L'exploit a été accompli le 27 novembre 2005 par l'équipe de chirurgie maxillo-faciale du professeur Devauchelle du CHU d'Amiens.
Le professeur réalise une première mondiale en greffant une partie de visage sur la face de cette patiente, défigurée après une tentative de suicide et les morsures de son chien. La greffe concernait le nez, les lèvres et le menton de la patiente.
Isabelle Dinoire, décédée le 22 avril 2016, était âgée de 38 ans lors de l'intervention. À l'époque, elle réagit bien à la greffe. Après des mois de rééducation, elle retrouve une vie sociale, et surtout, s'adapte à son nouveau visage.
La prouesse est saluée, mais aussi parfois critiquée. Une partie du monde médical s'interroge sur les implications éthiques et psychologiques de la greffe de visage. Ont-elles bien été prises en compte ? "Je ne fais pas de chirurgie virtuelle, nous sommes là pour soigner des malades en souffrance" se défendait alors le professeur Devauchelle.
La première greffe totale en 2010
Quinze ans plus tard, la médecine a progressé. Le professeur Devauchelle a ouvert la voie à de nombreuses autres interventions. La deuxième greffe partielle du visage est réalisée en 2006 en Chine sur un homme qui avait été défiguré par un ours. La troisième est réalisée à nouveau en France, au CHU Henri-Mondor de Créteil sur un jeune homme qui souffre d'une maladie incurable qui lui déforme le visage.
Il faut attendre finalement 2010, pour qu'une équipe de chirurgie réalise la première greffe totale. L'intervention inédite est effectuée à l'hôpital Vall d'Hebron de Barcelone sur un homme qui avait perdu son visage lors d'un accident. Ainsi, la peau, la mâchoire, le menton, le nez, les joues, les dents et les muscles ont été refaits.
Depuis cette première mondiale à Amiens, il y a 15 ans, Bernard Devauchelle œuvre à la création d'un institut dédié à la défiguration. Les travaux ont démarré récemment, l'institut Faire Faces verra le jour fin 2021. Il réunira des chercheurs, issus de disciplines et de cultures différentes, qui travailleront autour de cet objet de recherche afin d'améliorer la prise en charge des patients.