La momie Setjaimengaou et ses deux sarcophages exposés au musée de Picardie à Amiens partent en restauration durant six mois. Une première pour cette relique d'environ 2680 ans acquise par le musée en 1839.
Le grand départ avait lieu mercredi 2 février. La momie Setjaimengaou et ses deux sarcophages exposés au musée de Picardie à Amiens vont enfin pouvoir bénéficier d'un check-up complet. Une première pour cette vieille dame âgée de 2680 ans depuis son acquisition par le musée en 1839.
Pour les équipes, ce déplacement demandait ainsi beaucoup de préparation et d'attention. "Il faut bien observer les objets, savoir par quel endroit on va pouvoir les prendre pour limiter au maximum les risques. C'est aussi savoir se laisser du temps quand on est sur ce genre d'opération pour ne pas se rajouter de pression supplémentaire, explique Bénédicte Rochet, régisseur des œuvres au Musée de Picardie. Sur ces sarcophages, les bois sont très anciens, certains sont déjà en mouvement donc on essaye d'observer s'il y a des zones de fissures et puis ensuite, on va regarder la couche picturale, vérifier si on a des problématiques d'écaillage ou de soulèvement pour limiter les points de contacts à ces endroits-là."
Un grand dépoussiérage et des radiographies à Versailles
Une fois retirée de sa vitrine, direction le centre de recherches et de restauration des musées de France à Versailles avec qui le musée de Picardie a déjà travaillé notamment pour la restauration du sarcophage de Neskafâa et des puys d'Amiens.
"Au moment du chantier de rénovation du musée, entre 2017 et 2019, nous avons une équipe de restaurateurs qui a fait un certain nombre d'observations et de constats et qui nous a conseillé de mener une campagne de restauration sur ces éléments. C'est un ensemble tellement fragile qu'on ne pouvait pas imaginer le faire correctement au musée et c'est pour cela qu'on a pris la décision de l'envoyer à Versailles", indique Laure Dalon, la directrice du musée.
Elle y restera six mois le temps d'effectuer un grand dépoussiérage et des radiographies par infrarouge afin de déceler de possibles nouveaux points de fragilité. Une opération estimée entre 60 000 et 70 000 euros.
L'un des objets les plus emblématiques du musée
Acquise auprès d'un marchand de curiosités par les antiquaires de Picardie en 1839, la momie comprenait alors deux sarcophages qui s'emboîtent l'un dans l'autre. Ceci étant, rien n'atteste que ce sont bien ceux de cette momie.
Une radiographie réalisée au CHU d'Amiens en 1994 a permis de déterminer qu'il s'agissait d'une femme de 40 ans qui mesurait 1m75 et qui avait eu plusieurs enfants. "C'est tout ce que l'on sait d'elle finalement, confie Laure Dalon. On lui attribue ce nom Setjaimengaou parce que c'était celui qui était inscrit sur l'un des sarcophages."
Au musée de Picardie, la momie figure parmi les objets les plus emblématiques. À part pour sa radiographie en 1994 et lors des travaux du musée, elle n'a jamais été déplacée. Au départ, la momie était exposée au rez-de-chaussée. Elle a été déplacée au sous-sol, dans un endroit un peu plus sombre, pour être protégée des effets nocifs de la lumière.
En attendant son retour à Amiens, d’autres fragments de restes humains égyptiens très rares vont être exposés. Au fil des mois et des années à venir, la présentation des collections égyptiennes va être progressivement repensée pour le visiteur afin que les objets soient davantage mis en valeur.