À l’occasion de la journée internationale de lutte contre le VIH, un show unique est présenté, ce vendredi 1er décembre, dans un bar d’Amiens, par des artistes drag queens, Les fonds récoltés seront reversés au Sidaction.
La grande soirée du Sidragtion, un show unique en plein cœur d’Amiens, se prépare depuis de longs mois. À l’initiative de ce spectacle haut en couleur, Abyce, drag queen amiénoise. "Onze drags queens, drags kings et drags queers vont présenter des performances en playback avec danse, humour, burlesque et striptease", annonce Abyce, fondatrice du mouvement Sidragtion à Amiens. Des drags d’Amiens, de Paris et de Poitiers, mais aussi une danseuse de hip-hop ont fait le déplacement pour participer au spectacle qui se déroule dans le bar Les enfants terribles du quartier de Saint-Leu, à partir de 20h30. Un show ouvert à tous, avec entrée gratuite.
Ces soirées-là sont intéressantes parce que nos performances attirent du monde.
Abyce, drag queen amiénoise
Cet évènement caritatif permet de faire un appel aux dons, au profit de la recherche sur le sida et de la sensibilisation à la maladie. Une première à Amiens sous cette forme. "Nous avions organisé une récolte de fonds en mars pour le Sidaction, dans la rue, à la rencontre des gens. Nous avions récolté 370 € à quatre. Nous participons aussi à des évènements où nous faisons des shows au profit d’associations, comme l’Unef par exemple pour lutter contre la précarité étudiante. Ces soirées-là sont intéressantes parce que nos performances attirent du monde", explique Abyce. Cette fois-ci, le rendez-vous est d’autant plus important pour la communauté drags, qu’il permet de sensibiliser à double titre. "C’est l’occasion pour nous de mettre en avant l’art queer, de sensibiliser les gens à notre mouvement et de récolter des fonds pour le Sidaction", explique Abyce.
L’objectif est de s’amuser mais aussi de lutter contre le déterminisme de genre
Abyce, drag queen
Lorsque Abyce incarne le personnage d'une femme extravagante, c’est pour faire la fête, mais aussi, dénoncer les diktats de la société. "Nous nous approprions les codes d’un genre. Les drags queens prennent l’apparence de femmes tandis que les drags kings se muent en hommes. Les drags queers, c’est plutôt une sorte de créature entre les deux sexes ou sans genre établi. Nous surjouons nos personnages. L’objectif est de s’amuser, mais aussi de lutter contre le déterminisme de genre qui impose à chacun d’être une femme ou un homme avec des attributs et des missions."
Nous sommes les porte-drapeaux de la communauté LGBT. Les trans et les drags sont un symbole de la lutte contre la discrimination des gays
Abyce, drag queen activiste
Cet étudiant de 21 ans, drag queen depuis quatre ans, créé le Sidragtion à Amiens en 2022, un mouvement drag, lancé à Paris en 2016. L’initiative est rapidement reprise et s’étend à d’autres villes françaises. Pour la communauté, ces shows permettent de mettre en lumière leur mouvement pour lutter contre les discriminations. "Nous voulons faire passer un message de tolérance. Nous avons peu de visibilité dans la société. Nous nous faisons parfois agresser dans la rue. Je me suis déjà fait agresser par des collégiens dans un bus et volé mes affaires violemment dans la rue, simplement parce que j’avais laissé une sous-perruque sur ma tête. Quand je sors, je porte toujours des baskets où cas où je doive courir pour m’enfuir. Nous voulons dire que la rue est à tout le monde", témoigne Abyce.
Pour la drag queen activiste, ces spectacles sont aussi l’occasion de faire passer des messages politiques. "Nous sommes les porte-drapeaux de la communauté LGBT. Les trans et les drags sont un symbole de la lutte contre la discrimination des gays. Notre but est de rappeler notre histoire. Nous avons été envoyés dans les camps de concentration parce que nous étions homosexuels, nous avons été battus à mort pendant des siècles. Le sida fait partie aussi de la discrimination dont on a été victimes. Au début de la maladie, beaucoup de gays mourraient et la société s’en foutait. Ça l’arrangeait bien d’ailleurs. Même si cette histoire a évolué, c’est important de continuer à combattre pour nos droits et surtout par respect pour tous ceux qui sont morts dans l’ignorance."
Les artistes drags espèrent récolter au moins 100 € pendant le show. Une somme qui sera ensuite reversée au Sidaction.