Lumières de Livres est un festival qui se tient du 4 au 5 octobre dans les plus beaux lieux de la ville d'Amiens. Le thème retenu : "Devoir de Mémoire". Rencontre avec Yacoub Abdellatif, directeur artistique de ce premier rendez-vous littéraire amiénois. Un visage bien connu des amateurs de musiques du monde pour Voyage au cœur de l’été qui fêtait ses vingt années d’existence cette année, et draine un public nombreux chaque année au mois de juillet.
"La mémoire est une richesse à transmettre, elle n’est pas un fardeau", pour Yacoub Abdellattif, attaché culturel de la ville d’Amiens et cheville ouvrière de cette manifestation inédite, qui doit rassembler près d’une soixantaine d’auteurs de tous horizons. "L’idée, c’est d’investir, les hauts lieux de la République à l’occasion de ce premier festival : le musée de Picardie, le cloître Dewailly, l’Hôtel des Feuillants, la préfecture de la Somme, la bibliothèque Louis Aragon ou la citadelle. Notre ville est dotée de magnifiques monuments historiques et je suis heureux qu’ils s’ouvrent aux auteurs et aux visiteurs, car ils sont notre patrimoine commun, comme les livres", nous explique-t-il.
L’organisateur est bien connu de la scène culturelle amiénoise et des milliers de spectateurs qui assistent chaque été, au mois de juillet, à Voyage au cœur de l'été, au cloître Dewailly, à Amiens. Un festival qu’il a créé il y a 20 ans, dédié aux musiques du monde, et qui a accueilli plus de 9 000 personnes cette année.
"Il était temps de combler un vide"
Dans une ville de plus de 133 000 habitants et dont la population est plutôt jeune de surcroît, il manquait un grand rendez-vous littéraire. "La ville et la métropole sont à 100% de mon côté, ils soutiennent complètement ce projet au budget relativement modeste : 23 000 euros. Une somme qui couvre tout juste les frais d’hôtels, les dépliants, les barnums chauffés, les billets de train", précise Yacoub Abdellatif. "Pour faire venir les auteurs, il a fallu faire jouer le relationnel", ajoute-t-il. Un univers que l’organisateur de la 1ʳᵉ édition de Lumières de Livres connaît bien, puisqu’il est lui-même auteur de pièces de théâtre. "C’est une nouvelle aventure qui débute. Une grande aventure j’espère. Réussissons cette première édition et ce festival deviendra grand. En tout cas, la ville a la volonté de faire perdurer ce rendez-vous littéraire dans le temps."
Rencontres, dédicaces et conférences
"Plus que jamais, dans cette période compliquée, nous avons besoin de repères. Et les livres sont un peu les phares nécessaires à notre survie psychique", nous dit Yacoub Abdellatif.
Parmi les écrivains invités, on compte de nombreux auteurs régionaux. Au rang desquels Philippe Lacoche, journaliste, écrivain et parolier, né dans l’Aisne, et longtemps journaliste au Courrier Picard. Le public pourra aussi échanger avec Gilles Touati, chirurgien cardio-vasculaire au CHU Amiens-Picardie et auteur de la Vallée des Térébinthes. Et puis les visiteurs pourront aussi se faire dédicacer les derniers livres de leurs romanciers favoris. Comme Abdoulaye Kanté, auteur de Policier, Enfant de la République paru chez Fayard. Un témoignage sur son parcours d’homme noir et musulman au sein de la police. Une rencontre avec lui est prévue le samedi après-midi à la préfecture de la Somme. "Mais les jeunes, lecteurs ou futurs lecteurs, ne sont pas oubliés, ajoute Yacoub Adellatif. Une classe entière du lycée professionnel Romain Rolland sera mobilisée pour accueillir et conduire les auteurs. Une proximité qui ne peut que leur être profitable. Et puis, les jeunes adhérents du centre social et interculturel ALCO feront une lecture de texte, vendredi 4 octobre, à 20 heures 30, au cloître Dewailly."
Le cloître Dewailly : au cœur de Lumières de Livres
Le premier festival littéraire de la ville d’Amiens ouvre ses portes vendredi à 10 heures, en présence d’une soixantaine d’auteurs répartis dans les salles du cloître Dewailly. "Des barnums, disposés dans la cour du cloître, serviront aux ateliers d’écriture", précise Yacoub Adellatif. Un événement dont l’entrée est non payante.
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Le festival fermera ses portes samedi à 17 heures 30 et doit se clôturer à la Comédie de Picardie à partir de 19 heures, avec une conférence lecture de l’enseignante amiénoise Zedjiga Abdelkrim. Cette spécialiste d’Albert Camus est associée à la prestigieuse collection de la Pléiade pour sa fine connaissance de l’écrivain, né en Algérie. "Sans espérance, on n’obtient jamais l’immortalité", conclut Yacoub Adellatif, tête pensante de ce tout nouveau festival en Picardie. "Et justement, les livres, la lecture, nous rendent éternels, en ce sens qu’ils suspendent le temps et ses pesanteurs."
