Les salariés de l'usine amiénoise Metex dans l'attente d'un repreneur, le groupe Avril a déposé une offre

Les 280 salariés de l'usine Metex Noovistago d'Amiens attendent de pied ferme l'annonce du repreneur du site. Repoussée déjà deux fois, la date limite de remise des offres de reprise a été fixée à ce lundi 3 juin 2024. Le groupe Avril annonce avoir déposé une offre.

C'est le jour J pour les salariés du site amiénois de Metex Noovistago. Ce lundi 3 juin 2024, doit être annoncé le nom du repreneur de l'usine de production de lysine - la seule en Europe - placée en redressement judiciaire le 20 mars dernier.

La lysine, acide aminé utilisé pour l'alimentation animale, est fabriqué à partir de sucre européen, qui connaît une flambée des prix depuis 2022. L'entreprise est par ailleurs pénalisée par la concurrence chinoise.

Le groupe Avril dépose une offre

Ce lundi 3 juin, en fin de matinée, le groupe agroalimentaire Avril, connu pour ses huiles Puget et Lesieur, a annoncé avoir déposé une offre. Le tribunal de commerce de Paris doit maintenant rendre sa décision.

"Cette offre associe, aux côtés d'Avril, le fonds d'investissement Sociétés de Projets industriels (SPI), géré par Bpifrance pour compte de l'État dans le cadre de France 2030. Elle a également été construite grâce au soutien de la Région Hauts-de-France et d'Amiens Métropole", indique le groupe dans son communiqué.

Avril précise avoir déposé une offre pour la reprise de l’activité de l’usine Metex d'Amiens, ainsi qu’une partie des activités commerciales localisées à Paris et des activités R&D. Au total, 304 emplois sont concernés par l'offre de reprise d'Avril. 

"Un grand ouf pour tous les salariés"

Une partie des 280 salariés du site amiénois, au chômage partiel depuis janvier, s'est rassemblée lundi matin devant l'usine.

"C'est une très bonne nouvelle pour nous. [...] Les jours à venir vont être déterminants, mais je suis optimiste pour la suite", a déclaré Samir Benhyahya, délégué CFDT chez Metex Noovistago. 

"On attendait ce jour depuis des semaines. On attend de voir les détails, mais on est extrêmement contents pour la sauvegarde des emplois. [...] C'est un grand ouf pour tous les salariés", a réagi Alexandra Miroslav, déléguée CFDT, lundi matin après l'annonce d'Avril.

"On a une réunion avec les administrateurs judiciaires ce soir, donc on va voir l'ensemble du détail de l'offre. Comme dans toute offre, il y a des conditions. À voir si ce sont de grosses conditions ou si ce sont des détails ou des paramètres à régler. Mais la première barrière est franchie", a ajouté Vanessa Thuillier, salariée syndiquée CFDT.

"Les ouvriers ont gagné"

Depuis un an, le député insoumis, François Ruffin, apporte son soutien aux salariés de Metex qu'il a rencontrés une quinzaine de fois. Présent sur le site lundi, il s'est dit confiant quant à la validation de l'offre par le tribunal. "Je considère que ce site va être sauvé. [...] Il y a du sourire et du soulagement et c'est rare que dans l'industrie picarde, on ressente ça", a-t-il souligné. 

"À la fin, on a gagné, les ouvriers ont gagné parce que, pendant un an, d'abord dans le calme, puis de manière déterminée, ils ont montré qu'ils voulaient sauver leur usine et on a réussi à sauver cette usine", a ajouté le président de Picardie debout !.

Manon Aubry, candidate La France insoumise aux élections européennes, s'est également rendu sur le site amiénois ce lundi. Elle a dénoncé une "concurrence déloyale venue de Chine" qui "doit cesser". "Si l'État a mis la main à la poche cette fois-ci, c'est une bonne chose, mais que vont-ils faire à l'échelon européen pour éviter qu'il y ait de nouveaux Metex dans les mois qui viennent ?

Une date repoussée deux fois

Alors que la date limite de remise des offres de reprise avait été fixée au 6 mai, puis au 27 mai, elle avait finalement été repoussée au 3 juin, laissant les salariés dans l'incertitude

Avril avait en effet demandé des garanties financières de la part de l'État avant de concrétiser sa reprise. À savoir : acter la baisse du prix du sucre et une participation financière. L'État était déjà détenteur de près de 30% du capital de Metex, via son fonds d'investissement Bpifrance. La puissance publique avait également participé au sauvetage financier de l'entreprise en décembre 2022.

Fin mai, le ministre de l'Industrie Roland Lescure avait reçu les représentants syndicaux de Metex à Bercy, se félicitant de l'ouverture par la Commission européenne d'une enquête antidumping sur les importations de lysine, suite à une plainte déposée par Metex. L'entreprise dénonce un "dumping" des producteurs chinois de cet acide aminé essentiel pour la croissance musculaire des animaux d'élevage.

Metex, qui absorbe à lui seul 4% de la consommation du sucre produit en France, espère la mise en place d'un système de contractualisation pluriannuelle avec les sucriers, moyennant un effort sur les prix.

Quid des autres usines ?

Concernant l'autre usine du groupe, qui emploie une cinquantaine de personnes à Saint-Avold (Moselle), les administrateurs judiciaires ont reçu deux offres de reprise portant sur les actifs et les activités.

L'entreprise Metex, qui emploie 450 salariés, avait été placée en procédure de sauvegarde le 25 mars dernier. Elle avait ensuite annoncé le 16 mai avoir demandé son placement en redressement judiciaire, afin de permettre "l'examen par le tribunal d'éventuelles offres de reprise d'actifs et d'activités" dans le cadre d'un plan de cession.

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