Ce mardi 12 mars, dans l'après-midi, la direction générale du groupe Metabolic Explorer (Metex) a rendu publique la demande de placement en redressement judiciaire de sa filiale Metex Noovistago. Cette dernière emploie 280 personnes à Amiens. La CFDT, syndicat majoritaire, est favorable à cette décision.
"La direction nous a expliqué les raisons pour laquelle elle met en place cette procédure, ils nous ont bien expliqué, leurs arguments nous ont semblé logiques." Samir Beyahya, délégué CFDT, le syndicat majoritaire à Metex Noovistago, a appris ce vendredi 12 mars la demande de placement en redressement judiciaire faite par la direction du groupe Metabolic Explorer (Metex). Une décision qu'il comprend, puisqu'il connait bien les difficultés que l'entreprise rencontre depuis plusieurs mois.
"Protéger les emplois"
L'entreprise a déjà recours, depuis début janvier, à l'activité partielle. "C'était à la demande de la CFDT, face à la très forte baisse d'activité", précise le délégué syndical. Il estime que le dialogue avec la direction aujourd'hui est plutôt sain et transparent. "Il y a des moments où on s'est pris la tête par le passé, mais dans la situation actuelle, l'objectif c'est d'aller dans le même sens, de sauver la boîte."
Un point de vue partagé par Benjamin Gonzalez, le PDG du groupe, dont le siège est situé en Auvergne. "C'est un objectif de l'entreprise, de maintenir un dialogue social de qualité avec les organisations syndicales, affirme-t-il. Si nous avons pris cette décision, c'est essentiellement pour protéger les emplois et pour permettre la continuité d'activité."
Le site d'Amiens va continuer à produire les acides aminés, et ce cadre juridique protège la société pour cela. Je veux souligner les efforts que tout le monde fait au sein de la société, et notamment l'ensemble des collaborateurs, puisque les difficultés datent de plusieurs mois.
Benjamin Gonzalez, PDG de Metabolic Explorer (MetEx)
Un travail sur le prix du sucre avec l'État
Pour la direction comme pour la CFDT, l'avenir de l'activité de Metex est aujourd'hui en partie entre les mains de l'État. L'entreprise, qui fabrique des acides aminés pour la nutrition animale, subit de plein fouet l'augmentation du coût du sucre, qui est sa matière première principale. La direction a alerté les pouvoirs publics sur cette problématique à l'été 2023 "Nous travaillons de façon rapprochée avec les différents services de l'État, pour trouver une solution qui permette à Metex et son site d'Amiens de bénéficier d'un sucre compétitif, comme nos concurrents non-européens", assure Benjamin Gonzalez.
Une démarche que le syndicat majoritaire soutient. "La CFDT avait déjà été à Bercy pour rencontrer des responsables au ministère de l'Industrie pour essayer de mettre la pression sur l'État pour travailler sur le prix du sucre, indique Samir Benyahya, qui compte bien continuer à interpeller le gouvernement.
On ne restera pas les bras croisés, s'il le faut, nous rencontrerons le ministre en personne. L'État est responsable, il doit nous aider.
Samir Benyahya, délégué CFDT Metex
Il entend par ailleurs solliciter le soutien des élus locaux, dont le député Picardie Debout François Ruffin, "qui est d'une aide sans faille".
Il est aujourd'hui trop tôt pour parler de menace sur les 280 emplois du site d'Amiens. Mais pour le délégué syndical, il y a urgence à agir pour les sauver. "Les salariés sont très attachés à leur usine, on est nombreux à avoir plus de vingt ans d'ancienneté. On a un savoir-faire unique en Europe. Si on perdait ce savoir-faire, il faudrait au moins dix ans pour remonter une usine pareille en France.(...) Et si l'usine ferme, on dépendra entièrement des importations chinoises."
Prochaine échéance : les audiences au tribunal de commerce, prévues les 20 et 23 mars.