L'égalité sur le marché du travail est loin d'être atteinte dans les Hauts-de-France, selon les dernières données publiées par l'Insee. Temps partiel, métiers moins rémunérateurs, plus faible taux d'activité perpétuent des écarts de salaires importants au détriment des femmes.
4223 euros. C'est l'écart sonnant et trébuchant entre le salaire net annuel moyen en "équivalent temps plein" des femmes (24 554 €) et des hommes (28 777 €) des Hauts-de-France en 2021, selon l'Insee. Une différence de 15%, équivalente à la moyenne nationale.
#Salaires | En 2022, le revenu salarial moyen des femmes est inférieur de 23,5 % à celui des hommes dans le secteur privé.
— Insee (@InseeFr) March 5, 2024
À poste comparable, l’écart de salaire en équivalent temps plein est de 4 %.
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Les femmes, mieux payées dans le Nord que dans l'Aisne
Les écarts salariaux varient relativement peu d’un département à l’autre. L’Aisne se distingue par la différence la plus faible (13,8 %), suivi du Nord et de l’Oise (14,7 % chacun) et enfin du Pas-de-Calais et de la Somme (15% chacun).
Les salariées les moins bien rémunérées travaillent dans le Pas-de-Calais (22 959 €) et dans l'Aisne (23 2016 €) ; les mieux rémunérées dans le Nord (25 518 €) et dans l'Oise (24 883 €).
Paradoxalement, les femmes étaient, en 2020, souvent plus diplômées du supérieur que les hommes. Selon l'Insee, elles pâtissent "d’une vie professionnelle davantage interrompue par la vie parentale (retrait d’activité, temps partiel) mais aussi du type et des caractéristiques de l’emploi occupé".
Des métiers toujours très genrés
Le taux d'activité (rapport entre le nombre d'actifs et chômeurs et la population totale correspondante) des 15-64 ans en 2020 illustre cette réalité : il s'établit à 75% pour les hommes et 68% pour les femmes.
Le taux d'activité de ces dernières est le plus faible dans le Pas-de-Calais (66,1%) et dans le Nord (67,5%), proche de la moyenne dans la Somme (68,7%) et dans l'Aisne (68,8%) et plus important dans l'Oise (71,6%).
Les femmes occupent plus souvent des métiers d’employés et de professions intermédiaires (respectivement 45,6 % et 24 % en 2021 contre 13,5 % et 19,1 % pour les hommes) et moins souvent des postes de cadres (14,0 % contre 17,4 % des hommes) mieux rémunérés.
Sans surprise, on rencontre majoritairement des femmes dans des emplois d'agent d'entretien, d'enseignant et d'aides soignant, tandis que les hommes sont plus fréquemment conducteurs de véhicules, ouvriers qualifiés de la manutention ou techniciens et agents de maîtrise de la maintenance.
Les métiers du soin et de la petite enfance, la plupart mal payés, sont les plus féminisés et dans des proportions écrasantes (assistantes maternelles : 98,1% ; aides à domicile : 95,7% ; infirmiers, sagefemmes : 86%).
Peu de lycéennes en sections scientifiques
Cette différenciation commence très tôt, dès le lycée. En classe de terminale générale, les filles sont ainsi sous-représentées dans les spécialités scientifiques, notamment dans les sciences du numérique et de l’ingénieur, où elles ne représentent que 11,3 % et 12,6 % des élèves.
À l’inverse, elles sont surreprésentées dans les spécialités littéraires (73,8 %), artistiques (71,3 %) et économiques (60,8 %). En filière technologique, la spécialité de la santé et du social est également très féminisée (83,5 %), quand "industrie et développement durable", pourtant un secteur porteur, ne compte que 6,5% de lycéennes.