L'accusé, adolescent au moment des faits, comparaissait depuis lundi 15 novembre devant la cour d’assises des mineurs de la Somme pour le meurtre en 2017 du lycéen, aussi victime de harcèlement scolaire. Il a été condamné à la peine maximale encourue par un mineur.
À l'issue de cinq jours de procès et de près de quatre heures de délibérations, le principal accusé a été reconnu coupable du meurtre de Clément Brisse et condamné à 15 ans de réclusion criminelle vendredi 19 novembre par la cour d'assises des mineurs de la Somme. Le second mis en cause, qui comparaissait pour faux témoignage, a écopé de deux ans d'emprisonnement avec sursis, assortis d'une obligation de soins.
Ce verdict est loin d'être suffisant pour les parents de la victime, retrouvée morte le 30 mars 2017 dans une mare du parc Délicourt à Ham, à quelques centaines de mètres du lycée Peltier où l'adolescent était interne en seconde et visé par du harcèlement scolaire.
"30 ans c'était un minimum, on a pris perpète nous, notre famille est détruite, a réagi le père de Clément Brisse, extrêmement en colère à la sortie de l'audience. Je n'ai plus confiance en la justice française."
L'enquête avait révélé que son décès était dû à des blessures à l'abdomen et au cou infligées avec un couteau, qui n'a jamais été retrouvé.
L'accusé nie les faits
Ce dernier jour de procès a débuté, au matin, avec l’audition des experts psychologiques chargés de revenir sur la personnalité de son ancien camarade de classe. Ce jeune homme de 21 ans, jugé instable et qui n’a jamais connu son père biologique, a été qualifié d’intellectuellement déficient. Ils ont décrit un individu capable de tenir un raisonnement mais pas de lire ou d’écrire et qui, dans les entretiens menés, a fait preuve de froideur et d’une absence totale de culpabilité.
Tout au long de la semaine, le meurtrier présumé a nié toute implication dans la mort du lycéen. Mais il comparaissait aux côtés d'un ami de Clément Brisse, accusé, lui, de faux témoignage. Ce dernier a reconnu les faits devant la cour, confirmant avoir suivi son camarade sur les lieux du décès quelques heures après la mort de l'adolescent, et y avoir vu son corps sans vie.
"Pas un suicide"
Les auditions mardi des médecins légistes n'avaient en revanche pas permis d'établir avec certitude si les plaies constatées - notamment une entaille à la gorge de 13 cm - proviennent bien d'un meurtre et non d'un suicide. Et ce, même si plusieurs blessures aux mains pouvaient être compatibles avec des gestes de défense.
"La mort de Clément Brisse a été causée par un tiers et ce n'est pas un suicide", a donc appuyé l'avocat général dans son réquisitoire, qui souligne ne pas retenir d'altération du discernement. L'avocat de la famille, Me Guillaume Demarcq, a ensuite insisté dans sa plaidoirie sur ce qui constituait, d'après lui, des preuves accablantes. Notamment : des taches de sang retrouvées sur les chaussures de l'accusé, qui est également le dernier a avoir vu l'adolescent en vie, selon des éléments de témoignage et de vidéosurveillance.
L'excuse de minorité retenue
De son côté, la défense a insisté sur les "zones d'ombre" du dossier. "Il n'a matériellement pas eu le temps de tuer Clément", a-t-elle plaidé, insistant ensuite sur une absence de mobile : "Il n'avait aucune animosité envers Clément. C'était un simple camarade de classe. Il ne faisait pas partie des harceleurs."
Le parquet avait requis deux ans avec sursis assortis d'une obligation de soins pour le second accusé et vingt ans de réclusion pour le meurtrier présumé. Pour ce dernier, l'avocat général demandait d'écarter l'excuse de minorité qui ramène la peine encourue à la moitié de celle prévue pour les majeurs. Un point que les jurés n'ont pas retenu, condamnant l'accusé au maximum de 15 ans de réclusion criminelle prévu par la loi.