Christelle Hiver est devenue, ce lundi 23 décembre, la première femme à être élue présidente du conseil départemental de la Somme. Elle devra quitter ses fonctions de maire de Doullens. Son successeur sera connu à l'issue d'élections municipales anticipées en janvier.
Christelle Hiver (Divers droite) a été élue présidente du conseil départemental de la Somme. Elle assurait déjà l'intérim depuis le 6 décembre. Elle remplaçait Stéphane Haussoulier, condamné au début du mois à trois ans d'inéligibilité et de prison avec sursis pour abus de confiance, escroquerie et blanchiment d'argent. Il a annoncé faire appel du verdict.
L'ex-président "félicite" d'ailleurs sa successeure et espère que "dans sa sagesse, elle saura trouver le bon équilibre entre ses idées et les idées de l'opposition".
Auparavant maire de Doullens, Christelle Hiver a démarré sa carrière en tant que militante politique au Parti socialiste. À l’issue du vote, elle a souligné "une étape importante" de son engagement pour le territoire : "ma détermination est celle d'une élue qui s'applique à elle-même ce qu'elle demande aux autres, je vais rester droite dans mes bottes".
"Les dix derniers jours m'ont permis de prendre dix ans dans la vie politique"
Avec 29 votants sur 46, 22 voix pour, 7 blancs, Christelle Hiver n'est pas surprise du résultat. "Les dix derniers jours m'ont permis de prendre dix ans dans la vie politique, dans mon apprentissage au sein de cette sphère politique et politicienne", lance-t-elle. Elle se dit même flattée d'avoir recueilli "la majorité absolue des votants".
Le budget représente le défi principal, car actuellement, on parle de 24 à 26 millions d'euros de coupures budgétaires. Christelle Hiver promet de réunir la majorité dès le mois de janvier pour travailler sur l'élaboration du budget primitif 2025 : "Nous aurons à cœur d'assurer comme il le faut les services essentiels à notre population, mais soyons conscients et lucides, il faudra faire certains choix", déclare-t-elle.
En plus du budget, la nouvelle présidente a aussi un défi de cohésion d'équipe à relever. Mais comment faire concrètement pour rassembler et unifier ? Pour elle, il faut "rappeler pourquoi on est élu, tout simplement", mais aussi mettre les rancœurs et les ambitions personnelles de côté afin de travailler pour les Samariennes et les Samariens. "On est aussi là pour assurer la pérennité budgétaire de la collectivité, donc je vais commencer par rappeler cela".
Au-delà de tous ces défis, l'élection de Christelle Hiver est aussi remarquable puisqu'elle devient la première femme à présider le conseil départemental, après avoir été la première maire de Doullens. Selon Christelle Hiver, être une femme permettrait d'apporter "une sensibilité différente", même si elle ne dit "pas qu'une femme est meilleure qu'un homme en politique". Elle estime "qu'on a une expérience différente de la vie, peut-être aussi une faculté renforcée à l'écoute, au dialogue", chose qu'elle a "pratiquée" pendant neuf ans en tant que vice-présidente en charge du dialogue social. "J'ai toujours eu à cœur d'écouter et de me mettre à la place des autres avant de prendre des décisions", affirme-t-elle.
J’ai eu l’occasion d’échanger avec les trois présidents de groupes de l’opposition et ils m’ont clairement exprimé leur état d’esprit. Ils vont voir comment se passent les mois qui viennent avec les décisions difficiles que nous auront à prendre.
Christelle Hiver, présidente du conseil départemental de la Somme
Dépasser "le plus rapidement possible" la séquence Haussoulier
Le conseiller départemental d'opposition, Frédéric Fauvet (Parti socialiste), souligne la nécessité d'aller au-delà de toute la séquence politique actuelle "qui se traduit par une image abîmée, délétère au département de la Somme. On avait le souci de la dépasser le plus rapidement possible et de se remettre au travail", explique-t-il. C'est pourquoi l'opposition n'a pas présenté de candidat ni participé au vote, "en laissant le soin à la majorité départementale de régler ses petites affaires".
Il constate "d'ailleurs que ces petites affaires ne sont pas réglées, la présidente nouvellement élue n'a pas la majorité absolue, avec 22 voix dans l'assemblée départementale. Heureusement qu'on n'a pas pris part au vote". Sinon, selon lui, il y avait un risque qu'elle ne soit pas élue. En contrepartie, l'opposition voudrait que la commission des finances lui soit confiée : "c'est une fonction purement honorifique, symbolique, qui démontre la volonté de transparence, et on en a besoin dans cette institution".
Frédéric Fauvet ajoute d'ailleurs que le département a aujourd'hui "quatre ou cinq priorités pour continuer à être constructifs" : la protection de l'enfance ; la généralisation du RSA qui est en mutation ; la colère froide des agriculteurs de la région ; la question éducative et le soutien aux communes.