Donner un concert avant l’été, c’était inespéré pour l’orchestre universitaire de Picardie (OUP) qui a relevé le défi. Pari réussi grâce à la volonté et à l’énergie de tous les musiciens. Le concert aura lieu ce vendredi 2 juillet place de l’hôtel de ville d’Amiens.
"C’est très compliqué de faire un concert dans la ville d’Amiens" avoue Marie-Catherine Hugonny, présidente de l’association Orchestre Universitaire de Picardie (OUP). "Ce sont des dizaines de coups de fil à passer. Il y a tellement de partenaires, mais on était impatients de faire ce concert-là parce qu’on ne voulait pas passer un deuxième été sans s’être réunis et pour montrer la vitalité de l’orchestre, pour montrer qu’on n’était pas morts".
On sent dans la voix de la présidente de l’OUP toute l’émotion et l’excitation du projet. Il faut dire que cet orchestre amateur qui réunit plus d'une cinquantaine de musiciens, dont beaucoup sont étudiants, n’a pas pu répéter pendant de longs mois à cause de la pandémie.
À peine ont-ils fait leur rentrée en septembre 2020 qu’ils ont dû de nouveau tout arrêter comme au premier confinement. La programmation des concerts de 2021 semblait aussi mal partie que celle de l’année précédente.
"On a guetté pendant pendant des mois la situation, se souvient Nicolas lefèvre, l'un des deux chefs d'orchestre. On a scruté chaque décret. A chaque fois , on faisait des plans sur la comète en échaffaudant de nouveaux programmes".
Mais il en faut plus pour décourager l’OUP. Dès l’autorisation préfectorale, l’orchestre reprend les répétitions début juin et décide de donner un concert avant les grandes vacances. Ce sera Bouffée d’air(s). Des airs de Gounod, Brahms, Saint-Saëns ou encore Bizet. Tout un programme.
"On a recommencé nos répétitions début juin et en travaillant deux dimanches complets, se réjouit la présidente et violoniste. On a réussi à remonter ce programme d’œuvres éclectiques mais très enjouées. Le programme est vraiment sur-mesure pour l’occasion. Il y a des morceaux qu’on n’avait jamais travaillés. Luc et Nicolas nous ont fait travailler dans les détails".
Luc Bonnaillie et Nicolas Lefèvre sont les deux chefs de l’OUP. L’un vient d'Arras, l’autre de l’Oise pour diriger les répétitions et ce, tous les mardis soirs. Tous deux étaient pressés de reprendre leurs baguettes de chef.
"Les premières répétitions, on était évidemment tous rouillés, reconnait Nicolas Lefèvre, chefs y compris. Il a fallu du temps pour retrouver les doigts, les bouches mais finalement c'est revenu rapidement".
"Moi j'avais un peu peur de la qualité musicale qu'on allait retrouver, admet Luc Bonaillie, et pour finir, ça fait même pas un mois qu'on a repris, on a réussi à remettre sur les rails sans trop de difficultés, comme si on ne s'était pas quittés. En plus, on a répété deux dimanches, ce qui a permis de ressouder les liens. On a ramené des petites viennoiseries pour la pause. C'était une ambiance de retrouvailles. Ça a été profitable et le travail plus efficace".
"Il nous manque quand même des étudiants qui sont rentrés chez eux, qui n’ont plus rien à faire à Amiens et qui ont rendu leur chambre. Certains viennent tous les mardis soirs de l’Oise. Ils font l’aller/retour à pas d’heure. On va quand même être 45 au concert. C’est un grand enthousiasme des musiciens" se réjouit Marie-Catherine Hugonny qui, jusqu’à la dernière minute, a cru que l’orchestre ne jouerait pas.
"J’ai des papillons dans l’estomac, je ne digère plus, je ne dors plus beaucoup. J’ai du stress parce qu’il y a des choses de dernière minute qu’il ne faut pas oublier, ne serait-ce que le nombre de pupitres. C’est un détail mais là, on va jouer un par pupitre puisqu’on doit respecter l’éloignement de son voisin et je n’avais pas du tout pensé à ça".
"Ce sera comme une fête de la musique"
Le concert aura donc lieu en extérieur sur la place de l’hôtel de ville. "C’est gratuit pour tout le monde et ça nous coûte cher car on n'a rien fait de l’année. On a demandé aux musiciens salariés leur cotisation annuelle de 100 €. Personne n’a rechigné. C’est eux qui vont payer leur concert. Ça va permettre de payer la sonorisation qui nous coûte 2500 €. On veut que ça en jette alors on a mis tous les moyens en œuvre, financiers et techniques, pour faire quelque chose de réussi et de complet. C’est une baie vitrée ouverte sur le public amiénois qui n’a pas forcément envie de s’enfermer non plus. Ce sera comme une fête de la musique".
Côté météo, la présidente se veut rassurante. En cas de mauvais temps, l’orchestre pourra se replier dans l’église Saint-Jacques tout près de la mairie. Le concert commencera à 21h.