Depuis les années 1980, Jean-Marie Faucillon, figure amiénoise du militantisme et de la photographie, est de toutes les manifestations. Avec son appareil photo, il pose un regard fraternel et affûté sur ses camarades de lutte.
Regard pétillant, sourire aux lèvres, pas décidé, Jean-Marie Faucillon arrive à la manifestation du 6 avril 2023 comme un enfant dans un magasin de bonbons. 40 ans à battre le pavé, et pourtant, le photographe amiénois ne se lasse pas des mobilisations sociales. "Je suis dans mon élément, je suis même très bien. Je croise plein de regards", se réjouit-il.
Armé de son petit appareil photo hybride, Jean-Marie Faucillon pourrait passer inaperçu. Mais le voilà qui sert des mains à tour de bras. Et c'est justement ça qu'il aime. Pour le photographe, capturer les visages et les moments des manifestations est une façon de "continuer à avoir des relations humaines avec le monde du travail. À mon âge, j'ai encore plein de jeunes à rencontrer et à photographier", s'enthousiasme-t-il.
Une démarche militante assumée
Car s'il pratique la photographie depuis ses 13 ans, Jean-Marie Faucillon a d'abord eu des responsabilités syndicales avant de prendre un numéro de Siret dans les années 1980 et de piger pour la presse locale et la presse territoriale "quand la gauche était au pouvoir", précise-t-il.
Photographier les manifestations, c'est "prolonger la lutte" que l'Amiénois a chevillée au corps. Jean-Marie Faucillon ne cache pas son militantisme. Il dit approuver "tous ceux qui disent '64 ans, c'est non', en harmonie avec les salariés et la population. [...] On va probablement dire qu'il y a un petit peu moins [de manifestants aujourd'hui, nldr] mais la détermination est là. L'opinion se renforce. Tout le monde est en marche contre la retraite à 64 ans", ironise-t-il. Et s'il reconnaît que son approche n'est pas objective, il assume : "c'est ma démarche".
"Une bonne photo est une photo qui peut se passer de légende"
Selon le photographe militant, une bonne photo de manifestation est "une photo qui peut se passer de légende". Parmi ses milliers de clichés, qu'il publie sur son blog et son compte Facebook après chaque manifestation, une photo sort du lot. On y voit une jeune femme se remaquiller au nez des policiers. "C'est Lady Godiva qui se refait une petite toilette devant le bouclier d'un CRS, comme si elle leur disait 'Vous ne m'impressionnez pas, même pas peur'", analyse le photographe.
Le moment a été immortalisé en 2009, lors des mouvements universitaires contre la loi relative aux libertés et responsabilités des universités (LRU) de Valérie Pécresse. On retrouve aussi une photo d'un militant prénommé Pedro, prise au même moment, qui essaie de convaincre un policier de rejoindre le mouvement. "Le policier esquisse un petit sourire de Joconde", note Jean-Marie Faucillon, espiègle.
Le 13 avril prochain, l'infatigable photographe baladera son regard affûté dans le cortège amiénois lors de la 12e journée de mobilisation contre la réforme des retraites. Une nouvelle opportunité pour Jean-Marie Faucillon de participer à la lutte sociale, tout en l'immortalisant.
Avec Sophie Picard / FTV