Six tableaux de la chambre du roi du château de Versailles exceptionnellement exposés au musée de Picardie

Nouvellement restaurées, six peintures provenant de la chambre du roi au château de Versailles sont présentés au musée de Picardie à Amiens, du 24 septembre au 26 février 2022. Un prêt exceptionnel qui permet de redécouvrir Valentin de Boulogne (1591-1632), considéré comme l'un des plus grands artistes français.

Les quatre Évangélistes, Saint Matthieu, Saint Luc, Saint Jean et Saint Marc, le Denier
de César peints par Valentin de Boulogne (1591-1632) et Agar et l’ange par Giovanni
Lanfranco (1582-1647), l'ensemble de ces six peintures est exposé à partir du samedi 24 septembre au musée de Picardie.

Ce prêt exceptionnel est un échange : en contrepartie, le musée picard a cédé au château de Versailles son chef d'œuvre - la série des chasses exotiques - le temps de l'exposition Louis XV, goûts et passions d'un Roi qui débute le 18 octobre 2022 dans la résidence royale.

"Habituellement, on ne les décroche pas, souligne Béatrice Sarrazin, conservateur général du patrimoine, chargée des peintures du XVIIe au château de Versailles. Ils sont pour l’éternité, nous l’espérons, accrochés dans la chambre du roi".

"C'est tout-à-fait exceptionnel, ajoute Laure Dalon, directrice des musées d'Amiens. C'est la première fois que les peintures sont vues au même endroit à hauteur de regard. En plus, elles ont été restaurées ces dernières années donc on les voit dans un état impeccable. C'est le meilleur moyen de les découvrir".

Côté scénographie, pas question de reconstituer la chambre du roi au musée d'Amiens. Les scénographes ont choisi la sobriété. Les quatre figures se détachent sur un fond uni, plutôt sombre, pour souligner l'intensité dramatique et métaphysique des tableaux.

Un choix assumé par la directrice : "ce qui nous a semblé important, c'est la couleur, remarque Laure Darlon. On est dans un bâtiment classé monument historique, avec des peintures qui ont des teintes assez fortes. Il fallait qu'on trouve une couleur qui fasse à la fois ressortir les œuvres mais qui ne jurent pas dans cet espace-là, avec les peintures historiques. Après, la magie arrive par l'éclairage".

La chambre du roi

Présentés à plus de dix mètres du sol, ces peintures ornent habituellement la chambre du roi du château de Versailles. Elles sont pour la première fois exposées à portée de regard. Une occasion unique de les appréhender après leur restauration conduite entre 2015 et 2020.

"On les voit de près, précise Béatrice Sarrazin, on voit la matière, on voit le pinceau du peintre, les différents détails qui sont passionnants parce que certains tableaux sont très finis, parfaitement travaillés et d'autres sont beaucoup plus lâches, avec une transparence".

De toutes les chambres qu'a occupées Louis XIV, la dernière est la plus emblématique. Lieu des cérémonies du lever et du coucher, elle occupe une fonction névralgique dans l’organisation de l’étiquette à la cour. Et c'est ici que sont exposés les tableaux de Valentin de Boulogne, témoins du goût du roi pour celui que l'on considère comme le plus italien des caravagesques français.

"Ce sont des tableaux que l’on peut vraiment qualifier de caravagesques, c’est-à-dire dans l’obédience du grand peintre Caravage, qui marque un tournant dans la peinture au XVIIe, affirme Béatrice Sarrazin. Après une forme de maniérisme ambiant, il impose son style de personnages grandeur nature, souvent implantés dans des compositions à mi-corps, poursuit-elle. Il un goût du réalisme exacerbé mais en même temps très stylisé et avec une représentation de thèmes sacrés, mais dont les protagonistes sont tirés des rues de Rome et présents dans les églises."

Valentin de Boulogne, un artiste méconnu

Valentin de Boulogne passe l'essentiel de sa carrière en Italie, de 1614 jusqu'à sa mort tragique en 1632. Il fait ses armes dans la Rome turbulente des années 1620, marchant dans les pas du Caravage. Pour autant, il se détache du maître par son style empreint de noirceur et de tristesse.

Son œuvre compte une soixantaine de tableaux. Ses grandes commandes datent des sept dernières années de sa vie. Les occasions d'en acquérir sont rares, mais Mazarin et Louis XIV les collectionnent. Datant des années 1624-1626, les quatre Evangélistes appartiennent à la même commande dont on ignore le nom du destinataire. Elles rentreront dans les collections du Roi-Soleil en 1670. 

Les six tableaux présentés au musée de Picardie ne sont pas tous de Valentin de Boulogne. Cinq d'entre eux le sont : les quatre Evangélistes et le Denier de César.

"Cette peinture montre une rusticité plus grande dans le traitement des personnages aux expressions fortes et aux mains nouées," détaille Béatrice Sarrazin. Quant au sixième tableau, il provient de la prestigieuse collection du banquier Everhard Jabach, Agar et l'ange de Giovanni Lanfranco, une toile acquise par Louis XIV en 1662. 

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