Sur Twitter, le compte "1h du matin à Amiens" épingle et interpelle les commerçants qui laissent illégalement allumer leur devanture ou leur enseigne tout au long de la nuit.
"À chaque fois que je rentrais de soirée de chez des amis, je passais devant un salon de coiffure du centre-ville qui gardait toujours une télévision allumée pour rien", raconte Vincent Consille. "Ça m’a donné envie de mettre en lumière le gâchis énergétique des commerces". Cet Amiénois a lancé mi-novembre le compte Twitter "1h du matin à Amiens" sur lequel il épingle les commerces du centre-ville ne respectant pas la réglementation sur l’éclairage nocturne, photos à l’appui.
"Lors de ma première promenade, ce qui m’a choqué, c’était la quantité d’écrans lumineux qui diffusent en permanence. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y en ait autant, à un moment, j’ai dépassé les 60 commerces en centre-ville d’Amiens", poursuit Vincent Consille. Selon l’Amiénois, les plus mauvaises élèves sont les agences immobilières et les boutiques d’optique ainsi que les grandes enseignes.
Éclairage nocturne interdit entre 1 h et 6 h en France
Pour rappel, selon service-public.fr, l’éclairage nocturne est interdit entre 1 heure et 6 heures du matin lorsque l'activité signalée a cessé. Si l'activité cesse ou commence entre minuit et 7 heures du matin, l'enseigne lumineuse peut être éteinte 1 heure après la fin de l'activité et être allumée 1 heure avant le début de l'activité.
Cette législation concerne l’éclairage nocturne des publicités lumineuses, des pré-enseignes, des enseignes lumineuses et des bâtiments non-résidentiels (bureaux, commerces, bâtiments agricoles ou industriels, façades, vitrines, ...).
Des sanctions ?
À raison d'une promenade nocturne par semaine, Vincent Consille voit au fil des semaines des améliorations : "Cinq commerces ont éteint, deux autres m’ont contacté sur Twitter pour me dire qu’ils le feraient prochainement".
C’est d’autant plus frustrant, car je me dis que si la mairie commençait à faire quelque chose, ça bougerait davantage. Je n’en peux plus qu’on nous dise d’éteindre le chauffage et la lumière et de voir ça.
Vincent Consille, créateur du compte Twitter "1h du matin à Amiens"
Pour le créateur du compte Twitter, l’heure n’est plus à la sensibilisation, mais aux sanctions. "La ville de Tours a récemment mis en demeure les commerces ne respectant pas la règle, et Amiens ne le fait pas", fustige-t-il. Pour ceux qui l’accuseraient de délation, il répond : "Je n’en tire aucun bénéfice personnel. C’est de la dénonciation, oui, mais la France vise la neutralité carbone, mais si on ne peut même pas faire respecter la législation actuelle…"
Pourtant, à Amiens, depuis mars 2022, un règlement local de publicité encadre plus sévèrement l’éclairage nocturne des commerces. "La Ville est très sensible à la pollution lumineuse. À Amiens, il a été voté que les bâtiments de la ville soient éteints à 23h00 au lieu d’une heure du matin", précise Nathalie Dévèze, adjointe au maire, déléguée à l’urbanisme.
Concernant de possibles sanctions à l’égard des commerces restant allumés la nuit, elle répond :
Je pense que les commerçants ont assez souffert. On est là pour aider le commerce local et non pas pour le verbaliser.
Nathalie Devèze, adjointe au maire, déléguée à l'urbanisme
"Nous sommes dans une démarche d’incitation, de sensibilisation par le dialogue. C’est une démarche bien perçue par les commerçants et qui peut porter ses fruits. Il y a quand même une prise en compte du coût de l’énergie. Dès 19 heures dans le centre-ville des commerces éteignent tout", poursuit l’adjointe.
Du côté de Vincent Casille, une chose est sûre : "Je vais continuer tant qu’il y a des commerces allumés".