Le 12 août 2019, un trou de 5 mètres de profondeur et 10 mètres de large s'est formé place Léon Debouverie, derrière l'hôtel de ville d'Amiens et surtout aux pieds de la brasserie "La bonne humeur". Un an après, la brasserie a rouvert, non sans difficulté.
Il était 6h30 le matin du lundi 12 août 2019, quand une patrouille de la police municipale aperçoit un trou, place Debouverie à Amiens. La terrasse de la brasserie "La bonne humeur" s'est effondrée. Une partie de la véranda du restaurant est littéralement dans le vide.
Ce jour là, la brasserie était fermée pour les congés annuels. "J'étais en vacances dans les gorges du Verdon, se souvient Sandra Bécu, gérante de la brasserie "La bonne humeur". On venait d'arriver et il y a eu une coupure du réseau du dimanche au lundi midi. Quand le réseau est revenu, j'avais plein de messages, des appels en absence".
Le début du "cauchemar"
Au début, Sandra Bécu n'y croit pas. "Il a fallu qu'on m'envoie une photo pour que je réalise. C'est là que le cauchemar a commencé", soupire-t-elle. La brasserie a dû rester fermée un mois et demi. Il a fallu sécuriser les lieux, réparer la véranda, s'occuper des assurances. "Je n'étais pas assurée pour les trous... Il a fallu se battre", explique la gérante de la brasserie."Aujourd'hui, seulement la moitié du montant de ma perte d'activité a été remboursée. J'aurais aimé tourner la page, mais il faut continuer à se battre", confie-t-elle. "Heureusement que ça fait sept ans qu’on est ici, qu’on a nos clients. Et qu’on s’est débrouillé par nous-mêmes parce que sinon je pense que « La Bonne Humeur » n’existerait plus", souffle la gérante de la brasserie.
La restauratrice n'a reçu aucune aide financière. "Heureusement qu'il y avait les clients pour nous remonter le moral, reprend-elle. Je remercie aussi Madame la maire, qui quand ça n'allait pas, a toujours répondu à mes mails et a toujours réagi !"
Effondrement d'une cave médiévale
Au lendemain de la formation du trou, les services de la mairie se sont attelés à définir les causes de cet effondrement. La thèse principale était que le sol reposait sur une ancienne cave médiévale qui se serait effondrée. La ville d'Amiens compte une centaine de caves médiévales dans ses sous-sols. "Même si une fuite sur le réseau d’eau ne peut être totalement écartée, il est probable que les fortes chaleurs enregistrées cet été ont contribué à des mouvements de terrain, entraînant une fragilisation de la cave, située en 2e niveau", indiquait à l'époque la mairie d'Amiens dans un communiqué.C'est ce que les experts ont cherché à vérifier. Repoussée à plusieurs reprises, l'exploration du trou a finalement lieu le 21 août. On y découvre l'entrée d'une cave. Mais rien n'assure que c'est bien celle-ci qui est à l'origine de l'effondrement. Le temps presse et la mairie souhaite reboucher le trou au plus vite. Ce sera chose faite le 30 août. On ne savait alors toujours pas de manière certaine, ce qui avait provoqué l'effondrement du sol.
Les experts poursuivent donc leur enquête. Le 10 octobre, une cave de 13 mètres de long est découverte. Elle est en bon état. Dans le fond, des débris, qui pourraient être ceux responsables de l'effondrement.
"Des bulldozers devant la brasserie toute la journée"
Quelques jours avant, la brasserie pouvait rouvrir ses portes, à l'occasion de la grande réderie qui se tenait le 6 octobre. "C'était une réouverture dans des conditions pas top, regrette Sandra Bécu. Il y avait des grillages tout autour de chez nous, l'entrée se faisait dans le fond de la salle, il y avait des bulldozers devant la brasserie toute la journée... Ca ne donnait pas vraiment envie de venir prendre un café et je le comprend. Heureusement qu'il y avait nos clients habitués qui étaient présents", s'émeut-elle le regard fixé sur la partie de la terrasse où se trouvait le trou il y a presque un an."Si on veut voir les bons points, il y a une belle terrasse maintenant", positive René, un habitué des lieux, attablé avec Jean-Luc, un autre fidèle client, originaire de la région toulousaine. La terrasse a été entièrement refaite par la mairie. "Ils ont même rajouté des plantes", s'amuse Sandra Bécu. Depuis mai, une nouvelle véranda a été installée. Les clients peuvent donc reprendre leurs habitudes.
Tester les sols de la ville
"Voir ce trou c'était étonnant ! J'étais un des premiers à le voir, assure René. Il y avait une découpe, comme si elle suivait un pointillé. Le trou s'arrêtait juste au niveau de la verrière. C'est une chance qu'elle ne se soit pas effondrée". "La chance c'est l'heure a laquelle ça s'est passé", rétorque Jean-Luc, l'accent toulousain bien marqué. "Il y aurait pu y avoir des dégâts avec des clients sur la terrasse", complète René."Amiens est truffé de caves, ça remonte au Moyen-Âge, explique-t-il. Il y a eu des précédents trous, il y en aura probablement d'autres. Il faudrait peut-être que la ville envisage de tester les sols", avance-t-il.
"J'estime que la mairie a fait ce qu'il fallait, reconnait Sandra Bécu. Je pense que maintenant, avec tout le ciment qu'ils ont mis, la place Léon Debouverie, devant la véranda de "La bonne humeur", c'est l'endroit le plus sûr d'Amiens !"