Les Architectes de l'urgence, ONG fondée à Amiens, contribuent à un vaste convoi de matériel vers Tchernihiv et Kharkiv. Leurs dons vont permettre de réhabiliter sommairement jusqu'à 4000 logements soufflés par les bombes russes.
Alors qu'un convoi humanitaire est organisé entre les États français et ukrainien, comme à son habitude face aux crises dans le monde, la fondation amiénoise Les Architectes de l'urgence met sa pierre à l'édifice.
Un premier semi-remorque de matériaux de reconstruction est parti d'Amiens, vendredi 2 septembre. Deux autres suivront la semaine prochaine.
Leur cargaison soutiendra la réhabilitation des logements habitables mais endommagés par la guerre avec la Russie. "Les Ukrainiens ont surtout besoin de réparer sommairement pour l'hiver", explique Patrick Coulombel, directeur des Architectes de l'urgence.
L'opération est pilotée par le Centre de crise et de soutien, un service du Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères. Le groupe Bolloré s'occupe du transport des dons à Marseille, où la société CGM affrétera un cargo, courant septembre, direction Constanta en Roumanie. La marchandise circulera ensuite en fret terrestre jusqu'à la frontière ukrainienne, où l'État ukrainien la récupèrera et pourra la déployer, en collaboration avec l'ambassade de France, notamment dans les villes de Tchernihiv et Kharkiv.
Un toit pour l'hiver
Alors que le froid de l'hiver menace les populations sinistrées, Les Architectes de l'urgence envoient le matériel technique et de construction nécessaire à la réparation des appartements et maisons soufflés par les explosions.
Dans les camions, par exemple : des bâches en plastique, des équipements de protection (gants, casques, lunettes), un peu d'outillage (perceuses, visseuses, postes à souder, boulonnerie) ou encore des portes palières fournies par l'entreprise Decayeux.
Depuis AZF, on est intervenu dans plusieurs endroits blastés, on connaît. Il faut remettre des portes, faire des cadres et fermer les fenêtres avec des bâches. On envoie des milliers de mètres carrés de matériaux.
Patrick Coulombel, directeur des Architectes de l'urgence
"On va être à au moins 200 000 euros de matériel, précise Patrick Coulombel. On doit avoir 60 000 m2 de couverture (pour fenêtres ou toitures, ndlr), donc ça doit pouvoir aider entre 2 000 et 4 000 logements."
La plupart du matériel a été acheté avec l'argent donné à la fondation. Une partie a été donnée par la société allemande Wurth, basée à Strasbourg, partenaire des Architectes de l'urgence.
Pas de bénévoles en Ukraine (ni au Pakistan)
Cette opération humanitaire reste uniquement matérielle. La fondation "refuse d'envoyer du monde en zone de guerre" et explique qu'en l'occurrence, la population locale s'en passe très bien. Elle a les hommes et le savoir-faire.
Les Ukrainiens nous disent clairement qu'ils n'ont pas besoin de moyens humains : ils veulent des moyens financiers et matériels. Ce n'est pas un pays en voie de développement qu'on va reconstruire.
Patrick Coulombel
En parallèle, Les Architectes de l'urgence gardent un oeil sur la situation au Pakistan, victime de graves inondations.
Le directeur explique : "On connaît très bien le pays techniquement, nous y avons travaillé des années, mais c'est une zone rouge, il y a beaucoup d'implications quant à la sécurité du personnel".
La fondation n'en enverra donc pas, tant qu'un appel à l'aide international n'aura pas été clairement envoyé.