Une exposition décroche, vend et remplace ses œuvres : "on peut avoir quelque chose d'intéressant avec un petit prix"

L'Imprimerie, la librairie-galerie d'Amiens, expose "Dix pour cent" depuis début le 1er décembre. Dix œuvres de dix créateurs locaux sont ainsi mises en avant et vendus à 100 € pièce. Une manière pour le gérant de défendre l'aspect démocratique et accessible de l’art.

Dix pour cent, c'est le nom de l’exposition de l'Imprimerie, une librairie-galerie d’Amiens, qui se tient depuis le 1er décembre. Elle met en avant dix artistes locaux contraints de réaliser dix œuvres à 100 € pièce. Bruno Pommey, le gérant de l'espace, explique l'origine de cette initiative. "Il y a une quinzaine d'années, une galerie qui s'appelle 'cabinet d’amateur' à Paris, dans le XIIe arrondissement, faisait la même chose. Je leur ai pris l'idée que je trouve intéressante. Une fois par an, elle faisait une expo collective. Elle prenait tous les artistes de la galerie et tout était vendu 100 € pièce."

L'idée est revenue cinq ans plus tard, lorsqu'un client, professeur, lui a acheté deux petits tableaux en lui avouant qu'il s’agissait de ses premiers achats d'art. "Je me suis dit 'si des profs pensent que l'art n'est pas pour eux, qu'en est-il pour le reste de la population ?' J’ai réfléchi à ça et je pense que c'est parce qu'on nous dit qu'on doit être éduqué à l’art pour pouvoir apprécier une œuvre. Alors qu'il suffit juste d'avoir une sensibilité."

Un achat directement depuis le mur d'exposition

C'est ainsi que Dix pour cent est née en 2023. Durant la durée de l'exposition, sur les cent œuvres, seules cinquante sont exposées en même temps, au maximum. La spécificité est que les œuvres sont décrochées quand il y a un achat. "Il n'y a pas de système de points rouges comme pour une exposition classique."

L’idée est de faire comprendre à un certain nombre de personnes "que ça peut être pour eux et que ce n'est pas réservé qu'à une partie de la population". Pour porter ce message d'accessibilité, il a fait appel à dix artistes locaux qu’il a déjà exposés par le passé."Je leur ai imposé que [les œuvres] ne soient pas trop grandes. Il faut savoir que des artistes ont décidé de baisser leur prix pour pouvoir participer."

Azael 13, graffeur d’Amiens, ne pensait pas rentrer dans les galeries d'art. Il apprécie le côté complémentaire de sa pratique. Il expose dans la rue pour "apporter une vision, une culture pour les gens qui n'osent pas rentrer dans les musées". Dans le même temps, il estime que Dix pour cent est un moyen d'être vu "par un type de personnes qui s'intéressent peut-être moins à ce qu'il y a dans la rue. Parce que ça a une image différente dans une galerie."

On peut avoir quelque chose d'intéressant avec un petit prix.

Dominique Scaglia, peintre et graveur

Cette exposition est aussi un moyen de se faire voir par le plus grand nombre, admet Dominique Scaglia, un artiste peintre et graveur exposé. "On travaille tous un peu tout seul dans son coin. Tant qu'à faire, autant que ce soit connu et répandu. Même si notre petite notoriété locale n'est pas à négliger."

La contrainte de faire dix œuvres à 100 € a été un "défi" pour ce dernier. Pour résoudre le rapport qualité-prix, "j'ai décidé de faire des multiples. Je fais des pochoirs, ce sont des impressions. Je peux les reproduire." Pour son œuvre, il a réalisé un dessin. Et sur chaque tableau, à l'aide de cette technique, il peut changer la combinaison de couleurs.

Dominique Scaglia l'assure, "on peut avoir quelque chose d'intéressant avec un petit prix. Particulièrement actuellement où c'est la période de crise. Il y a toujours un besoin d'art. Il y a toujours un public dont les moyens sont nécessairement réduits. Mais dans les périodes de crise [...] le marché de l'estampe d'art s'est toujours maintenu parce que nécessairement, ce sont des prix qui sont bas. Donc, on peut avoir des œuvres avec des signatures intéressantes."

Cette exposition originale doit se tenir à l'Imprimerie jusqu'au 30 décembre.

Avec Noélie Mésange / FTV

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