Une semaine après avoir décroché la médaille d'argent sur 50 m papillon aux championnats du monde de natation à Budapest en Hongrie, l'Amiénoise Mélanie Henique était l'invitée du journal de France 3 Picardie. Elle est notamment revenue sur ses propos concernant son père tenus après la finale.
Le 24 juin dernier à Budapest en Hongrie, Mélanie Henique a remporté la médaille d'argent du 50 m papillon lors des championnats du monde de natation, derrière la Suédoise Sarah Sjostrom, triple tenante du titre et une nouvelle fois sacrée.
En sortant du bassin, la Picarde a exulté de joie : "wouah quelle finale, c'était fou. Je ne sais pas du tout ce qui s'est passé, je ne voyais rien. Je me suis dit : va toucher ce mur, allume le plot." La nageuse, licenciée au Cercle des nageurs de Marseille, a eu une pensée pour son frère, décédé le 9 janvier dernier.
Mais Mélanie Henique a aussi exprimé un sentiment de revanche sur son père : "il m'a dit que je n'y arriverai pas et bien voilà, il a eu tort."
Mélanie Henique est née à Amiens en 1992. Repérée par l'entraîneur du club Amiens Métropole, elle décroche très tôt des récompenses dans les championnats internationaux dans les catégories juniors.
En 2010, elle devient championne de France et remporte une médaille de bronze aux championnats d'Europe, déjà à Budapest, sur le 50 m papillon. Un an plus tard, elle monte une nouvelle fois sur la troisième marche du podium sur la même distance lors des mondiaux de Shanghai.
En 2019, à Glasgow en Écosse, Mélanie Henique décroche l'or, toujours sur sa distance fétiche, lors des championnats d'Europe en petit bassin.
"Il y a eu beaucoup de violence, beaucoup d'alcool"
Ces résultats cachaient pourtant une enfance marquée par la violence au sein du foyer familial en Picardie. Une réalité que Mélanie Henique, invitée vendredi 1er juillet du journal de France 3 Picardie, n'a pas éludé : "ça a été très compliqué dans notre enfance. J'espère que mon père regarde cette émission. Si je suis là aujourd'hui, c'est grâce à moi. Ma mère a toujours tenu, elle a toujours été là. Ça m'émeut un peu de parler de ça. Il y a eu beaucoup de violence, beaucoup d'alcool, mon frère en a fait les frais, moi aussi, ma mère aussi."
Mais ces épreuves familiales, comme les sacrifices inhérents à la vie de sportif de haut niveau ont aussi forgé la championne qu'elle est devenue : "cette médaille, c'est aussi ça. Un message pour les jeunes. Ce n'est pas du tout une leçon : c'est juste dire que tout est possible, malgré le parcours, malgré tout ce que l'on traverse. Cette médaille représente tout ça. Et maintenant, je vais pouvoir trouver d'autres raisons à ma natation. Faire les choses, parce qu'on aime ça et qu'on a envie d'aller chercher quelque chose pour soi. Aussi bien sûr pour les proches, mais surtout pour se faire plaisir."
"Je ne me vois pas arrêter après Paris"
Des proches, qui lui donnent la force de continuer, malgré les échecs qui ont jalonné son parcours et à qui elle dédie sa médaille d'argent : "c'est un réconfort quotidien. Auprès de ma mère, de ma copine, mon staff qui travaille avec moi au CN de Marseille, mon entraîneur. Il y a plein de gens qui comptent sur moi."
Loin de voir dans ce titre de vice-championne du monde une consécration et de fin de carrière, la Picarde confirme son envie d'aller plus loin : "quand je touche ce mur à l'arrivée et que je vois que je suis deuxième, j'ai d'abord pensé : 'ah mince, je n'ai pas gagné !' Je suppose que ça appelle d'autres étapes après."
Mélanie Henique envisage notamment de participer aux Jeux olympiques de Paris en 2024, en nage libre : "et même après, parce que je ne me vois pas arrêter après Paris."