Il y aura un avant et un après procès pour le père d'Élodie Kulik, violée, torturée et tuée en 2002 à Tertry, dans la Somme. Mardi, la Cour de cassation a validé le renvoi devant les assises de Willy Bardon, seul suspect en vie. Une décision que Jacky Kulik attend depuis de longues années.
La décision de la Cour de cassation ne devait être connue qu'en septembre, selon les proches qui conseillent Jacky Kulik... Finalement, c'est par un appel d'un journaliste, mardi 11 juillet, que le père d'Élodie Kulik a appris que le seul suspect en vie du meurtre de sa fille serait jugé par la Cour d'assises de la Somme.
Bardon les a fatigués
Une décision qu'il a tant attendu, lui qui se bat depuis de longues années pour que justice soit faite, et que la vérité éclate. "Bardon et ses avocats ont du pousser le bouchon un peu trop loin apr rapport aux magistrats, estime M. Kulik. [...] Bardon les a fatigués (la justice, ndlr) avec tous ses recours. [...] La justice a compris qu'il souhaitait simplement gagner du temps", réagit le père de la jeune Élodie Kulik, tuée en 2002 à Tertry dans la Somme, après avoir subi de nombreux sévices.
J'ai promis à ma femme et mes filles de l'amener aux assises
Jacky Kulik n'a jamais perdu espoir. "Je me suis accroché, je savais qu’on gagnerait. Au plus profond de moi-même j’ai toujours eu espoir". Modèle de résilience, Jacky Kulik a vécu de nombreux drames successifs. A l'âge de 13 ans, Jacky Kulik doit affronter un premier drame : son père, mineur d'origine polonaise, atteint de silicose, meurt d'un accident de mobylette le jour de ses 41 ans. En 1976, Jacky Kulik dérape en voiture sur une plaque de verglas et perd son fils et sa fille de cinq et six ans dans l'accident.
En 2002, sa fille Elodie, est retrouvée morte dans un terrain vague à Tertry (Somme), violée et étranglée. Sa femme, elle, ne supporte pas la mort de son 3e enfant et meurt en 2011 après neuf ans de coma, suite à une tentative de suicide.
"J’ai promis à mes filles et à mon épouse de le confondre et de l’amener aux assises. Et ça va être fait", assure M. Kulik, âgé aujourd'hui de 68 ans. "Aujourd’hui je pense à eux, je pense au procès, et au temps qu’il faudra. Avec tous les documents qu’il y a dans le dossier, je pense qu’il va falloir 6 à 9 mois au moins. Je pense à un procès vers la fin du 1er trimestre 2019"
Il n'est pas rare de croiser Jacky Kulik à des procès pour des faits similaires à ceux que sa fille a vécu. Il ya plusieurs mois, il a assisté à un procès où Patrice Spinosi, avocat de Will Bardon, défendait des personnes accusées entre autres de barbarie. "Je me prépare depuis des années. Je sais que ça va être dur, mais j’y serai, je serai présent."
L’avocat parle de dossier vide, l’accusé nie toujours les faits. "C’est leur rôle, même s’il est indéfendable il a le droit d’être défendu."
Le père de la victime compte mettre en avant les enregistrements audio sur lesquels on entend sa fille Elodie appeler les secours et la voix d’un homme, probablement celle de Willy Bardon selon plusieurs personnes entendues par les enquêteurs, dont l’accusé lui-même qui évoque aujourd’hui "un trou de mémoire."
Après le procès, "je vais veiller aussi à ce que la peine qui soit prononcée soit appliquée correctement. Je me bats maintenant ,et je me battrai après, pour que les peines prononcées ne soient pas minorées par le juge d’application des peines," assure M. Kulik, déterminé.
Ensuite, "je vais me reposer, ça me permettra d’avoir l’esprit plus libre", assure-t-il.