Alors que chaque année, les associations rappellent aux promeneurs et aux touristes de ne pas s'approcher des bébés phoques qui se trouvent sur les plages, en ce début du mois d'août, les centres de soins en accueillent à nouveau 24. Ces petits phoques, déshydratés et stressés à leur arrivée, retrouveront bientôt leur habitat naturel après plusieurs mois de convalescence.
La saison des naissances des veaux marins, ou phoques communs, vient tout juste de se terminer. Une période au cours de laquelle les bébés, parfois âgés d'à peine quelques heures, peuvent être séparés ou abandonnés par leur mère et se retrouver en situation de détresse.
24 bébés répartis sur trois centres
Sur les 177 phoques nés cet été, 10 ont été retrouvés morts sur les plages picardes. Mais d'autres ont pu être sauvés. Actuellement, 24 phoques sont pris en charge dans des centres de soin. Ils ont été retrouvés en baie de Somme, sur des plages du Pas-de-Calais, ou encore dans le secteur du Mont-Saint-Michel.
"La plupart du temps, cela résulte d'une intervention humaine. Ils sont retrouvés seuls et affaiblis, la maman n'est pas venue les chercher", expose Chrystel Gressier, soigneuse et responsable de la faune sauvage à la Ligue protectrice des animaux (LPA) de Calais, dont le centre de soins accueille 11 bébés phoques en ce moment. Depuis mi-juin, soit le début de la saison des naissances, trois n'ont pas survécu.
Les bébés peuvent aussi se retrouver en détresse à cause du courant, qui "les emporte vers des plages touristiques où leur mère ne viendra jamais les chercher", explique Louise, référente du secteur phoque à l'association CHENE (Centre d’hébergement et d'étude sur la nature et l’environnement), située en Seine-Maritime. Leur centre de soins s'occupe lui aussi de 11 bébés phoques en ce moment. Exceptionnellement cette année, deux bébés phoques ont également été envoyés dans le centre de soins Sea Life de Blankenberge, en Belgique.
Déshydratés et stressés
Si les deux associations ne constatent pas d'augmentation du nombre de phoques accueillis en 2023, "cette année, c'est un peu la folie, ça a été très concentré sur une courte période", observe Chrystel Gressier. En Picardie, c'est l'association Picardie Nature qui, depuis plus de 30 ans, veille à la protection des phoques. Elle, ainsi que le réseau Pelagis, repère les phoques en détresse et les amène dans les deux centres de soins lorsqu'elle juge qu'ils ont besoin d'être secourus.
Les jeunes phoques qui arrivent dans ces centres de soins sont en général déshydratés et stressés. Ils peuvent également présenter une température un peu autre due au temps de trajet entre l'endroit où il a été retrouvé et l'association. Certains sont très maigres. D'autres sont blessés. "Au départ, certains n'étaient vraiment pas en bon état. La plupart vont bien maintenant, mais ce n'était pas gagné d'avance", appuie la soigneuse de la LPA de Calais.
Relâchés une fois sevrés
Les deux associations gardent ces petits pensionnaires environ trois mois, jusqu'au moment où leur état est stabilisé, qu'ils sont sevrés et qu'ils ont "une marge de gras pour pouvoir tenir en mer et chasser seuls", détaille Louise. Dans la nature, le lait maternel étant très riche, il suffit de trois semaines pour que le bébé phoque atteigne les 30 kilos contre trois mois en centre de soins.
Chaque association propose de parrainer les phoques recueillis afin de participer aux soins prodigués aux animaux.
Une fois prêts, ils sont bagués et relâchés. La LPA de Calais les relâche vers Sangatte, dans le Pas-de-Calais, et CHENE leur rend leur liberté dans la baie du Mont-Saint-Michel et sur la côte de la Seine-Maritime.
"Un phoque sur le sable n'est pas forcément en détresse"
La présence d'un phoque sur une plage est tout à fait normale, rappellent les associations. "Un phoque sur le sable n'est pas forcément en détresse, souligne Chrystel Gressier. Cela ne veut pas forcément dire qu'il a été abandonné. Les mères peuvent parfois partir pêcher pendant 13 heures", abonde Louise. Si un phoque vous semble isolé et en détresse, il ne faut surtout pas intervenir, le toucher ou le remettre à l'eau, mais contacter l'observatoire Pelagis au 05.46.44.99.10.
"L'année dernière, on a reçu des phoques dans des états lamentables. Une personne a mis un phoque dans sa baignoire et il a fini par mourir. D'autres les approchent pour faire des selfies, les prennent dans leur bras, et les font tomber. Quelqu'un a déjà pété le bassin d'un phoque en faisant ça", dénonce Louise. Certains bébés phoques se font aussi attaquer par des chiens ou des goélands.
La baie de Somme abrite la plus importante colonie de phoques de France hexagonale avec 668 veaux marins (ou phoques communs) et 297 phoques gris comptabilisés à l'été 2021, selon un rapport collectif du Réseau National Phoques. Les déranger constitue une infraction de 4ᵉ classe, passible d'une amende de 135 euros et pouvant aller jusqu'à 750 euros. Des inspecteurs de l'environnement effectuent régulièrement des contrôles. Ils dépendent de l'Office national de la biodiversité, de l'Unité littorale des affaires maritimes ou de la Réserve naturelle nationale de la baie de Somme.