"Ça n’est pas parce qu’on ne voit pas le spectacle qu’on ne le vit pas" : dans les coulisses du son et lumière le Souffle de la terre

Depuis 38 ans, chaque été, le Souffle de la terre raconte en son et lumière 20 000 ans d'histoire de la Picardie. Un spectacle qui doit tout à ses 800 bénévoles dont la plupart sont comédiens et figurants. D'autres ont choisi de travailler dans l'ombre et de rester en coulisses.

Sous une grande tente, entre deux rangées de portants, Suzanne s'affaire à retirer à une jeune fille d'une dizaine d'années son costume d'écolière des années 40. Une fois la cape, le béret et le reste du costume enlevés, la retraitée lui tend un pantalon en lin beige et une chemise blanche. Puis plonge aussitôt les mains dans une brande boîte en plastique pour y trouver une épingle à nourrice qu'elle donne à une autre jeune figurante, "tiens. Attache la ceinture avec ça".

800 bénévoles dont 200 en coulisses

La tente se vide aussi vite qu'elle s'était remplie : la répétition d'une nouvelle scène du Souffle de la terre a commencé à l'extérieur. Suzanne est bénévole pour ce spectacle de son et lumière depuis "le début en 1986. J’ai été figurante et cheffe d’équipe pendant 10 ans. Après j’ai arrêté quelques années. Et j’ai repris il y a 4/5 ans notamment parce que j’ai une petite fille qui joue. Autrement, je fais de la couture pour le spectacle. Être bénévole ici, c’est un travail de toute l’année."

Son poste : habilleuse de la troupe des jeunes adolescentes. "Il faut un peu les aider surtout quand il y a des scènes rapprochées pour qu’elles puissent se déshabiller et se rhabiller autrement rapidement, explique-t-elle tout en rangeant un costume. Mais elles savent faire quand même ! Elles sont grandes ! Et elles sont habituées parce que ça fait plusieurs années qu’elles font le spectacle. Il y a plus de travail dans l’équipe des petits où il faut plus d’habilleuses."

Depuis 38 ans, le Souffle de la terre d'Ailly-sur-Noye dans la Somme retrace 20 000 ans de l'histoire de la Picardie grâce à ses 800 bénévoles. Si la grande majorité sont comédiens ou figurants, certains ont choisi, comme Suzanne, d'œuvrer dans les coulisses du spectacle. 

Des coulisses parfois inattendues comme cette fosse cachée quelque part au fond de la scène et dans laquelle Christophe, Guillaume et Bruno s'activent. Les trois techniciens s'affairent autour d'un mât de plus de 10 mètres de haut.

La régie, le centre névralgique du spectacle

Ils ont pour mission de sécuriser les deux comédiennes qui se relayent dans le rôle du papillon qui clôt le spectacle depuis une plate-forme en hauteur. "Je ne passe pas tout le spectacle dans la fosse. Je participe au spectacle avant : j’arrive à faire deux scènes au maximum avant de venir ici. Je suis dans la fosse une petite heure, détaille Christophe Douay qui est par ailleurs vice-président de l'association Le Souffle de la terre. J’essaie de tourner et de découvrir un peu tous les postes. C’est un spectacle où on fait tout. Il faut être polyvalent. Je fais aussi du placement gradins. C’est être au cœur du public et discuter avec les gens. Mais ici dans la fosse, on est au cœur du spectacle. On le voit différemment."

Quand un figurant a un petit raté, ça ne se voit pas. Mais nous, ça peut se voir assez vite.

Thibaut Couvreur, technicien régie

Eux ne sont pas dans une fosse mais surplombent le public du haut des gradins. Les techniciens de régie gèrent les musiques et les éclairages. Sans eux, pas de son et lumière. Une énorme responsabilité pour cette dizaine de bénévoles qui tournent sur tous les postes de la régie. "Quand un figurant a un petit raté, ça ne se voit pas mais nous, ça peut se voir assez vite. C’est nous qui allons faire le spectacle. Si on se rate, c’est de notre faute, reconnaît Thibaut Couvreur, assis devant une console de son au milieu des écrans d'ordinateur. En fin de spectacle, on s’applaudit les uns les autres parce que si le spectacle a été parfait c’est qu’on a été dans notre rôle jusqu’au bout, sans aucun raté".

32 agents de sécurité

Grosse responsabilité également pour les "hommes en jaune". Ils sont 32 à assurer la sécurité du site et des parkings comme Dominique Glorieux, agent de sécurité bénévole pour le Souffle de la terre depuis 16 ans. Et même si son poste ne lui permet pas de voir le spectacle, il le connaît pourtant par cœur. "Ça n’est pas parce qu’on ne le voit pas qu’on ne le vit pas. Depuis le temps, rien qu’à la musique, je sais ce qu’il va se passer. Je connais les scènes à l’avance, sauf les nouvelles scènes qui sont créées chaque année. Et il faut bien connaître les scènes pour être efficace à la sécurité. Notre rôle est important parce qu’il y a énormément de mouvement : les figurants, les chevaux, les accessoires et tout ça de nuit. Il faut zéro accident. Donc il faut toujours être vigilant et réactif. La vraie réussite, c’est quand il ne se passe rien pour nous", résume celui qui est devenu bénévole sous l'impulsion de son fils.

Comme Christophe, Bruno, Suzanne, Thibault et Dominique, ils sont 200 à assurer en coulisses le bon fonctionnement du Souffle de la terre. Des hommes et des femmes de l'ombre au service du plus important spectacle son et lumière des Hauts-de-France.

Avec Mathieu Maillet / FTV

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