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Nous sommes le 12 décembre, J-12 avant Noël, on en profite pour revenir sur les actualités positives de 2023. C'est l'occasion de (re)découvrir le portrait de la drag queen nommée Abyce. Originaire de la Somme, l'artiste raconte son parcours et son envie de trouver l'aboutissement de son art.

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Dans les profondeurs de Doullens, petit village de 5 800 âmes dans la Somme, une jeune personne répondant au prénom de Damien, 17 ans, commence à s’ennuyer dans la maison de son patriarche. Pour cause, c’est le début du confinement dû à la pandémie de la Covid-19 en 2020.

Son lycée est fermé, les déplacements sont compliqués, voire impossible. Il est enfermé chez lui et il n’est pas forcément ravi. Le jeune lycéen décide de se plonger et de s’instruire sur l’histoire de sa communauté queer et LGBTQIA+.

Il regarde des films et lit des livres sur le sujet. Après de nombreuses recherches, il découvre, sur la plateforme de streaming Netflix, la télé-réalité américaine RuPaul’s Drag Race. Compétition durant laquelle des drags queens – des personnes qui prennent possession des traits féminins pour se produire sur scène – s'affronteront pour devenir la prochaine grande reine du drag américain. La révélation. "L'émission m'a fait beaucoup de bien", confie-t-il.

"C'est devenu un alter ego"

Damien dévore les épisodes de la saison six. Il envie ses personnes avec des perruques époustouflantes et un maquillage toujours impeccable, ou presque. Face à son miroir, il commence dessiner les traits de sa drag queen grâce à du maquillage qu'il trouve à droite à gauche.

Il se cache dans sa chambre pour ne pas être vu par son père et sa belle-mère. "Je me mettais dans le noir dans ma chambre pour me maquiller avec mon flash de téléphone pour avoir de la lumière", se souvient-il.

Au fur et à mesure des coups de pinceaux à fond de teint et de blush, Damien efface le "il" pour devenir "elle", enlève son déguisement et porte celui d'Abyce, sa drag queen. Son nom fait référence aux profondeurs marines et plus précisément des abysses.

Intriguée par les océans et sa mythologie, elle est aussi apeurée par tout ce monde que personne ne connaît. "C'est devenu un alter ego qui sort des abysses de mon esprit", note la drag queen.

Une évolution grandissante

Les premiers "make-up" d'Abyce évoluent pendant le confinement. "Pour me démaquiller, je le faisais avec une bouteille d'eau. C'était un carnage", se rappelle la drag queen avec humour. Elle prend de plus en plus confiance en tant qu'Abyce.

Après le confinement, il était hors de question pour la drag queen de s'arrêter en si bon chemin. L'artiste arrive à Amiens pour entamer une licence en sciences sociales et concrétise la pratique de son art. Plus libre de ses mouvements, Abyce décide de partir performer ailleurs qu'en Picardie.

"J’ai commencé à Bordeaux en février 2021. Je voyais d’autres drags en vrai. C’était impressionnant", retrace-t-elle. Depuis, la drag queen amiénoise performe et se sent libre.

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Un art politique 

Pour l'artiste, l'art du drag est avant tout politique. "Cela va à l’encontre des gens, ça dérange. C’est donc un sujet politique", explique-t-elle. Elle détaille que les drags queens questionnent le genre et les injonctions encore imposées aux femmes et aux hommes dans la société.

Engagée en tant qu'artiste, Abyce décide de répondre à l'appel d'une drag parisienne, Minima Gesté. Elle raconte qu'elle voudrait trouver d'autres drags, en dehors de Paris, pour effectuer le "Sidragtion". Un événement annuel de collecte de fonds pour les personnes atteintes du VIH, organisé dans les rues par des drag queens parisiennes.

Et le 25 mars 2023, quatre drag queens amiénoises déambulent dans les rues pour lever des fonds. Une première à Amiens. "On éduque un peu les gens sur ce qu’est le drag, car ce n’est pas très connu auprès du grand public. On lie l'utile à l'agréable", expliquait-elle lors de l'action en mars dernier.

Un véritable phénomène de société

Dans la pratique de son art, Abyce reste en danger. Quand elle se balade dans les rues de la capitale picarde, elle est cible d'agressions de façon récurrente. "La dernière fois, c'était le vendredi 11 août devant le bar Red and White", résume Abyce.

Malgré ces multiples menaces, elle est déterminée de continuer à exceller dans son art et même de participer à Drag Race France, déclinaison française de RuPaul's Drag Race. Véritable phénomène, la saison 1 avait attiré près d'un million de personnes.

"Pour le moment, j'ai encore plein de choses à apprendre : coudre, faire mes tenues… Mais je veux y participer, car je veux montrer qu'il est possible de faire du drag sans beaucoup d'argent", confie-t-elle. Seul bémol de l'émission, il y a trop de drags parisiennes selon elle. Abyce voudrait donc voir plus de drag qui viennent de province "car nos régions ont du talent".


Avec Corentin Alloune / FTV

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