Une soixantaine d'horodateurs est en train d'être installée à Mers-les-Bains en ce mois de mars 2022. Si le stationnement reste gratuit pour les habitants, les personnes extérieures à la commune devront passer à la caisse. Explications.
Odile, 70 ans, est encore amère. Début mars, cette habitante de Mers-les-Bains a vu arriver devant chez elle un horodateur : "Quand mes proches vont venir me voir, ils vont devoir payer." Une soixantaine de parcmètres est en train d'être installée dans une large zone du centre-ville. Le stationnement est payant sur la commune du 15 juin au 15 septembre et le reste de l'année les week-ends. La gratuité reste maintenue pour les Mersois, en résidence principale et secondaire, à raison de deux véhicules par foyer. Mais pas de quoi satisfaire la septuagénaire : "Vous vous rendez compte, j'ai des amis qui passent boire le café tous les jours et bien, ils vont venir moins souvent. Il faut toujours avoir l'œil sur l'horodateur et aller mettre une pièce."
Le cimetière au cœur de la polémique
Plus que l'arrivée des horodateurs en ville, un lieu cristallise toutes les tensions : le cimetière. Une borne a été installée juste à côté : "J'ai des proches qui habitent dans les trois villes sœurs et en région parisienne. Ce n'est pas normal de payer pour se rendre sur les tombes." Sentiment identique pour Stéphanie. Ancienne habitante de la commune, elle se rend régulièrement au cimetière : "Mes grands-parents y reposent. C'est complètement aberrant de payer pour aller se recueillir."
Dans le détail, le stationnement devient payant à partir de 30 minutes. Un délai beaucoup trop court d'après Stéphanie : "Je mets au défi n'importe qui d'aller rempoter des fleurs et de nettoyer plusieurs tombes en une demi-heure." "C’est scandaleux, on n’est pas sur la côte d’Azur", conclut-elle.
Sur les réseaux sociaux, les réactions se multiplient. Sur la page Facebook MERS-LES-BAINS, plusieurs internautes s'indignent. "Hors de question, j'irai au cimetière comme je l'ai toujours fait et je reste polie, c'est honteux", "Un peu triste.....payer pour visiter les défunts...", peut-on lire notamment.
Pas de verbalisation pendant les obsèques
Contacté, Michel Delépine, le maire de la commune, dit "comprendre" les réactions. Il rappelle qu'il reste pour le moment 16 places gratuites autour du cimetière et justifie sa décision : "On s’est aperçu que si les quartiers du cimetière et de l'église n’étaient pas concernés par le stationnement payant, ils seraient très vite envahis par des personnes de passage." L'élu veut aussi rassurer et apporte des précisions sur ces secteurs : "Il n'y aura pas de verbalisation au niveau du cimetière pendant les obsèques, ni au moment de la Toussaint. Il en va de même autour de l'église pendant les messes et offices. C'est du bon sens."
Au moins 300 000 euros de recettes
Avec ces nouveaux horodateurs, la mairie entend récolter "entre 300 000 et 350 000 euros" pour la première année. "Nous sommes une station balnéaire qui se développe et qui est fréquentée en permanence. Il faut que cette station soit attractive, accueillante, séduisante et ça, ça coûte. La visée première du stationnement payant est que ça ne soit pas les contribuables qui aient à supporter les équipements liés à l’attractivité de la station", justifie Michel Delépine. Un parking gratuit avec 547 places est par ailleurs en construction à 5 minutes du centre-ville.