Chacun vit le confinement comme il peut, surtout selon où il habite. À Mézières-en-Santerre, un petit village de la Somme, la vie continue malgré le confinement avec ses plaisirs simples au grand air, entre nature et entre-aide.
C'est un petit village de la Somme emmitouflé au sud-est d'Amiens. Un village au milieu des plaines et des champs où les corps de ferme encore en activité côtoient les maisons plus modernes. Où le bruit des voitures est rare et le chant des coqs, un élément du décor. À Mézières-en-Santerre, le dernier recensement annonçait 578 habitants.
Ici, le confinement n'a pas changé l'ambiance du village : il y règne toujours le calme de la campagne. Pas plus ni moins qu'avant. Peut-être voit-on davantage les habitants s'affairer dans leur jardin ou dans leurs parterres de fleurs durant la semaine. Mais à part ça, le temps s'écoule toujours au rythme des cloches de l'église. Les canards y font, comme avant, une conversation bruyante aux oies.
Des cas suspects dans le village
À Mézières-en-Santerre, la vie continue malgré le confinement. Même ceux qui travaillent ne voient pas la différence. Les basse-cours sont aussi animées qu'avant et le soleil, toujours le bienvenu. Ici, c'est le grand air, la nature et les plaisirs simples."On est libres malgré le confinement. C'est une belle chose, se réjouit un retraité au milieu de ses poules. Mais tout le monde ne peut pas le dire. Mon fils et mes beaux-fils, ils sont confinés dans un appartement. Ils ne peuvent pas sortir comme ils veulent. Ici, les petits-enfants, ils pourraient courir. Ils nous manquent. Et voir la famille. Mais sinon, ça ne change pas grand chose ! Et puis, il faut faire avec. On restera comme ça le temps qu'il faut. On n'a pas le choix !"
Une privation nécessaire, car le virus n'épargne pas les villages. Il y a peu, un agriculteur de la commune et sa famille avaient les symptômes du Covid-19. Depuis, tous font très attention aux gestes barrières. "Il faut être sérieux et se parler à 5 ou 6 mètres, explique-t-il, il faut être humble avec la maladie".
Dans le village, le confinement est particulièrement bien respecté, foi de Monsieur le Maire. "Peut-être même plus qu'ailleurs, précise Hervé François. À part quelques sportifs et encore, je ne croise personne dans les rues du village. Les gens n'ont pas de raisons de sortir de chez eux : ils ont de quoi s'occuper dans leur jardin !"
La boulangerie pour parler un peu
La chance de vivre le confinement dans un village n'échappe à personne. "On a tous un petit bout de terrain, raconte une habitante croisée dans la rue principale. Il y a les champs au bout du village. On peut y emmener les enfants faire du vélo sans croiser qui que ce soit. On ne voit pas grand monde ici alors qu'en ville, ce n'est pas possible. On continue à prendre le temps de discuter les uns avec les autres. On en a besoin. Quand on croise quelqu'un qu'on connaît, on prend 5 minutes pour se parler. Ça fait du bien".Et c'est souvent devant la boulangerie que les habitants de Mézières-en-Santerre se croisent. C'est le lieu de rencontre du village. Depuis le début du confinement, elle est ouverte 7 jours sur 7 et propose de payer à crédit pour limiter les contacts. "Ça nous fait du bien de continuer à travailler, avoue la boulangère. Et ça permet d'avoir toujours le contact avec la clientèle. Les gens, quand ils viennent, ils ont besoin de parler. Ça les soulage. Ça continue le lien social. Certains clients nous disent qu'ils ont peur pour leur emploi après tout ça. Nous on est là pour les rassurer. On n'est pas que commerçants".
Solidarité et entraide
Ici, on se rend service : les personnes âgées ont leurs courses livrées chez eux, les endives sont commandées en gros puis redistribuées aux acheteurs et une habitante propose à qui le voudra de coudre des masques en tissu gratuitement.Tous ces bons plans, Séverine les relaye sur la page Facebook du village créée le 12 avril dernier. Cette habitante espère que la solidarité naissante dans la commune tiendra sur la durée : "si cette page peut contribuer à ce que les gens de Mézières puissent continuer à être solidaires après le confinement, ce serait bien. Si après, tout s'essouffle parce que tout le monde se dit "plus personne n'a besoin de moi donc je retourne dans mon coin", ce serait dommage. L'entraide, c'est tout le temps. Pas seulement le temps d'une pandémie".
Le bonheur est peut-être vraiment dans le pré finalement.