A Moreuil dans la Somme, les écoliers de la commune ont répondu à l'appel d'une de leurs institutrices : pour témoigner leur soutien à tous ceux qui luttent contre le coronavirus, ils ont dessiné des fleurs qu'ils ont accrochées aux fenêtres de leur maison.
"On a pris une banderole et on a peint des fleurs dessus. J'ai fait ça avec ma mère, mon beau-frère et ma soeur. On a fait une longue banderolle pour que tout le monde la voie. On veut apporter du soutien, de la joie aux personnes âgées et aux aides-médecins. Parce qu'ils en ont besoin en ce moment. J'aimerais bien qu'on les aide et qu'ils ne sont pas tous seuls. Voilà."A l'origine, un projet pédagogique
De sa petite voix fluette, Yanis explique pourquoi il y a des dessins de fleurs aux fenêtres de sa maison. Le petit garçon vit à Moreuil dans la Somme. Et sa maison n'est pas la seule dont les fenêtres fleurissent depuis quelques jours.Derrière ces fleurs, c’est toute une chaîne de solidarité qui se construit. Elles représentent l’espoir, l’amour, la fragilité et surtout l’attention à l’autre. A l'initiative ce projet, l'institutrice des CM1 de l'école de la commune. Celle qui préfère rester dans l'ombre et s'effacer devant l'investissement de ses élèves avait pour projet pédagogique de participer à La grande lessive. Deux fois par an, partout en France, des cordes à linge s'installent dans les écoles, sur les places des villages ou ailleurs. Qui veut vient y accrocher un dessin, un collage ou toute autre réalisation artistique.
La première Grande lessive de 2020 était prévue le 26 mars.
Les CM1 de Moreuil devaient réaliser un monde en kit. Mais le confinement a tout chamboulé. L'institutrice a alors eu l'idée de faire sa propre grande lessive : demander à ses élèves de réaliser des fleurs et les accrocher aux fenêtres ou aux façades des maisons pour témoigner de leur soutien à tous ceux qui luttent contre le coronavirus.
Donner du courage
Un projet auquel Marie-Ange, maman de Coraline, a immédiatement adhéré : "Avec le confinement, on ne voit plus personne. C'était une manière de recréer du lien. Et je pense à ma nièce qui travaille à l'hôpital : elle laisse ses enfants à la maison pour aller sauver des vies". C'est à elle que Coraline a pensé en faisant ses dessins mais pas seulement : "quand les gens qui travaillent passent, ils voient qu'on les encourage".Sarah, elle aussi, a participé : "J'ai mis une ou deux heures. Je les ai plantées dans une jardinière parce que la maîtresse avait dit de les accrocher quelquepart. Et je ne me suis dit que ça ferait beau dans une jardinière. Je vais les laisser jusqu'à ce que l'épidémie se calme. J'ai fait des petites fleurs parce que je n'aime pas trop les grosses fleurs. J'en ai fait plusieurs pour que les gens les voient. Pour ceux qui travaillent à l'hôpital. Comme ça quand ils passent le matin, ça leur donne du courage".
Une initiative qui fleurit dans les communes voisines
Dans toute la commune, on voit des fleurs aux fenêtres des maisons. Il y en a même à la mairie : c'est la femme de Mr le maire qui les a accrochées. Si l'initiative de l'institutrice est saluée par Dominique Lamotte, c'est l'implication des enfants qui l'a surtout touchée. "Ca me rappelle quand on a accueilli des migrants dans la commune, explique le maire. Les premiers à avoir réagi, ce sont les enfants. Ils ont amené des jouets, ils ont demandé à leurs parents de faire des gâteaux. On a beaucoup à apprendre des enfants dans les moments difficiles. C'est une initiative qui me plaît beaucoup. Vraiment. L'exemple des enfants est magnifique. Et je vous le dis avec beaucoup d'émotion parce que c'est un exemple qui frappe. Chapeau aux enfants. Chapeau à l'institutrice".Et de ce qu'il se dit dans la ville, les fenêtres des maisons des communes voisines ont elles aussi commencé à fleurir.