Le risque de coupures électriques "semble s’écarter", a déclaré Olivier Véran, mercredi 4 janvier 2023. Pourtant, certaines communes, comme Domart-en-Ponthieu, dans la Somme, ont fait de lourdes dépenses pour prévenir ce risque, en se fournissant en groupes électrogènes. Anticipation ou précipitation ?
À Domart-en-Ponthieu, l’Ephad du village et le maire ont anticipé les risques de coupures de courant, annoncés depuis plusieurs mois. L’établissement recherchait un groupe électrogène depuis octobre 2022. Une recherche qui a demandé un "investissement important", indique Jérôme Dieu, responsable de l'Ehpad de la commune.
"Ça représente 20 000 euros, le groupe électrogène. Pour la partie installation, il faut rajouter 10 000 euros. C’est donc un achat global de 30 000 euros", détaille Jérôme Dieu. Un achat conséquent, mais obligatoire pour permettre aux nombreux équipements électriques de fonctionner. "Si on a un résident sous oxygène, le groupe électrogène nous permettra de prendre le relais."
La mairie a équipé l'école primaire
L’Ephad n'est pas le seul à avoir pris les devants. Le conseil municipal a décidé, après proposition du maire, de fournir l’école primaire d’un générateur externe. Un équipement loué jusqu’en avril prochain. Il fournira en électricité l'école et la cantine, en cas de délestage.
"Il y a quelques semaines, voire quelques mois, dans les médias, on nous a parlé de coupures. Aujourd’hui en tant qu’élu, on doit anticiper la situation", justifie Nicolas Maréchal, Maire de Domart-en-Ponthieu. "Il faut savoir que s’il y a des coupures, on sera prévenu à J-3." C’est seulement à J-1 que le village saura qu’il sera coupé. "Aujourd’hui, prévenir les parents à J-1, comme quoi l’école ne sera ouverte le lendemain, ça me paraît très compliqué" explique-t-il.
C’est pourquoi, il a proposé au conseil municipal la location du générateur. Ce dernier a voté "favorablement, à la majorité". "Aujourd’hui, ça fait un petit peu débat parce que c’est quand même 10 000 euros pour quatre mois de location, plus le branchement. De toute façon, cette décision ne peut être que reprochable", expose le maire.
"On a un gouvernement qui a su dire aux médias : "il y aura des coupures". J’aimerais bien qu’aujourd’hui le gouvernement dise : "il y aura coupure ou pas coupure"
Nicolas Maréchal, Maire de Domart-en-Ponthieu
"Si on n’avait pas anticipé la situation et qu’il y a une coupure, les parents, les administrés, diront : "vous n’avez pas anticipé". En anticipant, aujourd’hui, s’il n’y a pas de coupure, on nous dira : "vous avez dépensé de l’argent pour rien". On a un gouvernement qui a su dire aux médias : "il y aura des coupures". J’aimerais bien qu’aujourd’hui le gouvernement dise : "il y aura coupure ou pas coupure". J’ai l’impression de me retrouver un petit peu en période COVID-19. C’est encore une fois aux maires de gérer les situations pas toujours évidentes."
La commune est-elle trop prévoyante ?
Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a indiqué mercredi 4 janvier que : "le risque de coupures de courant semble s’écarter". Il a évoqué des indicateurs énergétiques "plutôt rassurants". Parmi eux, le niveau de consommation électrique du pays qui est en baisse, -8,5% sur les quatre dernières semaines par rapport à la moyenne des années précédentes, hors Covid, sur la même période (2004-2019).
De son côté, la préfecture a précisé que : "c’est à chaque commune de prendre sa décision" d'anticiper un risque moins présent.
Si dans les jours qui suivent, il est clairement annoncé qu'il n'y aura pas de coupures cette année, le maire de Domart-en-Ponthieu prévoit de rendre le groupe électrogène pour minimiser les coûts de sa location.