Le pilote de moto Jean-Loup Lepan vient de terminer le Dakar 2024. Auteur de bon résultat dans sa catégorie, le jeune homme retient surtout l'expérience extraordinaire qu'il a vécue pendant 15 jours en Arabie saoudite.
Cinq semaines avant le début de la course, Jean-Loup Lepan tombe violemment de sa moto lors d'un entraînement. Il se casse deux vertèbres. Au sol, des larmes coulent sur son visage. "En réalité, ce n'est pas la douleur qui m'a fait pleurer. Je me suis dit que j'avais gâché ma chance de courir mon troisième Dakar et potentiellement de le terminer", raconte le jeune homme de 25 ans.
Blessé, mais pas résigné, Jean-Loup fait tout pour participer à la course mythique. Il travaille d'arrache-pied avec son équipe, la Duust Rallye Team, pour trouver des solutions et se soigner. Mission accomplie, il reçoit le feu vert des médecins pour participer au Dakar, mais pas sans séquelle : "je ressens toujours des douleurs lorsque je tourne le buste", nous confie-t-il.
Des souvenirs extraordinaires
Cet événement a déclenché quelque chose chez lui. Il prend conscience que la performance sportive lors de cette course n'est pas sa priorité. "À partir de là, j'ai changé ma philosophie. Je me suis dit qu'il fallait profiter comme si ce Dakar, c'était mon dernier", livre le Samarien. Il poursuit : "J'ai vraiment de la chance d'y participer. Ce n’est pas une course, c'est une aventure humaine."
Le pilote originaire d'Embreville dans la Somme se remémore notamment d'une nuit où il a dormi dans un lac asséché au milieu des dunes avec treize autres pilotes. "Nous étions autour d'un feu à se raconter des blagues et rire. C'est un de mes souvenirs les plus extraordinaires de ce Dakar ", explique Jean-Loup.
Une septième étape décisive
Relâché de la pression du résultat, le pilote a pourtant réalisé ses plus belles performances lors de cette édition : trois étapes remportées dans sa catégorie W2RC rallye 2. Il finit 14e au classement général moto et 4e des motards amateurs. Ses victoires sont synonymes d'un nouveau statut pour Jean-Loup. Les médias, le public et écuries le remarquent.
Néanmoins, le pilote se souvient surtout de la septième étape, "ça a été la plus difficile". Il se perd pendant 25 km sur le sable du désert d'Arabie saoudite et manque un point de passage de quelques mètres. "Je perds beaucoup à ce moment-là, mais en réalité, j'ai tout gagné et notamment de l'expérience", souligne le jeune homme.
Sur un Dakar, tu as plusieurs vies
Jean-Loup Lepan
Globalement, Jean-Loup ne veut retenir que les bons moments. "C'est la course la plus difficile au monde. J'ai eu peur tous les jours et en une seconde tout peut s'arrêter, mais ces facteurs font partie de la magie de la compétition. Il faut en profiter, j'ai une chance folle de participer à cette édition. Sur un Dakar, tu as plusieurs vies", observe-t-il.
Le retour en France est plus compliqué pour Jean-Loup. Il confesse être fatigué et ne pas pouvoir se concentrer très longtemps. Malgré cela, il a dû reprendre son métier de taxi ambulancier. Une nécessité pour le pilote amateur qui autofinance en grande partie ses aventures dans le désert. Participer au Dakar lui coûte entre 80 000 et 100 000 euros.
C'est d'ailleurs peut-être l'argent qui empêchera le jeune homme de participer l'année prochaine au Dakar. "Il faut que je trouve les financements et ce n'est pas gagné, mais je suis heureux de vivre mes rêves même si cela me coûte mon salaire."