Des courlis cendrés, dont l'espèce est menacée, tués à l'ouverture de la chasse au gibier d'eau : "ce sont des chasseurs à bannir"

Trois courlis cendrés équipés de balises GPS, ont été tués lors de l'ouverture de la chasse sur le domaine public le week-end des 6 et 7 août, en Baie de Somme, Baie de Seine et Baie de Canche. Cette espèce d'oiseau fait l'objet d'une suspension de chasse depuis 2020. L'Office français de la biodiversité a ouvert des enquêtes judiciaires.

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"Ce n'est pas normal. Ce sont des chasseurs à bannir ! s'insurge Johann Auzou, responsable de la communication pour l'association picarde des chasseurs de gibier d'eau. C'est quelque chose de grave. Le chasseur doit être sanctionné."

Les faits remontent au week-end des 6 et 7 août derniers, lors de l'ouverture de la chasse au gibier d'eau. Selon l'Office français de la biodiversité (OFB), trois courlis cendrés équipés de balises GPS, ont été tués. L'un en Baie de Somme, l'autre en Baie de Seine et le troisième en Baie de Canche.

Or, menacé de disparition, cet oiseau d'eau fait l'objet d'un plan national de gestion et d'un moratoire de suspension de sa chasse depuis 2020, qui a été reconduit par arrêté ministériel du 29 juillet 2022.

Une espèce menacée

Le courlis cendré (Numenius arquata) est le plus grand limicole présent en France, avec une envergure de 80 à 100 cm et un long bec incurvé de 10 à 15 cm. Selon l'Office français de la biodiversité, chargé de veiller au respect de la nature, "c'est un oiseau migrateur dont la répartition s'étend de l'Oural en Russie à l'Est jusqu'au Nord-Ouest du continent africain et l'Ouest de l'Europe. Dans la plupart de ces pays, les populations reproductrices chutent drastiquement."

En Grande-Bretagne, après une chute de 48% de ses effectifs en 20 ans, le courlis cendré a intégré la liste rouge nationale. En France, ses effectifs ont diminué de 25% en 15 ans. En cause, la perte des habitats liée aux changements en cours dans l'occupation et la gestion des sols et des espaces, accentués par les prélèvements par la chasse.

Un suivi scientifique international

Au regard des enjeux, la France est signataire d'un accord pour la conservation des oiseaux d'eau (AEWA) et se doit de respecter le plan d'action international de l'espèce. Les 17 et 19 août, une réunion internationale d'experts s'est tenue pour partager les connaissances sur l'espèce et améliorer sa conservation. 

Afin de suivre et comprendre les menaces qui pèsent sur elle, un programme scientifique de suivi par balises GPS est notamment mené dans différents pays. Deux des courlis tués avaient été équipés de balises en Allemagne et le troisième en Belgique.

L'émission de signaux inhabituels de ces balises a conduit à la découverte des trois infractions commises lors de l'ouverture de la chasse au gibier d'eau.

La balise, une circonstance aggravante

Des enquêtes judiciaires ont été ouvertes par les services de l'Office français de la biodiversité. Assistés de la gendarmerie pour deux des trois départements, les policiers de l'environnement se chargent de récupérer les balises et les oiseaux, sous la direction des parquets compétents. 

Le tir d'une espèce soumise à moratoire est passible d'une amende de 1500 € qui peut faire l'objet de peines complémentaires comme par exemple la suspension du permis de chasser, voire, dans certains cas, d'une peine d'emprisonnement. Le fait que ces oiseaux soient porteurs d'une balise étant une circonstance aggravante. "La plus grande responsabilité des chasseurs est attendue au regard de cette espèce vulnérable" déclare l'OFB.

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