Des peluches interactives pour apaiser les résidents d'Ehpad atteints d'Alzheimer

Depuis moins de deux mois, les Ehpad d'Athies et d'Épehy dans la Somme utilisent des peluches interactives pour rassurer et briser l'isolement de personnes atteintes d'Alzheimer. Une alternative moins onéreuse qu'un autre dispositif, un robot thérapeutique doté de l'intelligence artificielle.

La première peluche a fait son apparition en novembre au sein de l'Ehpad d'Athies. Un chat, capable de ronronner et de bouger ses pattes avant. "Quand on l'a introduit, même les résidents qui interagissaient très peu à l'accoutumée se sont mis à s'y intéresser", témoigne la directrice de l'établissement Aurore Lavallard. Un mois plus tard, en décembre dernier, un autre chat et un chien interactifs sont acquis par l'Ehpad d'Épehy dans la Somme, dirigée également par Aurore Lavallard.

Il s'agit de dispositifs pour lutter contre le repli sur soi et l'isolement de certains résidents atteints de troubles. "On les utilise en petits groupes dans le cadre d'activités où nos résidents peuvent les caresser, les câliner", témoigne la directrice d'Ehpad. "Cela leur permet de se remémorer de bons souvenirs avec leurs propres animaux, même si les animaux de compagnie sont autorisés chez nous, les personnes ne sont pas toujours en capacité de s'en occuper."

Les établissements prévoient de se doter de peluches interactives supplémentaires, dont le coût s'élève à 150 euros, afin que les résidents puissent les utiliser individuellement, en cas d'angoisse notamment.

Comment ça marche ?

Les peluches interactives ont l’avantage de reconnecter les personnes atteintes de troubles cognitifs à la temporalité et aux rapports aux autres. Particulièrement dans le cas des personnes touchées par la maladie d'Alzheimer.

Originaire d’Abbeville, Aurélie Lieuchy Ségur est infirmière, cheffe d’un service de soin à domicile, avec une équipe spécialisée Alzheimer. Elle est également formatrice à l’utilisation d’un robot thérapeutique baptisé Paro, utilisé partout dans le monde, et en France depuis 2018.

Ce robot a été conçu au Japon il y a une trentaine d'années et a l’apparence d'un petit bébé phoque blanc, doux et aux yeux cajoleurs. Des attributs qui font de lui une mascotte très vite adoptée dans les établissements où il est présenté.

"Paro est un robot thérapeutique émotionnel doté de l’intelligence artificielle, explique Aurélie Lieuchy Ségur. Il est capable de s’adapter aux réactions qu’il va calculer chez les personnes qui l’utilisent."

Paro est doté de douze capteurs, répartis sur ses nageoires, son nez, sa tête, ses moustaches. Quand on le cajole, il témoigne des signes de joie. Si on s’occupe moins de lui, il émet un son très doux, enregistré depuis de vrais bébés phoques. Une manière d’attirer l’attention discrètement et affectueusement.

Un dispositif médical reconnu

Ces objets interactifs ont l’avantage d’avoir des réactions prévisibles contrairement aux animaux de compagnie, ceux-ci ayant aussi des effets positifs auprès des personnes atteintes d’Alzheimer.

"Les robots et les peluches ne peuvent pas témoigner d’agressivité, on ne peut pas se faire griffer ou mordre comme avec un vrai chat ou un chien. Avec un bébé phoque, il ne peut pas y avoir de référence à un passé traumatique avec un animal côtoyé au cours de sa vie", précise Aurélie Lieuchy Ségur.

"C’est un objet magique, quand je rencontre des équipes sceptiques, dès qu’on le met en service, on voit l’impact qu'il a sur des résidents qui mettent la main sur lui."

L’infirmière se rappelle un épisode avec une résidente d’un Ehpad au Cateau-Cambrésis dans le Nord : "Elle ne parlait pas du tout. Au bout d’un certain temps passé avec Paro, cette dame s’est mise à échanger quelques mots avec lui, alors que l’équipe soignante n'avait jamais entendu le son de sa voix."

Pour d’autres résidents, le robot thérapeutique permet de les calmer et de les aider à s’endormir sans l’utilisation de médicaments.

Ces bénéfices font qu’il est reconnu en tant que dispositif médical depuis avril 2021. Son coût n’est pas donné : 8 000 euros. Mais les établissements peuvent le faire entrer dans leur budget soin, et le faire financer à l'aide de subventions.

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