Depuis le début du mois de juin, sept poules ont élu domicile dans la cour du collège du Bois l'Eau à Bernaville dans la Somme. Deux chèvres les rejoindront très bientôt. Le projet éducatif, initié par la CPE du collège et financé par le département, ne cesse de faire des adeptes auprès des élèves.
Le projet peut surprendre et pourtant il trotte dans la tête de Céline Ruelle, depuis un petit moment. La conseillère principale d'éducation (CPE) au collège du Bois l’Eau à Bernaville dans la Somme, pensait au départ à une sorte de ferme pédagogique. "Nous sommes un petit collège rural, et au vu du comportement des élèves, de leurs thèmes de prédilection, des échanges que j'ai pu avoir avec eux, je sentais qu'il y avait un certain engouement pour la campagne", confie-t-elle.
Retenu dans le cadre du budget participatif
C'est alors que le premier budget participatif destiné aux jeunes est lancé en 2020 par le département de la Somme. La CPE et les délégués de classe décident de monter un projet de poulailler. L'idée fait son chemin puis est présentée au conseil départemental. Dans le cadre de ce budget participatif, 131 projets proposés par les habitants ont été soumis au vote sur internet du 15 janvier au 5 février 2021. Le poulailler du collège, dont le budget total est de 2761 euros, est retenu parmi les 64 projets qui seront entièrement financés par le département.
"On était vraiment ravis et on a tout fait pour que tout soit mis en place très rapidement", indique Céline Ruelle. Très vite, l'enclos est construit par un artisan. Avec l'aide du professeur de maths et de technologie, mais aussi d'un groupe d'élèves motivés, le poulailler prend forme. "On a monté une petite équipe, raconte la CPE, on a utilisé du bois récupéré, des tuiles, on a tout créé avec les élèves qui sont venus deux mercredis après-midi alors qu'ils n'avaient pas cours." Un bon moyen de les impliquer dans l'aménagement et la construction d'espaces en phase avec la nature et l'environnement.
Les élèves aux petits soins
Le 1er juin, les poules ont fait leur apparition dans la cour du collège. Sept au total. "Des familles d'élèves se sont impliquées. On a par exemple une maman qui a fait couver des poules spécialement pour nous donner les œufs. On a mis aussi en place des partenariats avec des familles d'agriculteurs pour avoir de la paille, du foin, du blé...", indique Céline Ruelle. Pour nourrir les poules, les déchets de la cantine sont aussi réutilisés, un autre moyen de sensibiliser les élèves au gaspillage et à la valorisation des déchets.
Et le résultat est au-delà des espérances pour la CPE du collège, elle qui espérait par ce projet responsabiliser ses élèves et apaiser les rapports entre eux. "Ils sont extrêmement attentionnés. Ils se comportent avec elles comme avec des chats, les tiennent dans leurs bras, raconte Céline Ruelle. Des petits groupes viennent dès qu'ils ont un moment, ils prennent la clé, regardent s'il y a des œufs. J'en ai toujours qui m'attendent pour leur donner à manger. Et quand ça sonne, ils ne veulent plus partir." Trois d'entre eux animent même un blog "Poulettes- Biquettes" où ils racontent le quotidien du poulailler.
Biscotte, Chouquette, Nuggets...
Depuis peu, les sept nouvelles stars de la cour de récré ont désormais leurs prénoms. "En exclu je vous les donne, sourit la CPE, vous allez voir ça tourne essentiellement autour de la nourriture." En effet parmi les Biscotte, Chouquette, Nuggets, Nutella, Cracotte, seules Gloria et Georgette font figure d'exception.
Pour les vacances, les poules passeront l'été chez les familles de collégiens. "Quatre ont été déjà réservées et au pire je peux en accueillir chez moi", confie Céline Ruelle. En septembre, ce sera au tour des chèvres naines de faire leur entrée au collège. "Alors là, on n'a pas fini, je vais avoir du mal à renvoyer les élèves en cours", sourit-elle.