Renouveler une voie ferrée est une entreprise complexe, mais bien huilée. Sur la ligne Amiens-Rouen, 45 km de voie seront ainsi remplacés d'ici à début octobre 2023. Une opération menée en ce moment par deux trains usines et jusqu'à 530 personnes au quotidien.
Mais que font ces drôles de trains sur les voies de la ligne Amiens-Rouen depuis le 17 juillet ? Deux trains usines mènent une opération impressionnante de renouvellement de voie ferrée. En tout, 45 km doivent être entièrement renouvelés. Ce qui représente le plus gros chantier de l'année pour la SNCF réseau dans les Hauts-de-France. Il va durer trois mois.
Ces trains sont de véritables usines mobiles au ballet parfaitement réglé. Toute la nuit et une grande partie de la journée, en semaine, la ligne est coupée à la circulation des TER et des marchandises et devient alors leur terrain de jeu. Jeudi 27 juillet, à proximité de Poix-de-Picardie, dans la Somme, France 3 a pu assister à la mécanique étonnante d'un de ces trains qui renouvelle la voie, partie par partie.
750 mètres de voie renouvelés chaque jour
"Ce train renouvelle les traverses [monoblocs de béton disposés en travers des voies, ndlr] et le rail. Les traverses sont en train d'être évacuées et les nouvelles remises en place tout en substituant le rail. On a ainsi une nouvelle voie. Et derrière, on renouvelle le ballast [lit de gros cailloux qui supporte les voies, ndlr]", détaille Bastien Choquet, directeur opérationnel SNCF Réseau.
Chaque soir, les voies doivent être rendues libres à 16h50 précisément pour permettre à la circulation des trains de reprendre. Les équipes du chantier ne doivent donc pas perdre de temps pour atteindre leur objectif : renouveler 750 mètres de voie quotidiennement.
Les rails et le ballast recyclés
En tout, 100 km de rails, 78 500 traverses et 85 000 tonnes de ballast seront changées, des matériaux recyclés en grande partie. "Les rails usagés sont envoyés dans l'usine d'Ascoval, qui va les fondre pour pouvoir créer des blooms [barres d'acier] qu'elle enverra dans l'usine d'Hayange pour pouvoir recréer de nouveaux rails", explique Nathalie Darmendrail, directrice territoriale SNCF réseau Hauts-de-France.
"Plus de la moitié" du ballast sera quant à lui "réemployé dans d'autres lignes et notamment à Lille-Délivrance où nous avons une base travaux où on fait du tri, et où on travaille le ballast pour le réutiliser sur des chantiers similaires ou la ligne à grande vitesse", appuie Nathalie Darmendrail. Sur ce chantier, environ "50 % du ballast et une grande partie du rail" seront ainsi recyclés pour des raisons économiques et écologiques.
Jusqu'à 530 personnes sur le chantier
Chaque jour, jusqu'à 530 personnes travaillent sur ce chantier. La sécurité y est donc omniprésente, y compris pour les riverains. "On essaye d'agir en amont en sensibilisant les gens en allant voir les collectivités et les mairies. On distribue aussi des flyers tout le long du chantier pour dire aux gens qu'il va y avoir des travaux à côté de chez eux donc qu'il ne faut pas s'aventurer et qu'il va aussi y avoir une petite gêne auditive", précise Bastien Choquet.
Le chantier prendra fin début octobre. Il aura coûté plus de 70 millions euros, financés entièrement par SNCF réseau.
Avec Laurent Pénichou / FTV