Emploi : l'agroalimentaire recrute mais manque de candidats, une opération séduction lancée en novembre

Quatrième employeur des Hauts-de-France, l'industrie agroalimentaire compte 45 000 salariés dans la région. Les usines se modernisent et ont d'importants besoins en recrutement, les acteurs de la filière lancent donc la troisième semaine pour l'emploi dans l'agroalimentaire du 6 au 10 novembre.

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Avec 750 sites de production, l'industrie agroalimentaire est l'un des principaux employeurs des Hauts-de-France. Mais ces métiers se transforment et l'effectif des usines doit être renouvelé pour faire face aux départs en retraite.

Plusieurs acteurs de la filière participent donc à la troisième semaine nationale de l'emploi agroalimentaire, une opération séduction pour laquelle une centaine d'événements de recrutement et découvertes d'entreprises auront lieu dans la région. À Faverolles, près de Montdidier dans la Somme, l'usine Dailycer attend beaucoup de ce moment. 

"J'ai été agréablement surpris"

Dans le bruit assourdissant de la machine qui enrobent de sucre le riz soufflé des céréales de petit déjeuner, Jackson Morais-Rocha surveille et conduit l'impressionnante mécannique industrielle. Le jeune homme a 23 ans, il a intégré Dailycer par une mission d'intérim puis s'est fait une place dans cette chaîne de production. 

"Passer de l'intérim à un CDI, ça me change tout !"

Jackson Morais-Rocha, 23 ans, employé de Dailycer

"Je voulais gagner ma vie rapidement, souligne le jeune homme. On m’a parlé de Dailycer, j’y suis allé, j’ai été agréablement surpris, j’ai découvert une bonne entreprise. On va dire que l’agroalimentaire, on a toujours des mauvaises images, comme quoi c’est à la chaine, sale... Au final, c'est un boulot comme un autre et ce n’est pas sale, c’est bien tenu. Il y a beaucoup de gens qui ne tenteront pas leur chance vu que c’est de l’agroalimentaire, mais il faut se laisser le temps de voir, je pense que tout le monde peut s’y plaire."

À la fin de sa mission d'intérim, une opportunité se présente et il la saisit au vol. "Quand on m’a demandé si je voulais faire une formation, j’ai sauté sur l’occasion, sourit Jackson Morais-Rocha à travers la charlotte bleue qui couvre sa barbe naissante. La formation a pris neuf mois et maintenant, c’est moi qui conduis la machine. Je suis assez fier, intérimaire ça reste précaire, passer de ça à un CDI ça me change tout, je peux me lancer dans des projets, acheter une voiture, faire ce que je veux faire."

Une industrie en pleine transformation 

Christelle Lefebvre aussi a intégré Dailycer un peu par hasard, il y a sept ans. Elle est cariste et son métier a changé du tout au tout avec l'automatisation de l'entreprise.

"C’est tout nouveau, très impressionnant et très intéressant. On a été formés en interne pour connaitre tout le système automatisé. La logistique, c'est mon truc et j’ai vu une autre facette que je ne connaissais pas avant. Si on ne vient pas ici, on ne s’imagine pas que c’est quelque chose d’intéressant, il faut essayer."

"Nos métiers sont mal connus, il reste une idée du travail dans l’industrie qui ne nécessite pas de compétence"

Sabine Machado, directrice des relations humaines de Dailycer

Ce sont aussi les perspectives d'évolution qui enthousiasment cette ancienne vendeuse en parfumerie : "On apprend beaucoup, ça nous permet d’évoluer et de voir plein de choses, au-delà de ce qu’on verrait dans les entreprises “basiques”. C’est de l’agroalimentaire, donc nous devons faire attention à beaucoup de choses, au niveau des produits, pour la santé des clients. On est obligés de surveiller les machines, ça a beau être automatisé, il faut une présence humaine donc ça ne supprime pas le poste."

Christelle Lefebvre semble satisfaite de ses conditions de travail, mais évoque tout de même son appréhension initiale face au travail en hauteur que demande la gestion de la nouvelle chaîne automatisée. "On s'y habitue", conclut la jeune femme. 

"L’industrie s’est beaucoup robotisée donc nous avons vraiment cruellement besoin de monde en maintenance !" souligne Fanny Desrousseaux, chargée de mission dans l'association des entreprises agro-alimentaires des Hauts-de-France.

Si l'industrie évoque une mauvaise connaissance du métier pour expliquer ses difficultés à recruter, ses représentants éludent une autre question : le secteur agroalimentaire détient le triste record du nombre d'accidents du travail, avec 18 400 accidents en 2021. Une fréquence de 50% supérieure à la moyenne.

Former une nouvelle génération d'ouvriers

La modernisation des chaînes de production demande à l'entreprise de recruter de nouveaux profils ou de former ses effectifs à même de gérer les machines. Une évolution qui se fait en parallèle d'une vague de départs à la retraite : Dailycer a  par exemple besoin de remplacer 80 personnes qui vont quitter l'entreprise dans les sept prochaines années. 

"On est souvent la partie invisible de la chaîne de l’alimentation"

Fanny Desrousseaux, chargée de mission dans l'association des entreprises agro-alimentaires des Hauts-de-France

"Le recrutement est compliqué, car nos métiers sont mal connus, il reste une idée du travail dans l’industrie qui ne nécessite pas de compétence, déplore la directrice des relations humaines Sabine Machado. Il y a une très grande responsabilité dans ce métier, il faut être capable d’être très attentif pendant longtemps, de détecter les risques, de savoir alerter et être transparent. On voit plus les contraintes que les possibilités qu’offrent ces carrières. À peu près 30 personnes chaque année intègrent l’entreprise, via l’alternance ou l’intérim, nous avons plusieurs canaux pour recruter.

"Aujourd’hui, nous consacrons des moyens important à la formation, nous avons une quarantaine de personnes en formation en alternance, une vingtaine sur des processus scolaires habituels, ajoute Sabine Machado. On a aussi développé des processus de formation dans le conditionnement et d’autres métiers, pour que les personnes en reconversion.

L'alternance offre l'avantage de pouvoir former des jeunes à des processus de production spécifiques à l'entreprise, pour une fraction du prix d'un salarié classique. Les alternants de moins de 26 ans sont payés entre 27% et 78% du SMIC (selon leur âge et l'ancienneté de l'alternance), des aides d'État viennent en outre financer directement une partie du salaire. Un alternant de 19 ans formé à un métier niveau baccalauréat dans une entreprise de 50 personnes coûte par exemple 290€ par mois à l'entreprise lors de sa première année de contrat. 

"Mettre en lumière une filière qui est souvent invisible"

"Les entreprises aujourd’hui sont prêtes à former du personnel pour recruter dans les usines. Les métiers de l’agroalimentaire ne sont pas très connus, on est souvent la partie invisible de la chaine de l’alimentation, or ces métiers sont très diversifiés, détaille Fanny Desrousseaux. On pense que c’est en visitant les usines que l’on donne envie d’y travailler !

Séminaire, "speed datings" de l'emploi, visites : une centaine d'événements seront donc proposés du 6 au 10 novembre dans la région, pour toutes celles et ceux qui souhaiteraient découvrir l'industrie agroalimentaire.

Tous les événements sont recensés sur le site : https://www.lagrorecrute.fr

Avec Lucie Cailleret  / FTV

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