Saisonniers, agriculteurs, transporteurs, retraités de l'usine, élus... Près de 300 personnes ont répondu à l'appel des syndicats, ce vendredi, et ont manifesté devant la sucrerie d'Eppeville. Ils protestent contre la fermeture voulue par Saint-Louis Sucre.
Une décision incompréhensible pour la plupart des manifestants présents ce vendredi 1er mars devant la sucrerie d'Eppeville, dans la Somme. La prochaine campagne bettravière de l'usine est annoncée par ses actionnaires, Saint-Louis Sucre et Südzucker, comme étant la dernière. "C'est simplement une décision d'actionnaires à court terme pour engranger des dividendes le plus rapidement possible", lance un salarié au micro devant la foule de manifestants.
La production de sucre et d'alcool laissera place à une simple activité de stockage. Une décision qui concerne 122 des 132 salariés de l'usine, qui devraient se voir proposer une mutation au sein de la sucrerie de Roye, située à 25 kilomètres de là. "On n'y croit pas. Aujourd'hui, on est réalistes et on voit qu'il y aura un plan de restructuration évident sur les salariés et il y aura énormément d'hectares de betteraves qui seront abandonnés", assure Guillaume Gandon, président du syndicat béttravier de l'Aisne.
La fermeture de la sucrerie d'Eppeville, annoncée le 14 février lors d'un comité central d'entreprise du Groupe Saint-Louis Sucre - Südzucker, est prévue à la fin de la prochaine campagne bettravière, au printemps 2020. Ce pôle, qui est l'un des plus gros d'Europe, fait des agriculteurs de la Somme, l'Aisne, l'Oise mais aussi le Nord et le Pas-de-Calais. Cette restructuration correspond, selon les dirigeants, à la nécessité de s'adapter à la libéralisation des marchés européens et à la suppression des quotas.
600 emplois directement impactés
"Ils ont les reins assez solides pour passer le coup de cette crise qui existe et c'est indéniable. Mais les cours remontent déjà un petit peu et ça va continuer, ils le savent très bien. Des prévisions disent que ça va remonter et se stabiliser", estime Régis Grost, délégué syndical CGT. Un bouleversement qui concerne les salariés du site, mais aussi saisonniers, transporteurs, agriculteurs qui approvisionnent cette sucrerie, soit 600 emplois. Une usine implantée depuis les années 1920 dans la commune et récemment rénovée où on entendait développer l'éthanol.
#NonAuxFermeturesDeSucreriesSLS mobilisation très importante des élus des @hautsdefrance à Eppeville. Cela démontre que la disparition d'une sucrerie est catastrophique pour l'économie locale.@xavierbertrand @_MissBetter @JulienDive @SBAisne @usaa_02 @PascaleGruny02 @ecvass02 pic.twitter.com/qABwtqyJlJ
— Gandon Guillaume (@vac02) 1 mars 2019
"Ici, il y a une distillerie qui peut fournir jusqu'à 800 000 hectolitres d'éthanol, ce qui représente 10 000 hectares de betterave. Donc c'est aussi une question à poser à Saint-Louis Sucre ou Südzucker : pourquoi dans un tel développement, on n'essaie pas à Eppeville de faire de l'éthanol qui permettrait de maintenir des surfaces betteravières ?", questionne Dominique Fievez, président de la confédération générale des planteurs de betteraves de la Somme.
La fermeture programmée de la sucrerie d'Eppeville est l'un des symptômes des bouleversements que le groupe Saint-Louis Sucre - Südzucker opère en Europe, mais surtout en France où trois de leurs neuf usines sont menacées. Les représentants régionaux et nationaux ont d'ores et déjà prévu de rencontrer mi-mars, les dirigeants du groupe allemand lors d'une réunion prévue à Strasbourg.