Depuis quelques semaines, les cas de punaises de lit sont fortement documentés par les internautes et les médias. Si les experts ne sont pas en mesure d'avancer l'existence d'une réelle augmentation de leur prolifération, ils constatent une explosion des sollicitations, notamment dans la détection canine.
Depuis quelques semaines, il n'y a pas un jour qui passe sans qu'on entende un cas de punaises de lit découvert dans les transports en commun ou d'autres lieux publics. Les techniques pour essayer de s'en débarrasser ne manquent pas. Parmi elles, on retrouve la détection canine.
Hugues Wiplier de la société Dépistage Punaise Solutions, basée dans l'Aisne, est devenu spécialiste de la détection canine de punaises de lit. Auparavant gendarme au sein du groupe d'investigation cynophile de la gendarmerie de Saint-Quentin, il s'est spécialisé dans ce domaine il y a quelques années et intervient dans tous les Hauts-de-France.
"Les demandes ont triplé"
Il note une augmentation importante du nombre de sollicitations liées aux demandes d'intervention depuis le retour de vacances. "On avait déjà une activité assez régulière et là, depuis deux mois, ça s'est intensifié et ça a pris une ampleur incroyable. Les demandes ont triplé", explique-t-il.
S'il estime que le retour de vacances joue un rôle chaque année dans l'augmentation des demandes, il constate que cette fois, elles sont plus importantes. Néanmoins, rien ne prouve, selon lui, qu'il y a une augmentation flagrante des punaises de lit. "Les statistiques officielles le diront plus tard, il y a un emballement médiatique avec un sentiment d'angoisse, c'est anxiogène."
Le constat est partagé par Sophie Harent de l'entreprise SHD (Sophia Harent Détection). Celle qui est dans le métier depuis 23 ans et vit près d'Amiens a remarqué que "la demande a beaucoup augmenté", particulièrement "avec les médias" et parce que "les personnes en parlent et c'est un sujet qui est moins tabou."
Avoir des punaises de lit signifie que vous étiez au mauvais endroit, au mauvais moment, ce n'est pas une question d'hygiène.
Sophie Harent, spécialiste de la détection canine de punaises de lit
Hugues Wiplier note toutefois que la hausse des températures peut faciliter la reproduction des punaises de lit, mais aussi d'autres insectes qui créent des réactions dermatologiques s'apparentant à des piqûres de punaises, mais qui ne le sont pas forcément.
"Les chiens cherchent la punaise pour avoir leur jouet"
Il n'en reste pas moins que l'intervention des chiens détecteurs de punaises de lit est de plus en plus prisée. En effet, cet animal a un odorat plus développé que l'humain et il suffit de lui faire mémoriser l'odeur de la punaise de lit pour l'identifier. Pour y arriver, un véritable entraînement est nécessaire. "La détection canine est un métier très à la mode, mais c'est plus complexe qu'on ne le pense et une formation solide est strictement nécessaire", souligne Hugues Wiplier. Un socle solide de connaissances et d'expériences est demandé.
Le fait pour le chien de se servir de son nez est un "réflexe archaïque pour se nourrir. Le but du jeu est de le transformer en réflexe conditionné : je veux que tu te serves de ton nez pour trouver des punaises de lit". L'entraînement, lui, se fait avec de vraies punaises.
Mais tous les chiens n'en sont pas forcément capables, c'est pourquoi une sélection existe. "On va les motiver avec le jeu et on va assimiler la punaise de lit à son jouet. Il va alors la chercher pour avoir son jouet. C'est la technique utilisée dans le régalien depuis des décennies", pour la détection de stupéfiants ou d'explosifs, par exemple.
"Le chien est dressé par rapport aux phéromones, c'est pour ça qu'ils vont sentir les punaises vivantes et non pas les mortes", précise Sophie Harent, qui avance que certaines personnes qui travaillaient dans la sécurité (comme les brigades cynophiles) se sont tournées vers la détection des punaises de lit, notamment pendant le Covid-19, car leur secteur d'origine était moins actif.
Les prix varient en fonction de la surface du logement
La fourchette de prix, quant à elle, est assez large pour accéder aux services de la détection canine. Le montant varie en fonction du logement : "ça va de 180 à 300-350 euros selon la surface du logement", estime Hugues Wiplier. Le déplacement est aussi à prendre en compte, "si je me déplace à Paris ou Amiens, ça ne va pas être pareil", soutient Sophie Harent.
Hugues Wiplier ajoute qu'il n'y a "rien de plus efficace" que l'odorat d'un chien face à ces punaises de lit qui se cachent souvent dans "des lieux improbables". Mais on les retrouve principalement autour "des lieux de repos de son hôte", comme le canapé, le matelas, les prises à proximité du lit, les tableaux ou encore les tables de chevet.
En début d'infestation, elles ne sont d'ailleurs pas nombreuses "et le flair du chien permet de ne pas trop déplacer le meuble. Il y a toujours une marge d'erreur, mais elle est très faible", conclut-il.