Chaque année, des milliers de personnes viennent de toute la région assister au feu de la Saint-Jean de Long, dans la Somme. C'est l'un des plus beaux et des plus imposants des Hauts-de-France. Mais cette année, pandémie oblige, il n'aura pas lieu.
"On a pris la décision juste avant l'annonce de la phase 2 du déconfinement. On ne pouvait respecter les consignes données pour les gestes barrières. La place du château où le feu est alllumé ne permet pas de faire respecter la distance d'un mètre entre chaque spectateur et de canaliser les gens. On est obligés de barrer les rues adjacentes eu égard au risque attentat. Donc, les gens sont tous regroupés sur cette place. En ajoutant la fête foraine, tout ça n'était maîtrisable."
Trois niveaux de risques
Au téléphone, Jean-Marie Surowiec insiste : maintenir le traditionnel feu de la Saint-Jean n'aurait pas été raisonnable."Gérer le risque attentat et le risque incendie en même temps, on a l'habitude, explique le maire de Long. Mais là, ajouter le risque Covid, ce n'était pas possible. On ne peut pas assurer autant de sécurité."
Il faut dire que, chaque 23 juin, à la nuit tombée, 2000 à 4000 personnes se pressent dans les rues de cette petite commune de la Somme pour assister à l'un des plus beaux et des plus imposants feux de la Saint-Jean des Hauts-de-France. Car c'est l'un des derniers à respecter la tradition locale à la lettre : "Ça commence deux à trois semaines avant l'événement avec le ramassage des branchages dans le village, raconte Jean-Marie Surowiec. Les habitants déposent devant chez eux des branchages qui vont être utilisés pour construire la base du bûcher. Le haut est confectionné avec des branches trouvées dans les marais. Et il faut bien 15 jours pour le monter !" Le bûcher fera une dizaine de mètres grâce au travail de quatre à cinq agents municipaux et de bénévoles.
La tradition locale respectée à la lettre
Le jour J, le jour le plus long de l'année, la messe en l'église Saint-Jean Baptiste ouvre les festivités. De 200 à 300 personnes y assistent chaque année. À la fin de l'office, habitants et spectateurs sortent avec un flambeau ou un cierge béni à la main. Tous se dirigent en procession et en musique vers la place du château. En tête de ce cortège, le garde champêtre, le maire, les adjoints et les élus du territoire. La fanfare joue Le Vigile de Saint Jean. Suivent les bannières, la statue de Saint-Jean Baptiste portée par quatre jeunes gens du village en chemise blanche, le prêtre de la paroisse et les enfants de chœur.
Le bûcher s’embrase vers 22h15, allumé avec les flambeaux et les cierges bénis lors de la messe. La chaleur est si intense et les flammes si grandes que, pour éviter tout incident, les pompiers arrosent les toits des maisons voisines. Rapidement, la croix fleurie de roses installée au sommet de l'amas de branches brûle. La fête se poursuit pendant que le feu se consume doucement.
La messe maintenue
Il est de coutume de quitter les lieux avec un tison, un "brandon" de bois, qui protègera la maison jusqu’au prochain feu. "C'est le seul monument historique qui renaît chaque année de ses cendres", nous confie un ancien greffier de mairie.
Cette année, il n'y aura qu'une messe. "La population comprend que c'est une décision prise eu égard à la sécurité. Dans les circonstances actuelles, ça les rassure qu'il n'est pas lieu, avoue Jean-Marie Surowiec. C'est un peu triste, c'est vrai. Depuis que je suis maire, et même conseiller municipal, c'est la première fois que le feu de la Saint-Jean est annulé. Il avait déjà été décalé pour cause de météo. Mais annulé... Je crois qu'il faut remonter au début des années 50 pour voir ça."