Sur le littoral picard, les tentatives de départs de migrants ont triplé en un an : "ce qui est arrivé à Calais, aurait pu arriver au large de Quend ou Fort-Mahon"

Depuis un an, les tentatives de traversée de la Manche par les migrants depuis le littoral de la Somme se sont multipliées. Un phénomène difficile à endiguer pour les autorités locales, malgré la mise en place d'un dispositif de surveillance renforcé.

Mercredi 24 novembre, 27 personnes ont perdu la vie en tentant de traverser la Manche depuis Calais. Un naufrage dramatique qui soulève la question de la crise migratoire jusque dans la Somme. 

Sur le littoral picard, les tentatives sont de plus en plus nombreuses depuis l'an passé. "Préalablement, on était dans une logique de contrôle de flux, la Somme étant un département de passage pour les migrants qui partaient rejoindre le Pas-de-Calais et le Nord. Et puis on a vu les choses évoluer avec une descente des départs de migrants au sud de la baie d'Authie, jusqu'à Mers-les-Bains où il y a eu des tentatives", résume le sous-préfet d'Abbeville, Philippe Fournier Montgieux. 

15 tentatives de départ cette année

Fin septembre, 37 migrants ont été interceptés par les gendarmes à Quend. Un peu plus d'un mois plus tard, ils étaient 49, retrouvés en état d'hypothermie dans les dunes de Saint-Quentin-en-Tourmont. Au total, ce sont 15 tentatives de départ depuis le début de l'année contre 5 en 2020. 

Des tentatives avec des moyens précaires, souvent des embarcations de fortune comme celle retrouvée cet été à Fort-Mahon. "Ils n'ont pas pu partir parce que le moteur était trop faible pour mettre 50 personnes dessus. Obligatoirement dès qu'ils franchissent les premières vagues, le bateau se retourne et on retrouve tout le monde à l'eau et ça, c'est catastrophique", déplore le maire de la commune, Alain Baillet. 

"Ce qui est arrivé à Calais aurait pu arriver au large de Quend ou Fort-Mahon, ajoute le sous-préfet d'Abbeville. La Manche est une mer dangereuse. Elle est cisaillée par les ferry, les cargos : 300 bateaux par jour dans un sens comme dans l'autre."

Pour empêcher les départs, les autorités ont renforcé les contrôles avec des patrouilles nocturnes, une brigade à cheval ou encore de la surveillance par drone. "Le principal objectif pour les responsables publics, c'est de préserver la vie humaine. Il est évidemment extrêmement dangereux de partir depuis le sud de la baie d'Authie parce que l'on est à plus de 100 kilomètres de côtes britanniques. Et puis il s'agit aussi d'interpeller les passeurs.

"On est un peu démunis"

Lorsque les tentatives de départs sont avortées, les personnes en situation irrégulière sont prises en charge par la gendarmerie. Chaque situation individuelle est examinée et une obligation de quitter le territoire français est généralement délivrée. "Ils repartent finalement librement, donc on les retrouvera potentiellement un peu plus tard au même endroit", affirme le sous-préfet d'Abbeville. 

Les élus des communes du littoral travaillent ainsi avec la gendarmerie et mettent à disposition des salles pour recueillir les personnes interceptées. "On a pu discuter avec eux, ce sont des gens qui sont dans le malheur le plus total, ce sont des familles entières, des femmes enceintes, ou des mamans avec des enfants souvent en bas âges, décrit Alain Baillet. Nous, ce que l'on peut faire, c'est les accueillir dans une salle, leur donner un peu de chaleur, leur offrir un café, un chocolat, un croissant en attendant que les contrôles d'identité soient faits mais c'est tout. On est un peu démunis."

Dans les années à venir, verra-t-on un jour des campements s'installer sur le littoral picard comme à Calais ? La préfecture répond qu'elle n'est pas inquiète sur ce sujet. "L'action des services de l'État fait en sorte qu'on n'ait pas ce type d'installations sur le littoral de la Somme. Les campements restent concentrés sur Calais et Grande-Synthe parce que c'est la proximité des zones de départs qui le justifie", conclut le sous-préfet d'Abbeville. 

Depuis le 1er janvier 2021, 31 500 migrants ont quitté le littoral des Hauts-de-France et 7 800 ont été secourus dans la Manche. 

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