Samedi 16 septembre a eu lieu le loto du patrimoine 2023, faisant plusieurs heureux. Le gagnant du jackpot, mais aussi les monuments sélectionnés par la fondation du patrimoine, qui seront restaurés grâce à l’argent collecté. En 2022, le château de Bouillancourt-en-Séry, dans la Somme, faisait partie des retenus.
"Ça fait trois ans qu’on écope" à chaque pluie, s’exclame Vincent de Lardemelle, seau rempli d’eau à la main, sous la toiture détériorée du château de Bouillancourt-en-Séry, dans la Somme. Avec sa femme, Fabienne, ils sont devenus propriétaires de la bâtisse vieillissante.
Après trois ans de travail à mobiliser toutes les ressources pour sauver le château, le couple a pu ressentir un soulagement, fin août. Les premiers artisans sont arrivés au secours de leur propriété. Ils ont pu les mobiliser grâce à un effort collectif et notamment, en étant retenus parmi les monuments du loto du patrimoine 2022.
Les travaux du bâtiment sont estimés à 934 000 euros. Fabienne de Lardemelle détaille la manière dont le devis est réparti. "La fondation du patrimoine et la mission Berne, c’est 300 000 euros et la Direction régionale des Affaires Culturelles (DRAC) a un engagement à hauteur de 40% du chantier." La région a aussi mis la main à la poche, tout comme la fondation AirBnB.
Un château, de forteresse à relais de chasse
Monument historique, le château s’est transformé, au fil des siècles, de forteresse à relais de chasse. Ses nouveaux propriétaires ne veulent pas y habiter, mais l’ouvrir à tous, en le dédiant aux associations.
Avant l’ouverture, il faut se rendre tout en haut du monument, afin de mesurer l’ampleur du défi. Sur les murs, "il y a tout un travail avec les joints dégradés qui sont repris et refaits, avec les matériaux d’origine", indique Vincent de Lardemelle.
Au fil de la montée, les surprises ne manquent pas. À même la muraille, l’eau dégringole en dehors de la plomberie qui est fantaisiste. "La douche", comme la surnomme le propriétaire.
Le point d'orgue du chantier se trouve sur la toiture. Ici, les ardoises sont criblées par le temps et certaines se sont envolées. Mais ce "qui l’empêche de dormir", ce sont les huit cheminées qui risquent de s'écrouler sur la toiture et d’abimer la charpente en dessous, encore en bon état.
Les travaux ne sont donc jamais répétitifs. "On essaye toujours de faire bien avec les moyens du bord", explique Mickaël Davril, employé au château. "Il faut travailler avec ce qu’il y a sous la main, donc il faut trouver des solutions. Les timings sont très difficiles à respecter. On peut passer de la plomberie à faire de l’électricité, reboucher des trous, refaire un coup de peinture…" De la bidouille nécessaire pour assurer que les choses ne se dégradent plus, en attendant des travaux de rénovation plus importants.
"Peut-être quand j’aurais 80 ans, je viendrais avec ma cane, en disant j’ai fait ça."
Mickaël Davril, employé au château
Ce dernier l’affirme, sans l’intervention, le château serait tombé en ruine, en quelques années. Il est donc reconnaissant des deux propriétaires de pouvoir lui permettre de participer à cette restauration. "On laisse un peu une trace. Peut-être quand j’aurai 80 ans, je viendrai avec ma cane, en disant j’ai fait ça", s’amuse-t-il à imager.
Vincent de Lardemelle se projette également en montrant un pan de mur, jonché de brique rouge. Ici, il voit une future scène. "Il faut imaginer une salle de spectacle ici, il faut rêver". En attendant, le soutien financier désormais assuré, la course contre-la-montre a commencé pour empêcher la pluie de faire des dégâts plus conséquents.
Avec Dominique Patinec / FTV