Inondations dans la Somme. Des agriculteurs réclament le nettoyage de la rivière Authie "mal entretenue depuis 40 ans"

Entre Quend et Villers-sur-Authie, dans la Somme, les terres de plusieurs agriculteurs sont toujours inondées début décembre. En cause, des pluies exceptionnelles et un mauvais écoulement de la rivière Authie. Les cultivateurs demandent son nettoyage. Une réunion à la sous-préfecture doit se tenir le 5 décembre 2023.

"J'ai perdu 45 hectares de blé et de céréales d'hiver sur 60, et 20 hectares de pâture sur 45, qui sont sous l'eau aujourd'hui, noyés et pourris", expose lundi 4 décembre Pascal Coffinet, agriculteur à Quend (Somme) depuis 40 ans. Le cultivateur, frappé de plein fouet par la tempête Ciaran début novembre, estime sa perte financière à "50 000 euros". 

En trois semaines, il est tombé 400 mm de précipitations en cumulé dans les terres. Du jamais vu. Les conséquences sont considérables pour l'agriculteur de 57 ans. Il estime que ses cultures inondées seront "irrécupérables au printemps" et se pose, à long terme, la question du devenir de son exploitation. 

"Il faut nettoyer l'Authie urgemment"

Pascal Coffinet dénonce un mauvais entretien par les pouvoirs publics de l'Authie, la rivière qui borde sa ferme. Selon lui, c'est la "cause principale des inondations" auxquelles les communes alentours font face en ce moment, car "tous les canaux coulent vers cette rivière". "Il faut nettoyer l'Authie urgemment", appuie-t-il.

L'Authie est mal entretenue et n'a jamais été nettoyée depuis 40 ans. Ça fait quatre ou cinq ans qu'on sent que l'Authie monte, et que les portes du canal des Masures ne s'ouvrent pas.

Pascal Coffinet, agriculteur à Quend (Somme)

"Tous les élus sont au courant. Mais il y a une mauvaise entente entre la Somme et le Pas-de-Calais", souligne l'agriculteur. La rivière est à cheval sur les deux départements. "Il y a trois-quatre ans, il y a eu des travaux en baie d'Authie sur la digue Barrois, sans concertation avec le département de la Somme. Et aujourd'hui, cela gêne considérablement l'écoulement de la rivière", pointe Pascal Coffinet. 

Une solution provisoire

Le 13 novembre, quatre pompes ont été installées pour "éviter que le niveau ne monte et le faire baisser d'une quinzaine de centimètres", explique Michel Riquet, le maire de Villers-sur-Authie. Mais "ça ne baisse pas assez vite, ça ne suffit pas", estime Pascal Coffinet. 

Le pompage fait office de solution provisoire. Et pour l'instant, aucune opération de nettoyage n'est prévue sur l'Authie. Pour cela, il faudrait que "le département ou les services de l'État donnent leur aval". Le maire de Villers-sur-Authie n'a pas la main libre sur cette question. Il n'a également pas le droit de curer le canal des Masures. "La commune de Villers, avec le soutien de la communauté de communes, s'est permise, il y a deux ans, d'enlever des embâcles sur le territoire de Villers", rappelle l'élu. 

Sur tout le parcours de l'Authie, la végétation a pris le dessus depuis une vingtaine d'années. À certains endroits, des tourbillons sont observables dans l'eau, ce qui signifie que la rivière est "très encombrée", remarque le maire.

Si on passait par un bon nettoyage des embâcles sur les bordures, on améliorerait considérablement la situation.

Michel Riquet, maire de Villers-sur-Authie (Somme)

Des panneaux retournés

Fin novembre, Pascal Coffinet et ses voisins agriculteurs ont décidé de manifester leur colère en rejoignant le mouvement des panneaux retournés qui a essaimé un peu partout sur le territoire français ces dernières semaines.

Une façon de protester contre les blocages administratifs et la politique du gouvernement, jugée trop restrictive et punitive. Dans la Somme, près de 200 panneaux qui ont été retournés par les syndicats dans la nuit du 21 au 22 novembre.

"Il y a l'aspect production, ça, c'est notre métier. Il y a la contrainte météo qu'on vit en ce moment, mais ça fait partie du métier, on est prêt, on l'assume. Mais la contrainte administrative additionnée à ça, c'est intolérable, c'est inacceptable !", tempêtait Thibaut Henocque, vice-président de la FDSEA de la Somme le 24 novembre dernier. 

"Nos parents et nos grands-parents ont toujours entretenu les fossés pour entretenir ces champs et aujourd'hui quand on parle curage, c'est un gros mot. Et ce n'est pas normal. Ce sont des terres qui ont été gagnées il y a des années sur la mer, ça mérite un entretien", ajoute-t-il. "Ce sont sans arrêt des gens qui ne mettent jamais les pieds dans la terre, ni dans les élevages, qui nous imposent des contraintes", relève Thibaut Henocque.

Une réunion doit se tenir mardi 5 décembre à la sous-préfecture sur le sujet de l'Authie. Depuis le 15 novembre, trois groupes de travail zonés (Bas Champs-Cayeux sur mer, Baie de Somme-Le Crotoy, Baie d'Authie) ont également été créés pour réfléchir à des dispositifs utiles à la prévention des inondations tout en répondant aux spécificités de chaque bassin. Leurs propositions de plan d'action seront restituées le 15 décembre lors d'une réunion avec le préfet de la Somme. 

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