"Je bosse 24 heures par semaine et je suis payé 974 euros" : les AESH en grève pour dénoncer des conditions de travail précaires

Plusieurs syndicats ont appelé les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) à faire grève ce mardi 3 octobre 2023. Ils réclament de meilleures conditions de travail et des hausses de salaire. Des rassemblements ont eu lieu à Amiens, Beauvais et Laon.

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"Nous sommes frustrés et sans aide. Nous n'avons aucune considération de la part de l'éducation nationale", lance Cloé. Cette accompagnante d'élèves en situation de handicap (AESH) fait partie de la vingtaine de manifestants devant le rectorat d'Amiens. Elle exerce ce métier depuis deux ans. Aujourd'hui, elle fait grève pour dénoncer ces conditions de travail. "Je bosse 24 heures par semaine et je suis payée 974 euros. Je suis dans une situation de fragilité", explique la jeune femme.

Mardi 3 octobre 2023, FSU, SUD, la CFT et FO ont lancé un appel national à la grève pour les AESH. Les syndicats mettent en avant leur précarité et leurs conditions de travail. Les volontaires ont manifesté devant les rectorats de leur département.

Obtenir du statut de fonctionnaire

La première revendication des syndicats est le statut des AESH. Ils sont en grande majorité des contractuels à temps partiel de l'éducation nationale. Ils souhaitent obtenir le statut de fonctionnaire. "Nous voulons que les accompagnants puissent également obtenir des contrats à temps plein. Parce que même s'ils ne travaillent que 24 heures par semaine dans les classes. Ils réalisent en amont un gros travail de préparation pour accueillir les élèves handicapés dans de bonnes conditions", précise Guillaume Ancelet, secrétaire départemental FSU de la Somme.

Je suis obligée de travailler en tant que serveuse à côté pour arrondir mes fins de mois

Angèle, AESH

Une loi, promulguée en fin d'année dernière, permet aux accompagnants qui cumulent 3 ans de pratique de voir leur contrat transformé de CDD en CDI, mais la mesure est jugée "insuffisante" par les syndicats.

À Amiens, Angèle fait également part de ses difficultés : "moi, je suis dans un collège à Saint-Sauveur. Je suis obligée de travailler en tant que serveuse à côté pour arrondir mes fins de mois." Cette situation est commune chez les 2 672 AESH de la Somme. Ils sont payés pour la majorité en dessous du SMIC. La rémunération est au cœur des remontés faites par les représentants syndicaux au recteur de chaque département.

"On est des bouche-trous"

C'est notamment le cas à Laon où une dizaine de personnes était rassemblée devant la direction des services départementaux de l'éducation nationale de l'Aisne. Les syndicats et une poignée d'AESH y ont évoqué, entre autres, la suppression des pôles inclusifs d'accompagnement localisés (PIAL).

Ces organisations ont pour rôle de répartir les AESH dans les établissements où il y a des besoins. Angèle explique : "on est des bouche-trous dans ces organismes. On peut être envoyé indifféremment dans des maternelles, des écoles primaires ou des lycées d'un jour à l'autre. C'est une aberration. Les jeunes n'ont pas le même handicap selon les établissements. Nos prises en charge ne peuvent pas être adaptées."

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