Soutien scolaire et mentorat, quand les étudiants accompagnent les plus jeunes : "ce sont des enfants qui ont besoin de contact humain"

À Amiens, l’Afev entreprend depuis cinq ans, et pour cette rentrée encore, de multiples projets de solidarités circulaires. 280 étudiants bénévoles proposent du soutien scolaire et des sorties culturelles à des jeunes d’Amiens. Ils les initient aussi à la solidarité en les accompagnant dans d’autres associations et notamment dans des maisons de retraite.

C’est une initiative qui existe déjà depuis quelques années. L’association l’Afev à Amiens propose de mettre en relation des étudiants et des jeunes en difficulté scolaire ou sociale.

Une première option permet à des étudiants de faire du soutien scolaire. C’est le projet Kaps qui compte douze bénévoles par an. Une partie de ces bénévoles se rend chaque semaine dans un foyer de l’aide sociale à l’enfance pour accompagner ces enfants durant leur scolarité. En échange, ils bénéficient d’un loyer modéré dans une colocation du Crous.

"Je ne regrette pas du tout de l’avoir fait. Cela me rattache au réel par rapport à la fac où c’est très abstrait."

Léa Carpentier

Étudiante

Pour 320 euros, Léa Carpentier bénéficie d’une chambre en colocation à cinq minutes de son université. "Notre résidence est neuve, à côté de la fac, mois chère... Il y a s^rement des colocations moins chères mais je ne suis pas sûre de la qualité des locaux".

L’étudiante qui souhaite devenir institutrice décrit d’autres avantages au bénévolat avec l’Afev : "Je ne regrette pas du tout de l’avoir fait. Cela me rattache au réel par rapport à la fac où c’est très abstrait."

Sur un plan personnel, Léa y trouve aussi son compte. Elle vit ici depuis trois ans. "Avec mes premiers colocs, on est devenu amis et on est toujours amis. C’est comme un genre de famille", affirme l’étudiante dont les proches habitent à plus d’une heure de route d’Amiens.

La bénévole ajoute qu’elle se sent bien plus utile qu’à l’université : "Ce sont des enfants qui ont besoin de contact humain. C’est un moment dans leur journée où ils sont seuls avec un adulte. Pendant une demi-heure, parfois une heure, ils ont toute notre attention. Ce sont des choses que ne peuvent pas faire les éducateurs."

Une solidarité intergénérationnelle

Un autre projet de l’Afev permet de sensibiliser au bénévolat : c’est le mentorat citoyen. Dans ce modèle propre au pôle de l’Afev d’Amiens, les mentors s’engagent à prendre en charge un élève de troisième du collège Aimé Césaire ou César Frank deux heures par semaine.

Ils alternent une semaine sur deux. Soit le bénévole fait un mentorat classique : du soutien scolaire ou une sortie culturelle. Soit l’autre semaine, le binôme mentor/mentoré soutient une association partenaire dans ses activités.

L’année dernière, Emma Hennot a accompagné Alizéa, une élève du collège Arthur Raimbault. "Je sais que le lien qu’on a créé, c’est un lien pérenne. Par exemple, hier, elle avait sa rentrée et elle m’en a parlé alors que je ne suis plus son mentor."

"Même si ce n’est pas mon mentorat qui va changer sa scolarité, je sais que ça lui a apporté énormément."

Emma Hennot

Étudiante

La collégienne s’est vu proposer plusieurs associations et partenariats au début de l’année et elle a choisi de rendre visite aux résidents de la maison de retraite Samarobriva à Amiens. Emma explique que ce projet a permis à Alizéa de faire des progrès sur le plan scolaire et de s’enrichir humainement. "Même si ce n’est pas mon mentorat qui va changer sa scolarité, je sais que ça lui a apporté énormément. Elle a choisi la maison de retraite parce qu’elle était attirée par le fait de rencontrer d’autres types de gens. Elle ne croise pas beaucoup de personnes âgées. Je crois qu’elle n’a plus ses grands-parents malheureusement."

Les personnes âgées qui participent à ces rencontres sont souvent isolées et, pour elles aussi, ces visites sont une porte ouverte à une jeunesse à laquelle ils souhaitent transmettre leurs souvenirs. D’après Emma, ils se confient souvent : "parfois, on va jouer aux cartes et d’un coup le résident se met à parler de la guerre. C’est une superbe expérience pour nos jeunes."

La branche Picardie de l’association existe depuis cinq ans et elle cherche encore à se développer. Les colocations solidaires ne sont pas encore au complet pour cette année. Il est toujours possible de postuler sur le site internet. David Laruelle, responsable de l’Afev d’Amiens, cherche aussi de nouveaux bailleurs prêts à faire des partenariats avec l’association à l’avenir.

Les jeunes actuellement soutenus par l’association s’ajouteront peut-être au nombre des étudiants bénévoles d'ici à quelques années.