L'ancien dirigeant de Call Expert à Abbeville et Roubaix condamné à un an de prison ferme, 6 autres prévenus relaxés

Le tribunal correctionnel d'Amiens a reconnu l'ancien dirigeant de Call Expert à Abbeville coupable d'abus de biens sociaux. Bertrand Delamarre est condamné à 30 mois de prison dont 12 ferme. Huit cadres étaient jugés avec lui : six sont relaxés. Un centre d'appel était installé également à Roubaix.

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Le tribunal correctionnel d'Amiens a condamné mardi 12 octobre à 30 mois de prison, dont 12 ferme, l'ancien dirigeant de Call Expert, Bertrand Delamarre. Il sera placé sous braceler électronique et ne sera donc pas incarcéré. Bertrand Delamarre était jugé avec 8 autres ex-cadres de la société pour faux et usage de faux, présentation de faux bilans et abus de biens sociaux sur la période 2011-2013.

Il a été reconnu coupable d'abus de biens sociaux entre 2011 et 2013 et d'escroquerie au préjudice de l'État. Lors de l'audience en juin dernier, le parquet avait requis contre lui 4 ans de prison, dont trois ans et demi ferme. Bertrand Delamarre devra verser 800 000 euros à la société Call Expert, 423 000 euros à l'État et 490 000 euros à l'Urssaf. Il lui est par ailleurs "interdit d'exercer une profession commerciale ou industrielle, de diriger, gérer ou administrer une société pendant 5 ans".

Sucess story

Call Expert, c'est l'histoire d'une success story qui tourne mal. En 2001, Bertrand Delamarre, alors âgé de 29 ans, installe à Abbeville un centre d'appels de sa société Ad Marketing, spécialisée dans les relations clients pour de grandes sociétés comme Carrefour ou le site internet Lastminute.com.

À partir de 2006, Ad Marketing, désormais rebaptisé Call Expert, connaît une croissance bondissante de 20% par an. En 2012, la direction annonce un chiffre d'affaires de 24 millions d'euros. Elle possède plusieurs centres d'appels en France et emploie 1 500 personnes dans toute la France dont 600 personnes (de 300 à 350 en équivalent temps plein) à Abbeville. Le siège de l'entreprise est même installée dans la ville de la Somme dont la municipalité dépense 410 000 euros en travaux pour aménager le premier étage de l'ex-ANPE et permettre à Call Expert d'installer 90 nouveaux postes de travail. Call Expert possède des centres d'appel à Nîmes, à Paris et à Roubaix.

Descente aux enfers

Mais déjà, le vernis commence à craquer : "On sentait des petites choses. Des salaires versés en retard, des primes d'intéressement sur les bénéfices qui ne tombaient plus, alors qu'on faisait soi disant des bons chiffres", nous racontait David Bachimont, ancien délégué CGT et partie civile dans le procès, en novembre 2020.

La situation vire définitivement au cauchemar en 2013. En juillet, le tribunal de commerce de Nîmes prononce la liquidation judiciaire de Call Expert Languedoc-Roussillon, une filiale du groupe, qui employait 107 salariés à Saint-Christol-lès-Alès dans le Gard. Trois mois plus tard, Bertrand Delamarre est interpellé par la brigade financière. Il est mis en examen pour faux et usage de faux, présentation de faux bilans et abus de biens sociaux sur la période 2011-2013.

David Bachimont se souvient être "tombé des nues en voyant les policiers dans les bureaux et Bertrand Delamarre menottes aux poignets".

Une dette abyssale

Brièvement incarcéré, le directeur de Call Expert sera placé sous bracelet électronique. Il doit en effet plus de 2 à 2,6 millions d'arriérés au fisc et à l'Urssaf, des dettes en cotisations retraite et en retard de paiement de TVA, avec les pénalités. La descente aux enfers du groupe continue jusqu'à une dette colossale estimée à 18 millions d'euros.

Le tribunal de commerce doit placer l'entreprise en redressement judiciaire pour six mois. Fin février 2014, la justice valide le projet de reprise du site d'Abbeville proposé par la société Relaytion qui prévoit de ne reprendre que 160 des 490 salariés.

Outre Bertrand Delamarre, huit cadres avaient été mis en examen dans cette affaire. Six ont été relaxés et deux ont été condamnés pour complicité d'abus de biens sociaux : l'un à 4 mois de prison avec sursis, l'autre à 450 euros d'amende.

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