METEO - Mickaël Thorel, maraîcher à Vironchaux : "Certains légumes ont plus de deux mois d'avance"

Drôle d'année pour l'agriculture : l'automne et l'hiver ont été exceptionnellement doux et pluvieux. Sur son exploitation agricole de Vironchaux dans la Somme, Mickaël Thorel voit déjà la végétation repartir. Une avance sur le calendrier que le moindre coup de gel pourrait stopper net.

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Pomme de terre, butternut, choux, pommes, cassis ou encore groseilles... Depuis maintenant 20 ans, Mickaël Thorel et son épouse cultivent sur plusieurs hectares des dizaines de fruits et de légumes. Leur exploitation est installée à Vironchaux dans la Somme, à quelques kilomètres de la côte picarde.
  
 
A quelques semaines du printemps, l'activité du maraîcher est bouleversée : l'hiver doux et pluvieux a affiché des records de températures qui perturbent la nature. "C'est une année difficile, reconnaît Mickaël Thorel. "Ça a commencé tôt avec la sécheresse qui a duré pendant longtemps. Et depuis plusieurs semaines, c'est la pluie. Il n'y a pas eu une seule journée sans une goutte d'eau. C'est plus compliqué pour la récolte mais aussi pour la conservation des légumes".

La peur du gel


En ce mois de février, quasiment toutes ses cultures sont en avance. Pour certaines, c'est même plus de deux mois.

On pourrait presque produire de la laitue toute l'année.


"Les fleurs de cognassiers sont déjà là : les arbres sont en avance d'au moins trois semaines, explique le maraîcher. Le problème, c'est s'il vient un coup de gel : à -5, -6 tout ça, ça va dégager. Un cognassier, ça va fleurir sur une dizaine de jours. Les premières fleurs, celles qui sont ouvertes, vont mourir avec le gel mais pas les suivantes. La nature est organisée ça nous permet de sauver 20 à 30% de fruits. On protège avec l'irrigation : avant le gel, on met en route l'irrigation. Ça fait une fine pluie qui enveloppe la fleur. Comme ça, elle ne gèle pas et ça la protège du froid. Mais ça a ses limites : il ne faut pas plus de -5 sinon ça fait l'effet inverse." 
 


Même chose pour les fraisiers de plein champ : tous font déjà des fleurs. "Certaines ont déjà pris un coup de froid. Mais la saison est déjà bien en avance, s'étonne Mickaël Thorel. On va bientôt les couvrir pour les protéger du froid. Les fleurs de fraisier sont très très sensibles". Si la douceur de la météo peut être bénéfique pour ceratines cultures, elle est problématique pour d'autres commes les fraises : pour avoir une bonne production, il leur faut entre 700 et 1000 heures de froid entre 5 et -10°.
 

Adapter sa production


Et cette année, on en est loin. "Ca fait déjà 4/5 ans qu'on se rend compte qu'on a des fleurs en février.  C'est inquiétant parce que, si il n'y a pas assez de froid, le plant, au lieu de produire 600 gr de fraises, il ne va en produire que la moitié".  Mickaël va devoir s'adapter et produire de la fraisse de serre avec des plants gardés au frigo pour une récolte mi-avril.

On va finir par faire de la vigne.


"Le manque de froid, c'est bien pour certains légumes mais pas pour d'autres. Par exemple, pour le choux de bruxelles : s'il n'y a pas de froid, le plant pousse plutôt en fleur qu'en choux, constate Mickaël. C'est pareil pour les asperges ou les pommiers : il faut que la végétation s'arrête. Le gel fait ça. Aujourd'hui, la sève est toujours en circulation dans l'arbre et il ne se repose pas. On finit par se dire qu'on fera de la vigne ou des cultures qui se font dans le sud pour le moment !! Les abricotiers, c'est pareil. Ils commencent déjà à fleurir. Pourtant, la Somme, ce n'est pas vraiment la région pour la culture des abricotiers. Mais la nature change. Les asperges, avant, on les avait fin avril. Maintenant, c'est mi-avril. Les artichauts sont déjà là. Normalement ,ça commence vers le 15 mai mais comme ils n'ont pas souffert du gel on va gagner facilement plus de deux mois".

De nouveaux nuisibles 


Une situation qui n'est pas nouvelle : depuis plusieurs années, Mickaël Thorel a remarqué un changement dans le climat qui l'inquiète. "Depuis une vingtaine d'années, on a facilement gagné 8 à 10 jours sur la précocité de la récolte", raconte le maraîcher.
 

Ce climat doux n'a pas une incidence uniquement sur la précocité des cultures. Des insectes habituellement localisés dans le sud de la France ont fait leur apparition dans les champs du nord. Et Mickaël Thorel de préciser : "par exemple, la drosophile qui s'attaque aux fruits rouges. Là, elle est installée. Pareil avec la teigne du poireau : on ne l'avait pas il y a une dizaine d'années".


 
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