Mercredi 17 juin, dans le cadre du second tour des élections municipales 2020, France 3 Picardie vous proposait un débat entre les prétendants à la mairie de Montdidier, diffusé à 18h. Voici ce qu'il faut en retenir.
Cette commune du sud-est de la Somme a bien failli élire une maire dès le premier tour. Créditée de 48,5% des voix au soir du 15 mars, Catherine Quignon (DVG) n'est pas passée loin de la majorité absolue. Maire de 2001 à 2014, elle avait été battue par Isabelle Carpentier aux dernières élections.
Elle se retrouvera au second tour face à Tony Lheureux (Divers), actuellement adjoint au maire en charge des sports et des associations, qui a obtenu 22% des suffrages au premier tour. S'il ne se considère pas comme l'héritier ou le successeur désigné de la maire sortante (qui ne s'est pas représentée cette année), leurs sensibilités politiques semblent proches. Enfin, Jean-Michel Serres (DVD), conseiller régional, a obtenu 18,8%. Le deuxième tour sera donc une triangulaire.
Malgré la pandémie de Covid-19, la campagne municipale semble avoir jusque là intéressé les Montdidériens. Pour preuve le taux d'abstention au premier tour (47,1%), de huit points inférieur à la moyenne nationale.
Le bouleversement de la crise sanitaire
En plateau, les trois candidats s'accordent sur l'ampleur du changement induit sur le déroulement des campagnes, Catherine Quignon allant même jusqu'à annoncer que son programme serait modifié. C'est aussi l'occasion, dès l'amorce du débat, d'aborder des thèmes qui seront récurrents par la suite.
Tony Lheureux, premier à s'exprimer, rappelle ainsi son rôle d'"élu de terrain" au travers de la crise, tandis que Jean-Michel Serres introduit la thématique de la crise sociale. "J’ai été frappé, à la fin du mois de mars, de voir aux Restos du coeur et à la Croix rouge un nombre important de personnes qui venaient et qui ne s’étaient jamais manifestées apparemment", souligne-t-il.
L'hôpital à la première ligne
À Montdidier, la question de la santé est en lien étroit avec celle de l'économie. Le centre hospitalier intercommunal est en effet le plus gros employeur de la commune et le futur maire pourrait avoir un impact direct sur les orientations stratégiques de l'établissement via la présidence du conseil de surveillance.
La crise est donc l'occasion pour Tony Lheureux de rappeler l'investissement de l'équipe municipale : "On les a soutenus matériellement et physiquement dans la crise."
Pour l'avenir, les deux autres candidats évoquent des investissements. "Le maire va devoir s’impliquer fortement auprès du personnel et des différentes autorités pour faire qu’on soutienne les augmentations de salaires dans le milieu hospitalier", insiste le conseiller régional qui plaide pour une décentralisation des décisions de santé, à l'instar de Xavier Bertrand.
Catherine Quignon, cadre de santé de l'hôpital de Liancourt, plaide pour le développement des partenariats. "On se fait opérer à Amiens, expose-t-elle. Quand on revient en rééducation, il faut qu’on retrouve un plateau technique avec aussi des kinés, des diététiciens, des ergothérapeutes qui contribuent au rétablissement."
L'énergie propre et locale
Depuis longtemps, Montdidier fait partie des précurseurs en matière de transition écologique, avec le dispositif "Ville pilote en maîtrise de l'énergie" initié dès le début des années 2000. La commune produit de l'énergie par une centrale photovoltaïque et des éoliennes, et la régie communale permet d'alimenter en électricité les bâtiments publics.
L'accès effectif à cet outil pour les habitants fait rapidement l'objet de désaccord entre les candidats. "La régie fait du diagnostic électrique gratuit", insiste Tony Lheureux, ce à quoi son adversaire DVD répond : "Il existe, mais ça ne marche pas." Catherine Quignon se contente alors de statuer : "Chaque année, on devrait présenter un bilan des diagnostics. [...] Si aujourd'hui, ça n'est pas fait, il va falloir vraiment faire un état des lieux."
Les trois prétendants à la mairie s'accordent toutefois sur leur volonté de pousser plus loin la transition écologique : mise en place de transports électriques pour Tony Lheureux, ou encore municipalisation d'une régie du gaz soutenue par Catherine Quignon.
La relance économique
Il s'agit là d'un point essentiel, étant donné que le chômage est à Montdidier plus élevé que la moyenne nationale ; et que l'abattoir et l'usine Banania, deux pourvoyeurs d'emploi importants, ont fermé leurs portes en 2019.
Sur l'état du centre-ville, les candidats expriment leurs divergences. Ici encore, Tony Lheureux commence par défendre l'action de l'équipe en place. "Aujourd'hui, on n’a pas rougir à ville égale de notre commerce en centre-ville", assure-t-il. Il est contredit rapidement par Jean-Michel Serres qui "pense, au contraire, qu’il y a beaucoup de commerçants qui sont en difficulté", tandis que Catherine Quignon avance quant à elle un projet de "boutiques éphémères", location par la commune de locaux à prix réduits lors du lancement d'une activité.
Les mêmes divergences sont exprimées sur l'état de la zone industrielle, où se trouve notamment le producteur d'œufs Matines. Tandis que Jean-Michel Serres insiste sur la nécessité de la "désenclaver", Tony Lheureux rappelle quant à lui que la "zone industrielle, aujourd'hui, est pleine : il n'y a pas de friche industrielle".
Alors que Catherine Quignon évoque un projet de création de pépinière d'entreprise "plutôt orientée développement durable", c'est autour de ce bilan que les débats vont s'animer. "La ville de Montdidier, depuis 2014, n’a fait quasiment aucun investissement", pointe Jean-Michel Serres. "Le rôle économique, depuis 2017, est à la communauté de communes", défend Tony Lheureux.
Appel aux urnes
Finalement, s'il y a un point sur lequel tous concordent, c'est pour appeler les Montdidériens à se mobiliser pour ce second tour post-confinement. "Si on souhaite que les projets aboutissent, il faut que le projet soit porté par l’ensemble et pas que quelques uns", appuie Catherine Quignon. "Ce qu’il s’est passé, la fragilité sociale, économique, les projets de solidarité à organiser, nécessitent de rassembler tout le monde", abonde Jean-Michel Serres.
Revoir le débat
Jusqu'au 26 juin, retrouvez chaque soir à 18h, du lundi au vendredi, les débats d'entre-deux-tours sur l'antenne de France 3 Picardie.
Le 28 juin, les soirées électorales organisées par France 3 débuteront dès 19h55 pour une première tranche régionale jusqu'à 21h, puis de 21h15 à 22h et enfin de 22h15 à 23h pour les tout derniers résultats. Et sur le site internet de France 3 Hauts-de-France, vous pourrez retrouver les résultats des communes qui vous intéressent, ainsi que les réactions des candidats et les analyses du vote.