"Notre rôle est indispensable, incontournable" : depuis 40 ans, les bénévoles de la Banque Alimentaire collectent et redistribuent les denrées pour les associations

Le 13 mars 1984, sœur Cécile Bigot publie une tribune qui dénonce le scandale de la pauvreté et le gaspillage de denrées alimentaires. Et elle pose cette question en forme de défi : "qui aura assez d'astuce pour mettre en place un procédé de récupération des aliments avant qu'ils ne terminent à la poubelle ?"

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Un défi auquel répondra un homme, le fondateur des Banques Alimentaires, Bernard Dandrel, banquier de métier, militant au Secours Catholique. Parfaitement apolitique et laïc, le 1er réseau d'accompagnement alimentaire en France a 40 ans aujourd'hui.

Les Banques Alimentaires couvrent la totalité du territoire français et accompagnent plus de 2 400 000 personnes chaque jour. Elles distribuent l'équivalent de 224 millions de repas chaque année."En 2021, nous avons collecté et redistribué 2 000 tonnes de denrées alimentaires" nous dit Gilles L'Hermite, président de la Banque Alimentaire ou B.A., de la Somme. "Notre mission, grâce au fruit de cette collecte, est d'accompagner 67 associations à travers tout le département : centres communaux d'action sociale, Croix Rouge et épiceries solidaires. Ce qui signifie que nous aidons indirectement 13 000 personnes en grande précarité économique, rien que dans la Somme".

"Indirectement, car nous sommes des grossistes, on ne connaît pas les bénéficiaires. Nous n'avons aucun contact avec eux puisqu'ils sont reçus dans les 12 Unions Locales de la Croix Rouge, les CCAS et les Epiceries Solidaires du département", ajoute Gilles L'Hermite.

"Si vous souhaitez aider, rejoignez les bénévoles à gilets orange"

Le président, depuis 2020, de la Banque Alimentaire de la Somme, ne se réjouit pas particulièrement des 40 années d'existence des B.A. "On ne peut pas se réjouir, car la précarité ne régresse pas, elle augmente". En ce 16 octobre, Journée Mondiale de l'Alimentation, cet anniversaire prend un relief particulier pour Gilles L'Hermite : "il faut se souvenir de notre raison d'être, à savoir la lutte contre la pauvreté et le gaspillage. Un autre point me semble important à rappeler, il est nécessaire de garder notre esprit de bénévolat, notre sens du partage, du don, la bienveillance, qui sont des valeurs fondamentales à mes yeux".

"Et si vous souhaitez aider, partager ce socle commun de valeurs, devenez bénévoles. Moi par exemple, je supervise trente bénévoles dans notre entrepôt de Longeau, près d'Amiens, ainsi que sept salariés. Mais il me faudrait plus de monde pour encadrer, pour les ramasses, le tri des denrées, la préparation des commandes. Et puis on est des logisticiens, on aurait grand besoin d'un bénévole, fin connaisseur du monde agricole, un partenaire absolument indispensable pour les dons".

"Notre place est indispensable dans le paysage socio-économique"

"Pas une semaine ne passe sans qu'un nouveau candidat partenaire ne vienne frapper à notre porte. Ce simple constat laisse à penser que les besoins restent considérables dans le pays", précise Gilles L'Hermite. Des partenaires auxquels la Banque Alimentaire de la Somme demande des garanties : des locaux adaptés au stockage des denrées, pour le frais notamment, et qu'il y ait plus de 25 bénéficiaires. "J'ai envie de dire que ce que nous faisons mérite un minimum d'attention. Nous ne sommes pas des amateurs. Notre place est indispensable dans le paysage socio-économique. Notre rôle est indispensable, incontournable".

Bien sûr nous bénéficions de subventions. État, Région, conseil départemental nous aident, et une seule et unique ville dans la Somme, Amiens. Ce que je déplore, car nous couvrons les besoins en aide alimentaire de nos partenaires dans la majorité des communes du département. Une seule ville qui nous aide, sur 772... Je ne vous cache pas un peu d'amertume alors que nous sommes un acteur incontournable pour un minimum d'équilibre dans la société".

"Il faut trouver de nouveaux modes de financement"

"Il n'y a pas de baisse notable des subventions pour l'instant, en revanche, il y a quelques mois, lorsqu'un fourgon rentrait de sa ramasse en fin de journée il était plein. Aujourd’hui, il n'est plus qu'à moitié plein. Donc oui, nos ramasses auprès des grandes enseignes sont moins productives" avoue Gilles L'Hermite. "Et puis il a les menaces de coupes sombres sur les budgets des collectivités. Alors, il nous faut explorer d'autres voies, le mécénat, local ou national par exemple. On fonde de grands espoirs sur cette nouvelle source de financement".

"Nous, c'est tous les jours que le signal d'alarme sonne. Mais on garde la tête froide et on fait ce qu'on a à faire, avec obstination. Surtout que de nouveaux profils de précaires sont apparus : des salariés en CDI, qui n'arrivent plus à boucler leurs fins de mois, et les étudiants. J'étais tout à l'heure à la braderie solidaire à la Citadelle, car nous avons une convention avec l'Université Picardie Jules Verne. Tous les produits d'hygiène que nous avions donnés sont partis. Il faudra en prévoir un volume plus important la prochaine fois". Pour refaire ses stocks, le président de la Banque Alimentaire de la Somme compte beaucoup sur la grande collecte nationale qui se déroule du 22 au 24 novembre dans tous les supers et hypermarchés de France. "Pour nous ici, ça a été plus de 10 % de l'apport de nos réserves l'an passé, alors ce n'est pas négligeable".

"Vous savez, le bénévolat associatif, moi, à 74 ans, ça me tient en forme physique et intellectuelle. Le matin, je sais pourquoi je me lève".

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