"On a dû déplacer les chevaux en urgence" : en baie de Somme, les centres équestres doivent faire face à l'inondation de leurs pâtures

Après la tempête Ciaran qui a fait des dégâts, les centres équestres de la baie de Somme sont aujourd'hui confrontés à des pluies quasiment incessantes depuis plusieurs semaines. Et les chevaux ne peuvent pas rester dans des pâtures gorgées d'eau.

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"On patauge comme on dit !" Bottes aux pieds, Carole Bizet peine à se déplacer dans sa pâture. Elle s'enfonce dans ce qui n'est plus qu'un champ de boue où il y a quelques jours, une vingtaine de chevaux paissaient encore. Mais avec les fortes pluies de novembre, les prairies, gorgées d'eau, sont devenues impraticables. "Je n'avais jamais vu ce terrain comme ça. C'est la première fois. C'est que de la boue, constate la propriétaire de la ferme équestre de Morlay en baie de Somme. Et les chevaux, à un moment donné, on ne peut pas les laisser dans la boue parce que ça leur fait des crevasses."

Construire des enclos et des clôtures

Carole Bizet a donc transféré ses bêtes en urgence sur un terrain à l'autre bout de sa propriété. Un terrain qui n'est pas prévu pour accueillir des chevaux et qu'il a donc fallu aménager à toute vitesse. "Sous trois jours, il a fallu commander tous les poteaux, les fils et tout le matériel, explique-t-elle. Et les paddocks ont été faits en une après-midi." Tout cela pour un coût de 400 euros. 

Pour l'instant, on ne peut pas remettre les chevaux dans les espaces prévus parce que c'est encore bien détrempé.

Virginie Waneck, poney club du Marquenterre

Au poney club du Marquenterre à Quend, Virginie Waneck a encore un peu de mal à y croire : "On ne s'y attendait pas. On a eu des espaces qu'on n'avait jamais vus à l'eau. Il y a des pâtures, ce n'était plus des pâtures, c'était des étangs. Même nous, on ne pouvait plus y aller parce que le niveau de l'eau était au-dessus de nos bottes. Donc il a fallu déplacer les chevaux en urgence et les mettre dans des espaces où ils n'avaient pas les pieds dans l'eau."

La difficulté, c'est qu'elle a dû installer sa soixantaine de chevaux dans des pâtures qui, d'ordinaire, sont en jachère : "Moi, je fonctionne en deux étapes : une étape où on utilise les pâtures d'hiver et une où on utilise les pâtures d'été. Ce sont des espaces que, normalement, on laisse reposer l'hiver pour avoir une meilleure herbe au printemps. Et pour le coup, si certaines pâtures d'hiver ont été inondées, pas les pâtures d'été. Donc, au lieu de laisser reposer les pâtures d'été, j'y ai remis mes animaux. De ce fait, il y aura moins d'herbe au printemps. Il y a des endroits qui sont piétinés et dans lesquels, d'habitude, on ne laisse pas les chevaux pour que la végétation repousse. Mais pour l'instant, on ne peut pas remettre les chevaux dans les espaces prévus parce que c'est encore bien détrempé." 

Entamer les réserves de foin 

Virginie a dû faire des enclos et réparer en urgence les clôtures électriques que Ciaran avait endommagées. Des coûts imprévus auxquels s'ajoute celui du foin dont elle a été obligée d'augmenter les rations : "on a dû combler les espaces inondés. Il fallait bien que les chevaux mangent. Et puis, il faut qu'ils résistent à ce climat et il n'y a que l'alimentation qui peut le leur permettre."

On a eu des endroits complètement noyés pendant au moins une semaine. C'est la première année que c'est aussi mouillé.

Lionel Berquin, Les centaures de la baie de Somme

Lionel Berquin, lui, a dû sortir le foin en avance : " L'hiver dernier, on a commencé à donner du foin en décembre et cette année, on a commencé en novembre parce qu'à cause de la pluie, il y a moins d'herbe à brouter". Le gérant des Centaures du Marquenterre situé à Saint-Firmin-les-Crotoy n'a cependant pas eu à déplacer ses chevaux : la quarantaine de Handerson est installée sur 44 hectares d'un seul tenant et se déplace seule là où il n'y a pas d'eau. "Mais on a eu des endroits complètement noyés pendant au moins une semaine, explique-t-il. C'est la première année que c'est aussi mouillé. Autant il y a deux ans, c'était très très sec comme on avait jamais vu. Aujourd'hui, ça s'est stabilisé. Ça a diminué très nettement mais ça n'est pas encore revenu à la normale."

Dans la baie de Somme, les terrains gorgés d’eau devraient mettre plusieurs semaines avant d’être à nouveau utilisables. En attendant, les centres équestres du secteur vont devoir continuer à s'adapter et trouver des solutions provisoires. "Il faudrait qu'il arrête de pleuvoir ! C'est la seule solution !", conclut dans un sourire Virginie Waneck.

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